Ecoles, collèges, lycées : la carte des cas de Covid et la colère qui s’étend
81 établissements et 2100 classes ont déjà dû fermer depuis la rentrée à cause du Covid-19 selon le ministère. Et le mouvement des stylos rouges en recense encore bien davantage sur sa carte interactive. Le flou des consignes et le manque de moyens pour faire face à la multiplication des cas positifs, de la maternelle à l’université, se conjuguent pour laisser l’épidémie s’étendre, tout comme la colère des enseignants et des parents.
C’est la consigne. Le 11 septembre, le premier ministre Jean Castex a expliqué que, désormais, il nous fallait « réussir à vivre » avec le virus en évitant à tout prix le retour à un confinement généralisé. Mais, quinze jours après la rentrée, force est de constater que le système éducatif à bien du mal à suivre la consigne. De la maternelle à l’université, les cas de malades, les classes ou les établissements fermés se multiplient, alors que les parents d’élèves et les personnels de toutes les catégories dénoncent le flou des consignes et le manque de moyens pour faire face.
Des postes d’infirmières prévus mais non pourvus
Déjà en première ligne au printemps, le département de Seine-Saint-Denis illustre malheureusement assez bien la gravité de la situation. Dès le 10 septembre, trente à quarante enseignants du lycée Paul-Éluard, à Saint-Denis, ont décidé d’exercer « la mort dans l’âme » leur droit de retrait pour dénoncer « les conditions sanitaires dangereuses et la démission des institutions qui nous abandonnent, ainsi que les élèves ». Dans cet établissement, où huit élèves ont été testés positifs au coronavirus, aucun autre élève ni personnel n’a été isolé, aucune classe n’a été fermée. Pour les 2 000 élèves, deux postes d’infirmières sont prévus… mais aucun n’est pourvu, alors que ces personnels de santé sont censés faire, dès la rentrée, l’éducation aux gestes barrières et aider l’ensemble du personnel à gérer les suspicions de maladie et les cas contacts.
Quand le ministre a le culot de prétendre que tout a été pensé pour cette rentrée, c’est du grand n’importe quoi. Rien n’a été pensé, rien n’a été fait, ce n’est que du bricolage ! » Agnès Renaud Enseignante
« Pour le rectorat, il n’y a pas de cas contact tant que les élèves portent le masque », explique Agnès Renaud, enseignante dans le lycée et représentante du syndicat CGT Éduc’Action. « Mais, en EPS, ils ne le portent pas. Dans les couloirs, on doit souvent les rappeler à l’ordre. Quant à la cantine… c’est comme si le Covid n’existait pas ! » L’enseignante, qui redoute la fermeture du lycée, est à la fois inquiète et en colère : « Quand le ministre a le culot de prétendre que tout a été pensé pour cette rentrée, c’est du grand n’importe quoi. Rien n’a été pensé, rien n’a été fait, ce n’est que du bricolage ! » Même si le rectorat a refusé de les recevoir, leur mobilisation, relayée à l’Assemblée par Stéphane Peu, député (PCF) du département, a tout de même permis que quatre classes soient fermées, pour tenter de limiter la propagation du virus, et que du gel hydroalcoolique et des masques soient distribués en quantité suffisante pour le personnel. Ce qui n’avait pas été le cas depuis la rentrée. Mais toujours pas d’infirmières : les professeurs ont donc maintenu leur appel à un rassemblement, ce mardi soir, devant la mairie de Saint-Denis.
Le mouvement des stylos rouges prend les choses en main
Même si la situation n’atteint pas – encore ? – les mêmes proportions ailleurs, les signes de la difficulté de l’école à protéger élèves et personnels de l’épidémie se multiplient. Faute de bilan chiffré tenu à jour par le ministère – le Snuep-FSU, syndicat des lycées professionnels, dénonce d’ailleurs « l’omerta » et « l’opacité des informations données aux enseignants » – c’est le mouvement des stylos rouges qui a pris les choses en main. Sur la carte interactive mise à disposition par le collectif, établie sur la base de la presse régionale et de signalements directs, on dénombrait ainsi, mardi, en début d’après-midi, sur le territoire métropolitain, 1 510 cas avérés de Covid et 146 établissements fermés.
Dans ce contexte, ce qui fâche, c’est le flou et les disparités dans la gestion des situations. Pour un cas avéré, ici on ferme la classe, là non, et là-bas, c’est toute l’école qui se retrouve à la maison. Sans que les raisons de ces décisions – prises par les agences régionales de santé (ARS) – soient bien comprises. Les syndicats alertent également sur le manque de protection des professeurs : les ARS considèrent en effet que les masques réutilisables en tissu, fournis par l’éducation nationale à ses employés, ne constituent une protection suffisante que lorsque les élèves sont également masqués. Ce qui n’est pas le cas en primaire, ni lors des cours de sport. Le Snuipp-FSU (primaire) et le Sgen-CFDT exigent donc de concert – ce qui n’est pas si courant – que des masques chirurgicaux soient fournis à tous les personnels concernés.
#Lundi14Septembre : les habits « normaux » du ministre
Le lundi 14 septembre, les lycéennes françaises sont sorties en jupe et débardeur pour dénoncer le sexisme des règlements scolaires. Si les garçons sont autorisés à porter shorts et débardeurs, dans certains établissements scolaires, des filles se voient interdites d’entrée pour une jupe jugée trop courte. En réaction à des mesures disciplinaires prononcées, le mouvement est parti des réseaux sociaux sous le hashtag #lundi14septembre.
« Il suffit de s’habiller normalement » : telle est la réponse de Jean-Michel Blanquer à cet appel. De la part d’un ministre qui a passé l’été à se faire photographier faisant du paddle ou de l’escalade en costume trois pièces, on redoute ce que cela peut signifier.
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