Éducation: Une grève en forme d’avertissement (Florilège d’articles in DDM)
par mac · Publié · Mis à jour
NDLR de MAC: nous reprenons la plupart des articles repérés dans les pages de la DDM pour présenter un florilège des actions menées ce mardi 10 novembre. Il y en aura d’autres c’est certain…C’est notre responsabilité d’informer et de « passer » les infos. Merci de nous soutenir!
Montauban : les enseignants manifestent leur colère et leurs inquiétudes
À l’appel du syndicat FSU82, enseignants et personnels des établissements scolaires se sont réunis en petit nombre devant le collège Olympe-de-Gouges à Montauban, ce mardi midi. Objectif: exiger du ministre de l’Education nationale des conditions sanitaires renforcées afin de garder les écoles ouvertes.
Les enseignants et personnels des établissements scolaires du premier et second degrés de Montauban ont manifesté leur colère et leurs inquiétudes, ce mardi midi, à l’appel de la FSU82. D’abord devant le collège Olympe-de-Gouges, à Montauban, puis à la préfecture, où ils ont été rejoints par leurs collègues de tout le département. Au cœur des revendications: un renforcement et une meilleure adaptation du protocole sanitaire dans les classes.
Malgré les récentes annonces de Jean-Michel Blanquer concernant les lycées (cours à distance, accueil en demi-groupes…), les enseignants pointent des insuffisances dans les écoles et au collège. Le choix de manifester devant Olympe-de-Gouges est d’ailleurs symbolique, selon Julien Caillaud, cosecrétaire du SnesFSU82 et enseignant de l’établissement: « Avec 1 200 élèves accueillis, le collège est l’un des plus importants de la région. L’application du protocole est très difficile à mettre en place avec un tel nombre d’élèves et le brassage est très problématique. »
Adaptation au cas par cas
Les enseignants veulent éviter une nouvelle fermeture des établissements scolaires, « qui creuserait encore davantage les inégalités ». Pour cela, ils réclament un dédoublement des classes, une meilleure aération des salles, une réorganisation de la restauration ainsi qu’un réaménagement des programmes pour que les élèves puissent suivre. « Le respect de l’ensemble des gestes barrières doit être possible dans toutes les écoles », poursuit Julien Caillaud.
Pour Claire, professeure au collège Manuel-Azaña, la question est avant tout de savoir si le protocole est applicable dans les faits. « Si on n’a pas de poignée pour ouvrir les fenêtres on ne peut pas aérer les salles », remarque-t-elle. Et de pointer un protocole général qui demande « une adaptation au cas par cas selon les établissements ». L’enseignante n’est pas pour exporter au collège ce qui se fait au lycée, à savoir, les cours en distanciel: « Il est essentiel de garder le contact entre professeurs et élèves au collège ».
Sous tension dans le premier degré
Du côté du premier degré, les enseignants ont l’impression que rien ne bouge. « Cela fait six mois que des choses devraient être mises en place, déplore Guillaume Mangenot, cosecrétaire de la FSU82 et enseignant à l’école maternelle. Nous sommes sous tension. Cette grève est un aperçu de notre colère et de notre exaspération. »
Un sentiment partagé par Carine, institutrice en CE1, et Céline, remplaçante en primaire: « Concrètement, avec ce protocole renforcé, nous avons mis des masques aux enfants et c’est à peu près tout. On essaie d’éviter les brassages mais dans les classes, les activités restent les mêmes », soupirent-elles, face à l’urgence de la situation.
Une première étape
Selon la FSU82, la grève a mobilisé plus de 25 % des enseignants du premier degré (plus de 20 écoles fermées dans le département) et près de 30 % dans le secondaire. L’après-midi, une soixantaine de manifestants du Tarn-et-Garonne étaient réunis devant la préfecture pour dire « stop au mépris » ressenti. « Ce n’est qu’une étape », prévient Guillaume Mangenot. La FCPE82 a apporté son soutien.
Montech. Grève des enseignants: « Stop au mépris, nous sommes en colère! »
Hier à 12 h 30, plusieurs enseignants en grève se sont retrouvés devant le collège Vercingétorix, à Montech, avant de se rendre au grand rassemblement départemental, devant la préfecture de Montauban, suivi d’une marche vers l’inspection académique.
