livre latu

Jacques et Eliane Latu furent une partie de la vie d’Ecole Normale de Montauban à partir de 1969. Et ça pour plusieurs raisons. La Fédération des Œuvres laïques (FOL) était une institution dans la France entière. Il fallait apporter aux jeunes en formation la dimension culturelle et sociale indispensable à des instituteurs et institutrices qui eux-mêmes seraient ensuite les continuateurs de leurs efforts. Ateliers photo, équipe de foot ou de rugby, troupe de théâtre, diffuseur de cinéma, l’instit était tout cela, en plus de son rôle d’enseignant.

De ce fait Jacques et Eliane Latu sont la preuve la plus manifeste qu’un monde a disparu avec la disparition de la F.O.L. et de l’Ecole normale. Faut-il l’écrire avec nostalgie ? Non, je l’écris plutôt pour constater que notre génération n’a pas su inscrire des belles valeurs d’hier, dans l’évolution nouvelle de la société.

La création du Théâtre de l’Embellie démontre qu’à partir d’un moment chacun a été contraint de se débrouiller dans son coin, à sa façon. Des actions qui avaient une valeur globale sont devenues locales. Ayant le souci du local je devrais m’en réjouir sauf que ce local devient une prison, faute de s’inscrire dans une «fédération» nationale.

La FOL ne s’est pas effondrée seule et j’en entends qui vont me dire que cet effondrement était bien mérité car le projet était vieillot, le ver était dans le fruit. Ce n’est pas faux.

Beaucoup ont glosé sur l’effondrement de l’idéal communiste mais en l’occurrence ce fut l’effondrement de l’idéal social-démocrate (terme qui n’est pas péjoratif sous ma plume), celui des coopératives, du syndicalisme etc. D’ailleurs les mêmes qui se réjouissaient de l’échec du communisme, ont scié la branche socialiste sur laquelle ils se pensaient si bien assis. Ils siègent aujourd’hui au Conseil régional comme des aveugles bienheureux d’être des aveugles !

Comme celui de tant d’autres, le décès de Jacques Latu est comme le décès de la laïcité authentique, pas son ersatz si cher au RN, mais la laïcité conquérante.

Pour donner la parole à Jacques je retiens son premier livre qui date sans doute de 1970 (il n’y a aucune indication) et qui m’a tant inspiré. Quelle audace d’écrire en quelques pages et belles illustrations Montauban vingt siècles d’histoire. Sous l’égide du service tourisme culturel de la FOL. Même Olympe de Gouges n’est pas oublié !

« Une journaliste, Olympe de Gouge (sic), fille de Lefranc de Pompignan, gagne Paris. Elle demande le droit de vote pour les femmes et fonde le club des Tricoteuses. Elle désapprouve l’exécution du Roi. Elle écrit une lettre de réprimande à Robespierre, ce qui lui vaut de finir sur l’échafaud (à 45 ans). »

Et je ne passe jamais sur la Place Nationale sans penser à la photo du dos de couverture, en regardant le cadran solaire qui s’y trouve.

Son action s’inscrivait dans les efforts faits par Monsieur Ombret et Mathieu Méras. Une forteresse qui comme d’autres reposaient sur du sable.

J-P Damaggio

Jacques_Latu_La_Depêche

NDLR de MAC: Gamin, j’appris de lui, l’utilisation d’un labo photo et les rudiments de la patience du photographe. Proches de ma mère jusqu’à son dernier souffle, Lily et Jacques ont été présents! RDV mercredi 11 janvier au crématorium de Montauban où une cérémonie se tiendra à 15h30.

cadran solaire