Agriculture. Le bio s’invite dans la campagne
Les acteurs de la filière lancent aujourd’hui un pacte pour faire de la France le leader du bio en Europe. Les candidats à la présidentielle sont invités à en débattre.
Les années passent et l’agriculture biologique continue de gagner du terrain. Au 30 juin 2016, selon les chiffres de l’Agence bio, la filière comptait 31 880 producteurs, soit une hausse de 10 % par rapport à 2015, et 14 300 opérateurs d’aval (transformateurs, distributeurs et importateurs), soit + 6 % sur un an. Quant à la SAU (surface agricole utile), elle était estimée à 1,5 million d’hectares, ce qui représente un accroissement de plus de 20 % des surfaces conduites selon le mode biologique.
Une dynamique confortée par la consommation des Français, qui, en 2015, étaient 89 % à déclarer consommer bio au moins occasionnellement, contre 54 % en 2003, selon le baromètre bio-CSA. Cette « croissance historique », avec un marché en hausse de 20 % en un an, pour atteindre 6,9 milliards d’euros fin 2016, les acteurs de la filière entendent bien la conforter. Raison pour laquelle trois organisations – la Fnab (Fédération nationale de l’agriculture biologique), la commission bio de Coop de France (organisation professionnelle des coopératives agricoles) et le Synabio (Syndicat national des transformateurs de produits bio) – lancent aujourd’hui un pacte afin d’inciter les candidats à la présidentielle à s’engager dans cette voie.
« On sent que, dans les territoires, ça bouge. Il y a une prise de conscience des citoyens et des élus. L’idée de ce pacte, c’est d’interpeller les candidats, explique Stéphanie Pageot, présidente de la Fnab, tout en précisant : « Notre objectif, c’est de faire signer ce pacte bio par le plus grand nombre d’élus locaux, de parlementaires et de candidats à la présidentielle. »
Parmi les grands principes mis en avant figurent le soutien au secteur et le développement de la production bio, la relocalisation de l’emploi, la garantie des politiques agricoles et agroalimentaires favorables à la filière bio ou encore l’augmentation de la consommation bio dans la restauration collective. « Il faut encourager les agriculteurs qui veulent passer au bio. Depuis trois ans, nous sommes confrontés à un gros problème d’accessibilité des aides à la conversion. Les budgets alloués par l’État et les régions sont insuffisants pour faire face à l’arrivée de grosses surfaces agricoles et subventionner leur conversion », détaille Stéphanie Pageot, rappelant que, depuis fin 2015, 21 fermes par jour sortent du système conventionnel.
27 % des agriculteurs tournés vers le bio…
Ainsi, en Occitanie, l’État et la région avaient envisagé un taux de conversion de l’ordre de 7 %. Or, c’est 27 % des agriculteurs qui se sont tournés vers le bio… Poussés par cette dynamique, les acteurs de la filière ambitionnent de « faire de la France le leader de la bio en Europe ». Selon eux, la France est en mesure de devenir, d’ici à 2022, le premier producteur et consommateur de produits bio en Europe (elle est actuellement le troisième pour les surfaces cultivées et le deuxième pour la consommation). Et la présidente de la Fnab d’insister sur le gisement d’emplois à la clé : « Aujourd’hui, avec 6 % de la surface, le bio représente 100 000 emplois dans les fermes, le conseil, la transformation et la distribution spécialisée. Plus on développera d’exploitations, plus on développera d’emplois. » La balle est désormais dans le camp des candidats à l’élection présidentielle…
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