Ils étaient une dizaine d’enseignants du collège Vercingétorix et du lycée Olympe-de-Gouges de Montech pour représenter leurs collègues en grève ce mardi. Sur site, Jean-Paul Poitou, de la FSU 82, a lu un message faisant part du « mépris » du gouvernement vis-à-vis de toute la communauté éducative, enseignants, mais aussi AED, AESH, agents de service… Une phrase de Jean Castex, Premier ministre, est restée en travers de la gorge des enseignants: « Notre majorité a particulièrement choyé l’Éducation nationale et nous allons continuer à le faire ». Le représentant de la FSU a donné de nombreux exemples démontrant le contraire, comme le fait d’apprendre, la veille, par les médias, ce qu’il faudra mettre en place le lendemain; la mise en place des protocoles « soi-disant renforcés », la remise de « masques de pacotille », et cette phrase du même Premier ministre: « Si les salariés de la grande distribution avaient été aussi courageux que l’Éducation nationale, les Français n’auraient rien eu à manger ».
Les enseignants n’ont pas apprécié, non plus, la censure de plusieurs paragraphes de l’hommage rendu à Samuel Paty. « Nous ne sommes pas choyés, précise Jean-Paul Poitou, nous sommes dénigrés, ignorés, taillables et corvéables à merci. Alors, stop au mépris! Clamons le haut et fort, nous sommes en colère, dans une énorme colère. »
Enfin, les syndicats appelaient toute la population à réagir pour exiger le respect de leurs droits et de leurs libertés et à « se mobiliser pour imposer un réel jour d’après ».
On annonçait, en fin de matinée, plus de 20 écoles fermées dans le département, avec plus de 200 enseignants en grève, soit 25% de l’effectif total.
Grisolles. Journée de mobilisation mitigée au collège
À l’appel de la FSU 82 (Fédération syndicale unitaire), les personnels et professeurs du collège Jean-Lacaze ont été appelés à faire une journée de grève mardi 10 novembre et à se mobiliser « parce que l’école publique ne mérite pas qu’on la méprise, parce que nous ne voulons plus nous adapter ni accepter l’intolérable, pour exiger du ministre les conditions sanitaires indispensables afin de maintenir les écoles ouvertes avec un cadre sanitaire cohérent et pour exiger le respect de nos missions et de nos métiers ».
La quasi-totalité des agents territoriaux a suivi ce mouvement. De ce fait, le service de demi-pension n’a pas été assuré. Les familles avaient été invitées à ne pas envoyer leur enfant au collège si elles en avaient la possibilité et à fournir un repas froid à ceux qui viendraient.
Chez les professeurs, la grève semble avoir été moyennement suivie, la situation ne pouvant être évaluée que d’heure en heure, en fonction de la présence des enseignants aux différents cours. Elle devrait se situer aux environs de 30%.
Un rassemblement devait avoir lieu devant le collège, à 12 h 30, mais les deux délégués départementaux de la FSU n’ont eu aucune peine à faire respecter les mesures de distanciation physique: excepté les cinq gendarmes du service d’ordre, il étaient les seuls sur le parking du collège. Sans doute les manifestants ont-ils préféré se rendre directement à la manifestation de Montauban, à 14 heures… Les banderoles ont été repliées, ainsi que le discours qui mettait l’accent sur l’ouverture des classes « dans des conditions déplorables; sur la fonction économique avant tout, alors que c’est l’enjeu pédagogique et la sécurité sanitaire qui doivent primer. Les protocoles sanitaires sont impossibles à mettre en œuvre par manque de moyens ». Sur les effectifs: « Nous demandons également des recrutements supplémentaires en urgence. » Sur la société: « Cette crise majeure doit être l’opportunité et l’obligation d’impulser une réelle transformation sociale et écologique. »
Commémoration du 11-Novembre. La cérémonie commémorative de l’armistice de 1918 aura lieu mercredi 11 novembre à 11 heures, au monument aux morts de Grisolles, en comité restreint du fait des règles sanitaires en vigueur avec un maximum dix personnes. Seront présents le maire et des élus, la police municipale, un ou deux porte-drapeaux.
