L’évaluation des impacts environnementaux d’infrastructures de transport ou de commerces reste parcellaire, relève l’Autorité environnementale dans son rapport annuel.
C’est mieux, mais ce n’est pas encore bien. L’Autorité environnementale (AE) a rendu public, hier, un rapport annuel mitigé cochon d’Inde concernant la prise en compte des impacts environnementaux des infrastructures d’aménagement du territoire. Certes, depuis 2008, collectivités ou industriels ont progressé en la matière, relève l’AE.
Les évaluations environnementales des futures autoroutes, lignes ferroviaires ou autres zones commerciales se sont nettement améliorées. Elles restent cependant très souvent parcellaires, insiste l’organisme, dont le rapport énumère les lacunes le plus souvent rencontrées. Celle qui arrive en tête n’est pas des moindres, en ces heures de réchauffement climatique et de pics de pollution. « L’AE a relevé de façon systématique la faiblesse, voire l’absence » de prise en compte des émissions de gaz à effet de serre ou de particules fines induites par les aménagements, relève son rapport, « y compris pour un nombre significatif de projets routiers et autoroutiers ».
Créée en 2009, épaulée, depuis un an, par des missions régionales d’autorité environnementale (MRAE) indépendantes, l’AE a ainsi épluché, en 2016, les dossiers de la ZAC du Triangle de Gonesse, du CDG Express ou encore de la liaison autoroutière Castres-Toulouse. Plus généralement, AE et MRAE « évaluent les évaluations » de projets d’aménagement commun, offrant un instantané de la façon dont les maîtres d’œuvre publics ou privés se sont emparés des enjeux environnementaux.
À l’échelle nationale, la qualité de l’air et les objectifs climatiques sont donc « très mal traités », insiste Philippe Ledenvic, président de l’AE. Les évaluations de certains projets autoroutiers « ne reposent pas sur des scénarios explicites de déplacement », précise le rapport. « Certains dossiers postulent même l’amélioration de la situation par la fluidification du trafic, sans prendre en compte l’effet indirect en termes d’augmentation de la fréquentation de l’infrastructure. »
Des efforts pour les logements pas pour les ZAC
La consommation d’espaces naturels, agricoles ou forestiers n’est guère mieux lotie. « Certains projets envisageant l’artificialisation directe de sols n’en tiennent tout simplement pas compte », reprend Philippe Ledenvic. En outre, si des efforts réels ont été réalisés quand il s’agit de réduire l’impact de construction de logements, par exemple, il n’en va pas du tout de même concernant les zones d’activité commerciale. « Les projets de ZAC se poursuivent, relève le président de l’AE, sans certitude, au reste, que ces espaces auront une réelle utilité. » Parfois, des structures du même type existent déjà à proximité et sont sous-utilisées. Ainsi, concernant le projet de mégacentre commercial du Triangle de Gonesse, dans le Val-d’Oise, contesté en ce qu’il prévoit d’artificialiser près de 300 hectares de terres agricoles, « l’avis de l’AE recommande de justifier sa raison d’être alors que des locaux vacants existent juste à côté ».
De façon plus globale, l’AE constate que l’évitement de la dégradation de l’environnement est le parent pauvre des perspectives d’aménagement. « Les études d’impact sont généralement réalisées trop tard et le fractionnement des projets ne permet pas toujours de les évaluer dans leur globalité », énumère le président de l’AE. Quant à leurs alternatives, elles sont rarement débattues, voire pas toujours étudiées.
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