Plus de 200 personnes ont assisté à cette réunion d'information initiée par la mairie./ Photo DDM
Plus de 200 personnes ont assisté à cette réunion d’information initiée par la mairie./ Photo DDM
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Après la réunion organisée par les riverains de Saint-Béart et du Castélus opposés à un projet d’usine de méthanisation sur le site de la plateforme de compostage de l’APAG contre lequel ils se plaignent de longue date de fortes nuisances olfactives (nos éditions du 20 avril et du 3 mai derniers), c’est un autre collectif qui a fait part de sa forte hostilité à un autre projet : celui de la société Alpha recyclage composite.

Spécialisée dans le recyclage des fibres de carbone (principalement des pneus usés) via un procédé de four à vapothermolyse, l’entreprise toulousaine a, en effet, sollicité la commune pour louer le site d’Unilin, rue de l’Usine, à Castelsarrasin. Un projet, pour l’heure, limité à un centre de recherche en vue d’industrialiser ce procédé qualifié «d’innovant» par ladite société.

La PETITION

Ces annonces cantonnées dans l’enceinte du conseil municipal n’avaient pas jusqu’à la publication récente du dossier d’enquête publique – cette activité étant soumise à une autorisation ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement) – suscité l’émoi des riverains. «Nous avons été mis au courant tardivement», témoigne Marie une riveraine ayant pris fait et cause contre le projet.

Depuis, les panneaux contre le projet ont fleuri et des tracts ont été distribués sur le marché. L’un d’eux rappelle notamment la proximité d’une école à 700 mètres de là, et plus près encore du millier de militaires du 31e régiment du génie. Peu après l’avis favorable transmis par le commissaire enquêteur, une pétition s’opposant au projet a recueilli plus de 300 signatures. Cette dernière a été transmise à Jean-Philippe Bésiers qui a reçu une délégation. La discussion avec l’édile, selon plusieurs témoins, aurait été tendue.

Un vote unanime contre

Tentant de rebondir sur cette question épineuse et voulant faire œuvre d’une tardive transparence, le maire a provoqué cette semaine une réunion publique avec la directrice générale de la société, Laura Pech. Près de 200 personnes se sont pressées à la salle Jean-Moulin pour écouter l’ingénieure développer les étapes de son process industriel. Celle-ci a confirmé que la fibre de carbone extraite de pneus usagés, passera par un four dont la cheminée culminant à 14 mètres, libérera ses fumées sur la commune. «95 % de ces rejets seront parfaitement neutres», garantit-elle tout en confirmant que les 5 % des rejets considérés comme polluants «ne sont pas plus nocifs que ceux produits par 25 voitures automobiles par heure».

Des explications pas convaincantes pour l’auditoire réclamant des précisions au maire. «Le préfet n’a pas encore donné son feu vert», se défend le premier édile. Le ton monte d’un cran avec des cris : «Dehors les pollueurs !» Tentant d’apaiser le débat, Laura Pech insiste pour dire que «Castelsarrasin sera, pour nous, un centre de recherche et d’expérimentation très contrôlé». La réponse fuse de la salle : «Castelsarrasin servira de cobaye !»

Élus de l’opposition, associations de défense de l’environnement ne manquent pas de relayer les propos des riverains. «Nous le rappelons avec force, la vérité doit être faite sur cette entreprise qui fait de l’argent dans le recyclage et oublie d’expliquer que les combustibles utilisés pour chauffer le four à thermolyse pollueront autant notre atmosphère que les rejets de la combustion des colles et résines d’assemblage de carbone. Qu’Alpha recyclage cesse de vouloir expérimenter et revienne avec une solution éprouvée et une installation sur des sites de l’intercommunalité plus adaptée», tonne Gilbert Tardin, actif bénévole de l’association de défense de la nature et de l’environnement du Tarn-et-Garonne. Pierre Lebrun, un riverain enfonce le clou en soulevant un autre problème : «L’infrastructure routière est par ailleurs totalement inadaptée, le projet doit être déplacé en zone de Barrès ou il faut l’annuler». La séance se clôture par un vote à main levée unanimement contre le projet. L’un des riverains ne cache pas non plus que si le préfet donne son feu vert, il ne manquerait pas de lancer des recours devant le tribunal administratif afin de s’opposer au projet.

Max Lagarrigue t @MaxLagarrigue