Tarn-et-Garonne. Grève dans l’Education nationale : le protocole sanitaire au cœur des inquiétudes
C’est « un avertissement », lancé par la FSU82 : ce mardi, « devant l’urgence de la situation, [le syndicat enseignant] appelle les personnels à se mobiliser pour exiger du ministre les conditions sanitaires indispensables afin de maintenir les écoles ouvertes. » Malgré les récentes annonces de l’Education nationale pour un renforcement du protocole sanitaire dans les lycées (cours à distance, accueil en demi-groupes, contrôle continu au bac…), les inquiétudes demeurent. « Il y a urgence. Urgence parce que l’École publique ne mérite pas qu’on la méprise. Urgence parce que nous ne pouvons plus nous adapter ni accepter l’intolérable. Urgence à exiger le respect de nos missions et de nos métiers. Urgence à exiger les moyens pour exercer dans de bonnes conditions de travail. Urgence à imposer un cadre sanitaire cohérent », écrit la FSU82 dans un communiqué.
Dès 12 h 30, des rassemblements sont prévus devant les collèges Pierre-Darasse (Caussade), Jean-Lacaze (Grisolles), François-Mitterrand (Moissac), Olympe-de-Gouges (Montauban) et Vercingétorix (Montech), ainsi que devant les lycées Jean-de-Prades (Castelsarrasin) et Jean-Baylet (Valence-d’Agen). Rendez-vous est ensuite donné aux portes de la préfecture de Montauban avant une marche pour rejoindre le siège de l’Inspection académique. Objectif : « Dénoncer le manque de protection des personnels et des élèves. […] Il faut une autre politique éducative qui réponde aux enjeux de l’École, qui permette une amélioration des conditions de travail et une véritable reconnaissance de nos métiers », poursuit le syndicat.
Des demandes en cours d’étude
Les demandes de mise en place d’un enseignement à distance par demi-groupes dans les lycées ont été transmises au Directeur académique des services de l’Éducation nationale du département. Les projets sont « en cours d’étude », affirme Pierre Roques : « Ça devrait aller vite. La mise en application se fera au cas par cas, courant de cette semaine voire début de semaine prochaine, suivant la réorganisation en interne dans les établissements ». Sur son ENT, le lycée Michelet a déjà pris les devants : l’établissement « va basculer dans un système hybride à partir du 16 novembre. » Le scénario prévoit que les élèves soient « la moitié du temps en classe et l’autre moitié à leur domicile chaque semaine ».
Concernant la demande de réorganisation émise par le collège Olympe-de-Gouges de Montauban, un des plus gros de l’ex-Midi-Pyrénées, le Dasen se montre plus réservé : « Je ne peux pas dire ce que sera la réponse mais a priori, la mesure n’est pas étudiée pour les collèges par le ministère. »
« Grève sanitaire » à Toulouse : les professeurs demandent plus de moyens
Plusieurs syndicats appelaient à la mobilisation ce mardi pour exiger un protocole renforcé et applicable. Selon le syndicat majoritaire, sur 13000 enseignants, 1300 ont participé à la grève dans le département.
Plusieurs syndicats enseignants, parmi lesquels le Snes-FSU, appelaient à une « grève sanitaire » dans les écoles, ce mardi.À Toulouse, après une assemblée générale sous l’arche Marengo, des manifestants ont défilé jusqu’à la préfecture de Toulouse. Ils étaient 750 selon la préfecture, 1 300 selon le syndicat Snes-Fsu, à faire entendre leurs revendications. « Cela représente 10 % des personnels du premier et second degré, c’est beaucoup, cela signifie qu’il y a une vraie urgence à agir, notamment dans les collèges ! », a assuré Pierre Priouret, secrétaire académique du syndicat. L’urgence évoquée par le syndicaliste concerne en premier lieu le protocole sanitaire, jugé « inapplicable » par une majorité d’enseignants.
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«Nous devons appliquer ce protocole sanitaire sans moyens supplémentaires de la part de l’Etat, tout est très mal organisé, je dois travailler sur mon temps de repos pour mettre en place les nouvelles mesures et communiquer avec les parents», déplore Jessica, directrice d’une école primaire près de Cazères.
« Ce protocole ne protège que le ministre de l’Education nationale ! tempête Daniel Mascaras, lui aussi professeur des écoles et secrétaire adjoint de Force ouvrière. Pour que les enfants puissent continuer à aller en classe, nous proposons la création massive de postes. On peut par exemple appeler ceux qui sont sur les listes complémentaires. »
« Nous ne voulons pas que les collèges ferment »
Contrairement à ce qui est mis en place dans les lycées, le dédoublement des classes dans les écoles primaires et des collèges n’est toujours pas possible. Nombre d’enseignants y sont pourtant favorables. «Nous ne voulons pas que les collèges ferment, ce serait un échec. Comme nous l’avons vu lors du premier confinement, les collégiens ne sont pas assez autonomes pour travailler à la maison et certains enfants issus de milieux défavorisés ne sont pas aidés par leurs parents. Nous demandons donc la mise en place du dédoublement des classes», explique Lionel, professeur dans un collège de Toulouse.
