Cyril Ramaphosa succède au démissionnaire Jacob Zuma
Quelques heures à peine après la démission du président de l’Afrique du Sud, le Parlement a placé le président de l’ANC à la tête du pays.
Cyril Ramaphosa, élu président de l’ANC au mois de décembre et actuel vice-président de la République, succède à Jacob Zuma, comme l’a approuvé, dès hier, la majorité du Parlement. Une consécration pour cet ancien secrétaire général du Syndicat des mineurs, particulièrement actif dans les années 1980 dans la lutte contre l’apartheid, un temps pressenti par Nelson Mandela lui-même pour prendre sa succession avant d’être écarté. Il s’est alors lancé dans le business, faisant de lui l’une des personnalités les plus riches d’Afrique du Sud.
Il lui reste à affronter la justice, ne bénéficiant plus d’aucune immunité
Jacob Zuma n’a pas voulu affronter la motion de non-confiance que s’apprêtaient à voter, outre les députés du Congrès national africain (ANC), l’ensemble des membres du Parlement, pour le démettre de ses fonctions de président de la République. La veille, mercredi, il avait d’abord effectué un dernier baroud d’honneur devant les caméras de la télévision publique, SABC, pour expliquer qu’il ne comprenait pas ce qu’on lui reprochait et se faisait même menaçant, évoquant de possibles ruptures au sein du parti. Le même soir, vers 22 heures, à l’occasion d’une déclaration solennelle – costume noir et cravate rouge qui tranchaient avec sa chemise africaine de l’après-midi –, il évitait le déshonneur national en annonçant sa démission « avec effet immédiat », précisant néanmoins « même si je suis en désaccord avec la direction de mon organisation ». Il lui reste maintenant à affronter la justice, ne bénéficiant plus d’aucune immunité. « Nous n’allons pas faire la fête, a confié Jessie Duarte, secrétaire générale adjointe de l’organisation. Nous avons dû “rappeler” un dirigeant qui a servi notre mouvement pendant plus de soixante ans, ce n’est pas une mince affaire. »
La tâche ne sera pas simple pour Ramaphosa. Il doit redorer le blason de l’ANC, en formant un gouvernement « propre » tout en continuant à combattre la corruption qui vérole le pays et l’organisation elle-même. Sans oublier de prendre très vite les premières mesures nécessaires pour améliorer la vie des Sud-Africains, plongés, pour la majorité, dans la pauvreté et le chômage. C’est la condition pour que l’ANC puisse obtenir la majorité lors des élections de 2019. P. B.
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