Le « premier tour social » des anti-loi Travail

Jeudi soir, plusieurs organisations syndicales et militantes ont annoncé un rassemblement national à la veille du premier tour de l’élection présidentielle. Une initiative inédite qui a pour but de mettre la question sociale au cœur des enjeux politiques.

Le 22 avril prochain, à la veille du premier tour d’élection présidentielle, « tous ceux qui n’en n’ont pas fini avec la loi Travail » seront rassemblés à Paris, pour « mettre la question sociale au cœur des enjeux des échéances politiques à venir », explique Romain Altmann, secrétaire général d’Info com CGT, qui organise, avec cinq autres organisations militantes – dont la CGT Goodyear, Sud PTT 92, ou encore la Compagnie Jolie Môme -, ce « premier tour social ». L’idée, reprend Romain Altmann, « c’est de se réapproprier la deuxième besogne de la Charte d’Amiens qui invite à militer pour la transformation sociale. »

Jeudi dernier, le théâtre de la Belle Etoile, à Saint-Denis, accueillait le lancement de cette initiative. Une grande mobilisation « inédite à la veille d’une élection ».
« Ca fait trente ans qu’on entend parler de troisième tour social. Et rien ne vient. Aujourd’hui, nous prenons les choses en main avant le premier tour », a ainsi déclaré au micro Mickaël Wamen, de la CGT Goodyear. Selon lui, « nous sommes à la fin d’un quinquennat qui s’est avéré destructeur pour le monde du travail » et la convergence des luttes est plus que jamais nécessaire pour faire bouger les lignes. Devant une salle pleine à craquer, Mickaël Wamen a insisté sur les multiples cas de répression anti-syndicales qui ont émaillé, durant des semaines, le combat contre la loi El Khomri et a appelé à la création « partout », de « collectifs militants pour réussir cette action du 22 avril prochain » et « reprendre la rue ».
Entre applaudissements et petit air de guitare, syndicalistes, artistes engagés et militants citoyens se sont succédé au micro, pour défendre, d’un côté, une lutte sociale dans son entreprise, de l’autre, détailler les activités du collectif auquel il appartient. Ainsi, Annie, femme de chambre dans un hôtel de Chevilly-Larue (Val-de-Marne) et syndiquée à la CNT est revenue sur ses conditions de travail. « Nous sommes nombreuses avec des contrats à temps partiel de quatre heures. Seulement, la charge de travail ne nous permet pas de finir dans les temps. Nous restons souvent plusieurs heures de plus pour finir, sans être payées » explique-t-elle. « Nous n’avons pas de visite médicale et lorsque nous le disons au patron sa réponse est sans appel : c’est à prendre ou à laisser », poursuit Annie. Particulièrement touché par les coupes budgétaire et au cœur de la casse du service public, le secteur de la santé souffre « des réformes successives qui ne prennent jamais en compte les besoins de la population », a enchainé Isabelle Bosseman, du CHRU de Lille. Signe révélateur, « plus de 50 préavis de grève ont été déposés dans l’établissement par la seule CGT au cours de l’année 2015 », détaille la syndicaliste.
Salariée de la FNAC, professeur en zones d’éducation prioritaire (ZEP), syndicaliste du Havre, de Mulhouse ou d’ailleurs, militants d’Attac ou du DAL, ils sont tous venus appeler à une large mobilisation, estimant qu’il n’est plus temps de faire des constats et qu’il faut désormais agir. « Ce n’est qu’un point de départ vers une société où nous prendrons possession des outils de création de richesses » conclut l’appel lancé en amont de ce premier tour social, le 22 avril, place de la République.

Marion d’Allard


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