« Les écoles sont des clusters ! »
Plus de clarté et de cohérence de la part du ministère de l’Education nationale, c’est ce que préconise François, professeur d’histoire géographie dans un lycée professionnel. «Le protocole change toutes les semaines, c’est un bazar sans nom. Le discours du gouvernement n’est pas clair, nous savons très bien que les établissements scolaires sont des clusters contrairement à ce qui est dit! »
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Pierre, professeur remplaçant, est du même avis. « Comment croire qu’il n’y a pas de contaminations, comme le disent le rectorat et l’Education nationale, alors que 35 élèves sont côte à côte toute la journée, sans parler de la cantine où ils n’ont pas de masques ? »
Selon le Snuipp FSU 31, 80 écoles de Haute-Garonne étaient fermées ce mardi. Sollicité sur ce chiffre, le rectorat n’a pas encore répondu.
Des discours anti-masques parmi les manifestants
Fort est de constater qu’un certain nombre de manifestants avaient des positions anti-masques dans le cortège. « Je suis contre le port du masque chez les petits, indique Nadine, enseignante en classe préparatoire. Cela ajoute une barrière entre nous, on n’entend pas les enfants, et de toute façon à la sortie de l’école, ils se retrouvent tous sans masques ! » Certains discours plus radicaux flirtaient avec le complotisme. « Le port du masque empêche l’oxygène de monter au cerveau, on est en train de fabriquer une génération d’idiots », affirme ainsi Gina, une manifestante venue soutenir le personnel éducatif, mais ne travaillant pas dans l’Education nationale.
« Je pense que le masque est dangereux pour les enfants et les adultes, il empêche de respirer normalement », assure aussi Maellys, assistante de vie scolaire dans un établissement de la banlieue toulousaine. Des allégations non avérées. Comme le rappelait récemment le professeur Christèle Gras-Le Guen dans un article de la Dépêche du Midi, « un masque n’a jamais empêché personne de respirer et n’a aucun effet sur la santé des enfants. Y croire est totalement fantaisiste ».
16 % de grévistes dans les collèges aveyronnais
Hier, l’appel à la grève dans les établissements scolaires a été très suivi dans les collèges, autant au niveau national que départemental. « La mobilisation s’est élevée à 45 % à l’échelle nationale, et a oscillé entre 20 et 40 % en Aveyron, en fonction des établissements », détaille Sylvain Lagarde, du Snes-FSU 12 (Syndicat des enseignants du second degré).
De son côté, la dasen 12 (direction d’académie) dénombre « 2 % de grévistes dans le premier degré, 7 % dans les lycées et 16 % dans les collèges. »
À travers cette grève, le syndicat réclamait un protocole renforcé au vu de la situation sanitaire.
Collèges en grève et lycées en réflexion
Dans le département, la mobilisation a été très différente selon les établissements et leur emplacement géographique. « Au collège Kervallon (Marcillac-Vallon), la vie scolaire a fait grève à 100 %, de même à Cransac, et la mobilisation a atteint les 84,5 % au collège Lucie-Aubrac de Rieupeyroux « , souligne-t-il. Ce dernier est d’ailleurs l’établissement « où le pourcentage de personnels grévistes, un peu moins de 80 %, est le plus élevé du département « , remarque Armelle Fellahi, directrice académique.
Ce sont « les enseignants qui ont été majoritairement en grève », déclare la dasen 12, tout en ajoutant que les CPE ont représenté 13 % des grévistes et les assistants d’éducation, 24 %. Ont également pris part à la grève, les agents territoriaux assurant l’entretien des locaux et la restauration, qui « sont mis en difficulté par les mesures actuelles », signale le syndicat.
Les lycées ont, quant à eux, moins participé à cette journée. « C’est un peu différent pour les lycées, au vu des annonces gouvernementales à venir », précise Sylvain Lagarde.
