Agroalimentaire. 13 000 salariés français de Nestlé dans l’incertitude
La multinationale applique à Nestlé France son plan de « rationalisation » et de « mutualisation » des activités. La CGT craint la délocalisation de centaines d’emplois.
Les 13 000 salariés de Nestlé France sont entrés dans une éprouvante période d’attente et d’incertitude. La direction du numéro un mondial de l’agroalimentaire vient d’annoncer avoir placé sous microscope les vingt-deux sites industriels et les cinq centres de recherche situés dans l’Hexagone, en vue d’une révision générale des procédures. Jusque fin avril, tout sera décortiqué : de la recherche-développement à la production, du marketing à la distribution, de la commande client à l’encaissement.
Même la gestion des carrières est concernée. Après Nestlé Espagne, Italie, Portugal et Royaume-Uni, la filiale française entre à son tour dans la moulinette de la stratégie globale décidée en 2014. Sa dénomination donne le ton : « Nestlé Business Excellence ».
Les chasseurs de « coûts »
Business : il n’est donc pas question d’amélioration des conditions de travail, encore moins de renforcement des équipes. L’excellence est réservée aux actionnaires du groupe, déçus par les promesses envolées de croissance à 6 % depuis quatre ans. Jusqu’à présent, la « pieuvre de Vevey », comme la nomme le diplomate Jean Ziegler, a su conserver « un rendement concurrentiel avec une politique de dividende durable » à coups de rachats d’actions (113 millions début 2015). L’autre manière de les cajoler tient en un plan de 1,87 milliard d’euros d’économies. Nestlé France, déjà sous le coup du plan « Nouvelle Frontière » de 2015 qui vise à pousser vers la sortie 300 salariés du siège de Noisiel (Seine-et-Marne), passe sous les fourches Caudines des chasseurs de «coûts». La casse sociale s’annonce d’une ampleur inédite.
Selon les indications données lors du dernier comité central d’entreprise, toutes les tâches simples, répétitives, sans valeur ajoutée et communes à toutes les filiales dans le monde, seraient délocalisées dans des « centres de services partagés » dans des pays à bas coûts. Idem pour les tâches communes à forte valeur ajoutée, envoyées dans des « centres d’expertise ». La France ne conserverait que les processus spécifiques à son marché. « Cette stratégie a déjà été appliquée à une partie de notre service d’achat, explique le délégué syndical central CGT, Patrick Fernand. Une douzaine de postes d’acheteurs internationaux ont été envoyés vers Kuala Lumpur, Panama ou la Suisse, aux conditions locales. D’autres postes faisant l’interface entre la partie achats et la comptabilité ont été envoyés à Lviv, en Ukraine. Une cinquantaine de personnes en ont fait les frais. Si cette méthode est généralisée à Nestlé France, des centaines d’emplois sont menacés. »
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