Hamon en aval : un frondeur qui a perdu sa fronde

Par Jean Ortiz

Oui au rassemblement ! Mais sans amnésie ni arrière-pensées.

Il suffit de lire, d’écouter, d’examiner son staff. Le sympathique Benoit Hamon cherche d’abord à sauver le parti socialiste. Il s’est recentré, après négociations avec la direction du PS. J’ai de nombreux amis impliqués dans le mouvement « Un mais pas trois ». L’aspiration unitaire, en bas, est forte. Oui, à l’unité ! Oui au rassemblement ! Mais non à l’instrumentalisation en sous-main !Je ne crois pas que le PS soit radicalement différent de ce qu’il était en 1936, ou à la Libération. Le peuple lui a alors imposé un cap à gauche. Le rassemblement doit donc s’accompagner d’un rapport de forces afin d’imposer au « candidat du PS » Benoit Hamon, une rupture claire avec le social libéralisme, avec les traités européens, avec le bilan du quinquennat.

Le problème de la tête de liste ne saurait être séparé des enjeux de classe, du contenu du projet, de la construction d’une alternative de rupture. La faillite du PS, sanctionné par les électeurs de gauche : retrait de François Hollande, la défaite de Valls, ne peut pas sortir par la porte pour mieux rentrer par la fenêtre… On ne peut pas dire, « tournons la page, oublions, faisons table rase ; on prend les mêmes, ou leurs clones, et on recommence ». C’est pourtant ce que proposent implicitement des OGM de la politique, des partisans d’une candidature Hamon, parce qu’elle serait « plus efficace , plus rassembleuse » face aux nazillons. Pour cela, on bâillonne médiatiquement les communistes, on tire à boulets rouges sur Mélenchon, qui « injurie », « agresse », « divise »… Son charisme (pour être chef d’Etat, il faut en avoir), le dynamisme de la campagne de « la France insoumise », dérangent.

L’argument du « vote utile » contre le FN n’est aujourd’hui plus recevable. Il est plus qu’éculé : cela fait 20 ans qu’on nous le sert. C’est la politique du PS qui fait monter le Front National. Il faut donc rompre tout lien, toute aliénation avec le parti naufragé des naufrageurs, des fossoyeurs, et faire du neuf social. Lorsque nous examinons l’équipe de campagne de Benoit Hamon, on y trouve, par exemple, Sandra Laugier, à la tête du « laboratoire d’idées ». Nous l’avons vue à l’œuvre envers l’enseignement supérieur et la recherche. Elle a contribué à la mise en place de la LRU, de l’autonomie, de la marchandisation, de l’austérité, de l’évaluation, du classement… Alors, non merci ! D’autres collaborateurs sont des hollandistes notoires, ou des vallsistes qui ont choisi de rester au PS pour « récupérer la maison » après les élections. Cambadélis règne encore sur l’appareil.

Je me souviens également que lorsque Benoit Hamon était ministre de l’Education Nationale, il n’a pas brillé par ses relations avec la FSU. Il n’a repris aucune de nos propositions syndicales. Alors, oui au rassemblement ! Mais sans amnésie ni arrière-pensées.


En savoir plus sur Moissac Au Coeur

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Donnez votre avis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.