En effet, les lycées se préparent à la perspective d’effectifs réduits en présentiel et réfléchissent à la mise en place de ce possible nouveau protocole. Cependant, la grève a quand même mobilisé « 40 % des effectifs du lycée Jean Vigo de Millau », assure-t-il.
Très peu suivie hier dans le Lot, la grève des enseignants ne s’est pas matérialisée dans la rue par des manifs à grands coups de tambours. Elle s’est soldée par un petit 3 % de grévistes (soit une vingtaine de personnes) dans le premier degré et une très faible proportion dans le second degré. À ce niveau, la situation était très variable d’un établissement à un autre. On observe quelques grévistes à Cahors, pas du tout à Montcuq. Même constat, nuancé cependant, à la cité scolaire de Gourdon où le lycée n’a compté aucun gréviste tandis qu’on a enregistré une proportion de 70 % de personnels en grève au collège. Une seule personne a fait grève au lycée Louis Vicat, à Souillac. La FCPE du Lot dénonce « cet état de fait depuis des mois et demande au ministère d’engager des dépenses pour pallier ces dysfonctionnements : embaucher du personnel pour encadrer les élèves en particulier dans des tiers lieux, effectuer le nettoyage des locaux, installer des sanitaires mobiles, distribuer des masques gratuits aux enfants, etc. »
Ceci en considérant que « les effectifs sont trop nombreux, le bâti mal adapté, les sanitaires insuffisants et défectueux, les lieux de restauration trop exigus. Tout cela empêche les équipes pédagogiques de faire correctement appliquer les gestes barrières. »
Quid des éventuelles actions à venir dans les prochains jours ?
Christine Laverdet, secrétaire départementale du syndicat SE-Unsa, laisse entendre qu’elles « seront liées à la réponse que va donner l’administration aux propositions d’organisations. Je pense que cela n’ira pas plus loin dans les lycées. En revanche, dans les collèges les tensions sont très différentes d’un établissement à l’autre. Gambetta reste très mobilisé à Cahors. Nous espérons un consensus avec un plan commun. Si l’administration est bienveillante, elle y veillera » espère Christine Laverdet. Wait and see donc. Attendre et voir.
J.-L.G.
Grève sanitaire : une centaine d’enseignants des Hautes-Pyrénées manifestent à Tarbes
Une centaine d’enseignants et de personnels de l’éducation a répondu, malgré la météo, à l’appel à manifester de l’intersyndicale, pour davantage de moyens humains et matériels afin de garantir la protection des élèves et des personnels.
Une centaine d’enseignants et de personnels de l’éducation ont manifesté ce mardi matin sur la place de la mairie à Tarbes. Une mobilisation contrariée par une météo particulièrement pluvieuse sur la Bigorre ce matin. Dans le département, 53 écoles sont concernées par ces actions à l’appel de l’intersyndicale (Snes-FSU, Snuipp-FSU, CGT, FO), 13 écoles sont fermées ce mardi dans les Hautes-Pyrenées selon les syndicats. « Certains établissements, qui ne se mobilisaient pas, ont massivement répondu. Cela correspond à des problématiques locales. » Toujours selon les syndicats, le taux de grévistes était de 35% dans le premier degré.
