Voilà quinze jours que Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon se sont dit non à l’issue d’un tête-à-tête, à l’abri des caméras. Les candidats de la France insoumise et du Parti socialiste ont acté leur « non-accord », principalement lié à une vision divergente sur l’Europe (voir notre événement du jour). Ils ont mis fin, aussi, aux espoirs de ces citoyens de gauche qui appelaient à un rapprochement pour la présidentielle. Certains, pourtant, continuent d’y croire, multipliant les appels et les rassemblements pour une union à gauche.
Pour commencer, ils mettent en avant leur droit de regard sur les raisons de cette rupture. Reprenant l’appel à un débat public, publié le 28 février sur Mediapart, Regards et Libération, une soixantaine de citoyens, élus et militants nantais proposent aux deux hommes un rendez-vous fixé à mercredi, soit deux jours avant la date limite de dépôt des parrainages. Le but ? Évoquer « la situation de la gauche, leurs projets et solutions pour battre la droite lors du second tour », écrivent-ils. Jean-Luc Mélenchon a répondu négativement à ces nombreuses sollicitations qui voient le jour depuis sa rencontre avec Benoît Hamon. « Si nous faisons un débat, que va-t-on mettre en scène ? Notre opposition ? Cela ne ferait qu’aggraver notre situation. Nos adversaires en rêvent ! » disait-il, samedi soir, sur le plateau d’On n’est pas couché sur France 2.
« Les appels qui se poursuivent sont le signe d’une urgence »
« Nous n’arrivons pas à nous faire à l’idée que ces deux hommes ont tranché du sort de la gauche à l’étage d’un bistrot », explique pourtant David Teixeira, initiateur d’une pétition sur change.org, alors que ses comparses et lui-même se sont « autant impliqués depuis des semaines » dans ce but. Depuis la mi-février – alors que s’organisaient des apéros citoyens et des réunions de collectifs tels que l’Appel des 100, les Jours heureux, Pouvoir citoyen en marche et Utopia –, la pétition de cet étudiant de Nanterre est passée de 60 000 à 77 000 signatures. « Les appels qui se poursuivent sont le signe d’une urgence. Il nous reste seulement une semaine pour changer la donne… Les enjeux sont trop importants et les circonstances trop favorables, avec une gauche à 30 % si elle se réunit, pour se retrouver au pied du mur », explique David Teixeira. Cette inquiétude se retrouve dans la vague de courriers reçus à l’Humanité, après la dernière chronique de Philippe Torreton dans nos colonnes du 3 mars, dont la déception exprimée a été partagée par nos lecteurs.
« Continuer ainsi, c’est courir à la catastrophe »
C’est pourquoi d’autres jouent le tout pour le tout. Militants et responsables politiques du PCF et de partis de gauche, intellectuels, syndicalistes et militants associatifs appellent dans une pétition à une « candidature commune à l’élection présidentielle et à un pacte de majorité ». Tous invitent les deux candidats à se mettre d’accord avant le 17 mars : « Continuer ainsi, c’est courir à la catastrophe d’un second tour entre la droite et l’extrême droite, alors que des éléments nouveaux permettraient de la conjurer. Qui est prêt à en porter la responsabilité ? », analysent les signataires. Les électeurs de gauche profitent aussi des déplacements des candidats pour les interpeller directement : mardi dernier, un homme interrogeait Jean-Luc Mélenchon sur ses capacités à « mettre en place (son) programme sans union de la gauche ». « S’il n’y a pas un ticket avec Hamon, ce n’est pas possible » de passer le premier tour, lui lançait-il.