En plein débat parlementaire, Fabien Roussel a présenté le contre-budget du PCF. Avec un objectif : changer de logique en faisant le choix de l’emprunt pour créer les recettes de demain.
Dans les discussions autour du budget 2025, il y a deux camps. D’abord, celui de l’austérité, représenté par le gouvernement, ses troupes et le Rassemblement national. Il n’a qu’un mot en tête : économies. En particulier du côté des services publics.
Avec une logique claire, selon Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. Celle de Don Salluste, personnage incarné par Louis de Funès dans la Folie des grandeurs : « Les pauvres, c’est fait pour être pauvre. Et les riches, très riche. » Puis il y a le camp de la recherche de recettes supplémentaires, en particulier chez les plus fortunés, largement épargnés par sept ans de macronisme.
Au sein du Nouveau Front populaire (NFP), les communistes entendent aller plus loin que ce clivage dépenses/recettes en ajoutant une autre donnée : l’investissement. Ce mercredi 23 octobre, depuis son siège parisien de la place du Colonel-Fabien, le parti a présenté son propre « contre-budget ». « Nous comptons renouer avec l’esprit qui a permis de sortir notre pays des difficultés immenses de l’après-guerre », annonce Jean-Marc Durand, membre de la commission économique du PCF.
« Il faut agir sur les aides publiques versées aux grandes entreprises »
Comment ? « Il y a quatre manières de faire un budget, relève Fabien Roussel. En agissant sur la fiscalité, en baissant les dépenses, en empruntant, ou encore par la création monétaire. » Si ce dernier levier est dans les mains de la Banque centrale européenne (BCE) et que le tout premier est largement investi par les propositions du NFP, reste donc deux champs à conquérir « avec ambition ».
Celui des économies, que le PCF n’entend pas laisser à la droite : « Il faut agir sur les aides publiques versées aux grandes entreprises, notamment la niche Copé (qui permet aux entreprises de bénéficier de l’exonération sur les plus-values – NDLR) ou le crédit d’impôt recherche, en réorientant les 200 milliards d’aides à partir de critères sociaux et environnementaux. » Mais aussi et surtout celui de l’emprunt, atout majeur pour permettre des investissements massifs, jure le secrétaire national du PCF.
« Notre pays doit se donner les moyens de faire des investissements immenses dans les dix ans à venir, poursuit Fabien Roussel. Il nous faut embaucher et former des centaines de milliers d’agents publics pour nos écoles, la sécurité, la santé, la recherche, les Ehpad… Notre objectif est de réaliser 50 000 embauches dès 2025 avant d’atteindre 600 000 agents publics supplémentaires en 2030. Mais nous entendons aussi, dans le même temps, reconstruire une véritable stratégie industrielle qui permettra de relocaliser 2 millions d’emplois. Cette nouvelle ère industrielle devra répondre aux urgences sociales et climatiques. »
Constitution d’un pôle public bancaire
Pour permettre les embauches massives dans la fonction publique, le PCF projette de recourir à des « prêts bonifiés » et à la « constitution d’un pôle public bancaire constitué de La Banque postale et la Caisse des dépôts ». « Ce pôle peut permettre ce financement : la Caisse des dépôts pouvant emprunter auprès de la BCE », précise Jean-Marc Durand.
Et pour permettre un renouveau industriel, même logique, en accordant aux entreprises, via ce pôle, des prêts à taux zéro, « voire négatifs », sur critères sociaux et environnementaux. « L’État prendra à sa charge les intérêts de ces prêts à hauteur de 8 milliards d’euros, promet le secrétaire national du PCF. Ces deux mesures vont permettre de créer de la richesse, des emplois, de la consommation saine et efficace. »
Le but : « Créer une croissance saine socialement et écologiquement », explique Jean-Marc Durand, qui parviendra à « résorber le déficit à l’horizon 2030 ». « Comme le permet le pacte de stabilité, nous traçons une trajectoire sur sept ans pour atteindre cet objectif, prolonge-t-il. Bien sûr, en 2025 et 2026, le déficit se creusera, passant de 5,5 % en 2024 à 8,5 % en 2026. Mais cet investissement augmentera à tel point le PIB qu’il réduira fortement le déficit dès l’année suivante, avant de revenir à l’équilibre en 2030 (0,2 %). »
Un projet que Fabien Roussel promeut comme un « pacte avec la jeunesse ». « Par ce budget, nous entendons garantir un emploi bien rémunéré à chaque jeune qui correspondra à ses diplômes, précise-t-il. L’heure n’est pas à se serrer la ceinture, à brider les emplois et les salaires. Au contraire : il faut investir sur la base de critères sociaux et écologiques au service de l’être humain, de la planète et des besoins de notre pays. » Tout le contraire du projet gouvernemental.
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