Cette mobilisation concernait l’ensemble de l’éducation, de la maternelle au post-Bac. « Puisque les étudiants de nos lycées sont en présentiel quand les autres, dans les filières du supérieur, ont cours à distance, rappelle-t-on, avant de pointer les griefs. La rentrée s’est faite dans les mêmes conditions que les précédentes, malgré le contexte sanitaire. On parle maintenant d’un protocole renforcé mais il est laissé à la responsabilité des chefs d’établissement. Du coup, on a des situations où les élèves d’un même grade n’ont pas les mêmes conditions d’enseignement. Dans les cités scolaires, par exemple, comment expliquer aux parents et aux personnels qu’au collège les règles soient différentes du lycée, dans le bâtiment voisin. renvoyer au local, c’est renvoyer au rapport de force. »
« On veut garder nos élèves en classe mais dans les meilleures conditions sanitaires »
Les syndicats évoquent des établissements avec 1000 couverts chaque midi pour 300 places au réfectoire, ce qui rend la distanciation impossible. « Le but n’est pas de mettre tous les enfants à la maison comme veut caricaturer le ministère, rappelle David Castebrunet, du SNU65. On veut garder nos élèves en classe mais dans les meilleures conditions sanitaires. Or aujourd’hui, on a des classes en maternelle de 30 élèves où la seule protection est un masque pour l’enseignant. En Italie, on a embauché pour dédoubler les classes. On en a assez des discours d’un ministre qui a démonté le système. On a besoin de moyens, d’agents territoriaux pour assurer le nettoyage quand un sur deux seulement est remplacé. Comment dès lors assurer un protocole sanitaire strict? »
Et les syndicats d’expliquer « qu’en faisant peser les décisions sur le local, ce sont les directeurs d’école qui sont en première ligne ». Ils réclament « un programme réduit et des épreuves aux examens supprimées ». Sans oublier les AESH qui accompagnent les élèves handicapés et pour qui « la distanciation physique est impossible. On prend des risques. On avait demandé des masques transparents pour que les élèves lisent sur les lèvres que l’on attend toujours, en quantité suffisante » regrettent-ils. « On amène notre gel, nos lingettes, pointe Catherine. Nous sommes le seul métier où l’on paye pour travailler… »
Les professeurs tarnais en colère manifestent
C’est devant la Direction des services départementaux de l’éducation nationale (DSDEN) que les enseignants du premier et du second degrés se sont réunis ce mardi après-midi afin de faire connaître leur mécontentement quant à la gestion de la crise sanitaire.
Mardi, près de 150 personnes s’étaient réunies devant les locaux de la DSDEN (direction des services départementaux de l’éducation nationale) à Albi. Elles répondaient à l’appel à la grève des syndicats FSU, CGT Educ’action, Sud éducation et FO. Parmi elles, des professeurs des écoles, des collèges et des lycées mais pas uniquement. Des personnels d’animation des activités périscolaire et extrascolaire étaient aussi présents ainsi que des parents d’élèves et des syndicalistes d’autres professions, notamment dans le domaine de la santé.
La raison de leur présence : dénoncer le manque de préparation depuis la rentrée des vacances de la Toussaint et leur désaccord face à la gestion de la crise sanitaire par le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer.
« Suite à cette rentrée scolaire, nous avons reçu des ordres, puis des contre-ordres, notamment en ce qui concerne l’hommage Samuel Paty, et le protocole n’est pas du tout clair quant aux choses à faire ou à ne pas faire dans nos établissements », souligne Thomas Verdier, cosecrétaire SNUipp. « Notre ministre cristallise les colères car on apprend ses décisions dans les médias. Il ne communique pas avec les enseignants », regrette Mathieu Molès, cosecrétaire départemental FSU.
« On doit se débrouiller, on est dans un flou total. Nous tout ce qu’on demande, c’est plus de moyens pour pouvoir remplacer les collègues et permettre de dédoubler les classes afin de travailler dans de bonnes conditions », conclut le syndicaliste.
Dans le département, le mouvement de grève a été suivi par près de 25 % des enseignants du primaire, et par 30 % de ceux du secondaire.
Émilie Lauria
Covid-19 : manifestation des enseignants à Auch
Mardi, une cinquantaine d’enseignants, personnels de l’éducation nationale et sympathisants, se sont rassemblés devant le siège de l’académie, à l’appel des syndicats Snuipp, SNES, FSU, FO, et Sud. De l’infirmière au prof en passant par le personnel administratif, tous réclament des moyens supplémentaires pour faire face à l’épidémie. « Nous avons constitué une plateforme intersyndicale de revendications, explique Perrine Simunetti, enseignante syndiquée au SNES FSU.
On ne veut pas que les établissements ferment, mais on veut que les conditions d’enseignement soient sûres pour tous, élèves et personnels. Il y a eu des annonces pour le 2e degré, permettant par exemple les demi-groupes dans les lycées, mais aucun lycée ne le met en place.C’est laissé à l’appréciation des chefs d’établissement. » Les enseignants estiment que la communication n’est pas claire au sein des établissements. « Il n’y a pas forcément de liste des cas contact des élèves positifs, par exemple. » Autres demandes, l’appel à des remplaçants pour mettre en place des demi-groupes – « ce qui éviterait de sacrifier des heures de cours », précise le secrétaire gersois du SNES, Jocelyn Petit – mais aussi des masques moins coûteux ou gratuits pour les familles, et une revalorisation salariale.
