Rassemblement a l’appel du CODEX82 samedi 4 juillet 2020, Esplanade des Justes à Moissac
Intervention de Maximilien Reynès-Dupleix au nom du Codex82 suite au dépôt d’une gerbe en présence d’une centaine de représentants de syndicats, d’associations, de partis politiques et de citoyens moissagais
Madame, Monsieur,
Chers amis-es, chers camarades,
Il y a 3 ans de cela, nous étions ici-même réunis à l’appel du CODEX 82, pour rappeler à toutes et à tous combien les idées portées par le Front National devenu depuis le Rassemblement National étaient dangereuses, porteuses de la haine de l’autre, rétrogrades et faisant référence aux plus bas instincts de l’humain à rebours des valeurs fondatrices de notre République, Liberté, Égalité, Fraternité mais aussi Solidarité et Laïcité…
Nous étions réunis pour porter un autre message, un autre espoir…et…
Aujourd’hui, il y a de la tristesse dans ma voix, une immense tristesse…
Comme un symbole, nous voilà revenus sur cette Esplanade des Justes, avec un sentiment d’impuissance et de révolte mélangées… Nous voilà revenus ici même !
Si parmi vous ou parmi nos détracteurs, vous vous attendez à ce que je remette en cause les résultats du scrutin de dimanche dernier, vous vous trompez. Ce n’est pas ce qui nous anime aujourd’hui. Les urnes ont donné leur verdict et il n’est pas contestable.
Alors me direz-vous pourquoi un tel rassemblement ?
Celles et ceux qui ont combattu durant ces dernières semaines pourraient répondre mieux que moi. Ils ont subi les lazzis et quolibets quand ce ne sont pas les menaces et les intimidations de ceux qui se sont installés dans la maison communale. Ils ont maintenu le cap d’un espoir ténu mais encore vivace pour leur ville.
Si nous nous réunissons en ce lieu, si nous portons une gerbe sur laquelle nous avons souhaité inscrire : « Souviens-toi, la haine, l’ignorance et la lâcheté ne doivent pas triompher », c’est avant tout pour poursuivre le combat des idées et des valeurs, pour que chacune et chacun prenne conscience des mots et des actes qui vont ponctuer la vie quotidienne des moissagaises et moissagais et au-delà, la vie de toutes celles et ceux qui sont attaché-e-s à la ville de Moissac.
Les résultats sont sans appel mais suffisent-ils à traduire une victoire ou ne sont-ils pas plutôt l’expression d’une défaite, non pas d’une liste contre une autre, mais plutôt la défaite d’une république qui abandonne ses concitoyen-ne-s ?
Car, c’est bien la politique menée par nos gouvernants qui fragilise les services publics de cette ville, dépèce le centre des impôts, menace l’Hôpital, ne prend pas en compte les besoins fondamentaux en matière de sécurité des biens et des personnes…
Car c’est bien la politique menée par nos gouvernants qui retarde les travaux d’agrandissement du lycée, prive la ville de transports collectifs ferrés, asphyxie les besoins scolaires et diminue les ressources communales…
Car c’est bien aussi la politique menée par nos gouvernants qui ne revalorise pas les pensions de retraités qui s’appauvrissent, qui laisse s’enfoncer dans la misère des familles entières, qui occulte l’espoir de nos jeunes qui n’ont comme perspectives que les stations fruitières ou les petits boulots…
Et c’est bien la politique de nos gouvernants qui permet l’enrichissement des plus riches, la paupérisation du plus grand nombre avec pour notre ville une amplification de ce phénomène.
Vous me direz, à m’écouter, que nous sommes bien loin de ce qui nous préoccupe aujourd’hui… En êtes-vous si sûrs ?
Ici comme ailleurs, ici peut-être plus qu’ailleurs, les arrangements entre copains, les tambouilles pré-électorales, les renoncements face à la peur ont gangrené une vie locale qui n’en demandait pas tant Les vieux démons se sont installés insidieusement et les élus de la République s’en sont satisfaits. Dès lors la démocratie était déjà en danger.
Le résultat de dimanche dernier n’est pas arrivé comme cela, d’un coup, sur la simple affirmation que c’est la faute aujourd’hui des Bulgares, hier des Polonais, des Italiens, des Portugais, des Marocains… Bref que ce serait la faute aux autres, à ces travailleurs sans qui Moissac ne serait plus que l’ombre d’elle-même, une ville musée tournée sur son passé… Ainsi, ces travailleurs, qui font la richesse des propriétaires et des exploitants comme des stations fruitières et des coopératives seraient la cause de tout !
Non, ce n’est pas ainsi que cela fonctionne !
L’isolement, le repli sur soi, la perte de sens et des valeurs de la République, l’absence de perspectives d’avenir, le travail subi et non émancipateur, la médiatisation à outrance d’un mal vivre généralisé, l’absence de travail et son cortège de culpabilisations, la fatalité, la peur de la différence et de l’autre sont les vraies et uniques raisons de cette situation et de ce vote.
Il y a 75 ans ou plus, dans cette ville, des personnes pauvres, persécutés ont trouvé refuge dans des familles, des maisons qui se sont ouvertes au mépris des dangers encourus. Ils ont trouvé le gîte et le couvert, ont échappé à une mort certaine. Les sauveurs d’hier ne l’ont pas fait par charité mais bien par solidarité… Que diraient ils aujourd’hui ? Comment interprèteraient-ils le langage d’intolérance qui a prévalu durant toutes ces semaines ?
Alors, que pouvons-nous faire ?
Je serais tenté de dire, aujourd’hui peu de choses et demain beaucoup….
C’est pourquoi j’en appelle à notre responsabilité, notre intelligence collective pour qu’à l’avenir nous soyons une force de conviction plurielle, multicolore pour aller à la rencontre de nos concitoyens à Moissac mais aussi partout autour de nous pour convaincre et remettre l’humain au cœur de nos préoccupations dans un combat quotidien.
C’est le meilleur moyen de combattre les idées rétrogrades qui traversent notre ville, le meilleur moyen de combattre les vainqueurs d’aujourd’hui.
Et puis nous allons exercer notre responsabilité par notre présence au quotidien, pour mesurer, alerter, combattre chaque fois que nécessaire les décisions qui seront prises au détriment du plus grand nombre. Nous accompagnerons les membres de l’opposition dans les batailles qu’ils mèneront.
Le Codex 82 et toutes ses composantes mais aussi toutes celles et ceux, élus-es, associatifs, citoyens et citoyennes qui ont alerté et soutenu le collectif TEMS s’engagent dès aujourd’hui à aider à construire un autre avenir pour Moissac.
Madame, Monsieur, chers amis-es, chers camarades, Il en va de notre fierté, de notre dignité de porter haut les couleurs de la république, Liberté, Egalité, Fraternité, Solidarité et Laïcité, sont nos armes pour combattre, sachons les utiliser…
Redonnons de l’espoir !
Cette 1ère action s’est terminée par un « cercle de Résistance » avec la promesse de le réunir sur cette même esplanade chaque fois qu’il y aura des atteintes aux valeurs et aux intérêts des Moissagais-ses
Derniers avis