Le DASEN, Farid Djemmal, s’est voulu rassurant sur l’écoute et la mise en œuvre de protocoles au cas par cas pour les lycées. « Les taux ne sont pas élevés dans le Gers, il n’y a pas de tensions fortes. Personne ne veut voir les établissements fermer. » Les services de l’académie estiment que 8 % du personnel enseignant du 2e degré était en grève, dans le Gers, ce mardi, et 3,81 % dans le 1er degré.
Manifestation des enseignants à Carcassonne : « des consignes absurdes, à l’encontre de ce que j’enseigne »
Vanessa Renard est enseignante en maternelle à Mirepeïsset, dans l’Aude. Non syndiquée, elle manifestait ce mardi 10 novembre devant les services départementaux de l’Education nationale.
Une trentaine de manifestants, pratiquement tous « décorés » de l’autocollant de leur syndicat ou portant son drapeau, se sont rassemblés ce mardi 10 novembre devant la direction départementale des services de l’éducation nationale (DSDEN) de l’Aude à Carcassonne. Parmi eux, une enseignante de maternelle, non syndiquée, et qui s’est d’abord renseignée pour savoir si elle avait bien le droit de manifester. « J’ai appelé deux syndicats et on m’a bien confirmé que la participation à une manifestation revendicative était autorisée », explique Vanessa Renard, qui constate qu’elle est « la seule de (son) école à être en grève ».
« Discours incohérents »
« Je n’en peux plus des absurdités que l’on nous demande de faire subir à nos élèves. J’enseigne en maternelle, donc les enfants n’ont pas à porter de masque. Mais dans l’école juste à côté, il faut que les enfants de CP en mettent, alors qu’il y a quelques semaines, ce n’était pas nécessaire », détaille Vanessa, également mère de deux enfants, l’un va au collège, l’autre au lycée. « Ces discours qui changent en permanence, ça me révolte. Les consignes sont absurdes et vont à l’encontre de ce que j’enseigne aux élèves », témoigne-t-elle, tout en reconnaissant que « fermer les écoles aurait pénalisé un certain nombre d’enfants. Il n’y a pas de solution idéale mais qu’au moins les pouvoirs publics aient un discours cohérent », martèle-t-elle.
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Recruter, disent-ils
« C’est vraiment ce que l’on entend dans les salles des profs : Blanquer, ça suffit ! », confirme Patrick Bordes, professeur de collège, délégué syndical FSU, qui lui aussi pointe « l’incohérence des discours ». « On a donné beaucoup d’argent à beaucoup de monde pour faire face à cette crise. Mais pour l’école, on n’y est pas », résume le syndicaliste, qui insiste sur les besoins en recrutement. « Il faut des surveillants de vie scolaire, c’est évident. Car c’est sur eux que toutes les mesures retombent au final. Il faut aussi recruter des profs sur les listes complémentaires des concours. Il faut également des agents techniques pour le nettoyage. Mais il faut surtout arrêter cette incohérence… Des parents entendent le ministre dire que les élèves sont distanciés et leurs enfants, quand ils rentrent le soir, leur disent que les bureaux continuent à être collés ».
« Les décideurs n’ont pas la réalité du terrain »
Marion Llense, professeur de lettres et d’histoire-géographie, section enseignement professionnel au lycée Louise-Michel de Narbonne, non-gréviste : « À Louise-Michel, nous avons 2 600 élèves et près de 300 professeurs, on ne peut pas mettre en place des demi-groupes du jour au lendemain. Ce n’est pas une mince affaire pour notre chef d’établissement. Car, il faut bien faire la part des choses entre l’institution – le ministère, le rectorat – et ce qui est fait sur le terrain. À Louise Michel, toutes les équipes de direction sont mobilisées pour mettre en place les aménagements, le dédoublement de classes… Nous sommes tous mobilisés pour nos élèves, l’important c’est de ne surtout pas fermer les lycées ».
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Pierre Poirier, professeur d’histoire-géographie en section générale et membre du CA à Louise-Michel : « L’idéal serait qu’il y ait un cadre national défini par la hiérarchie, puis que chaque chef d’établissement, en accord avec le conseil d’administration et la communauté éducative, détermine quelle est la meilleure adaptation possible pour que l’enseignement se fasse. On n’arrête pas depuis des années de parler de l’autonomie des chefs d’établissement, mais on a l’impression qu’on ne propose l’autonomie que dans les moments difficiles, et on impose quelque chose qui vient d’en haut ».
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