Des Bastille à conquérir, des vies à changer sans attendre

Le 18 mars 2012, la place de la Bastille est "noire de monde et rouge de colère". Photo : Thomas Samson/AFP

Le 18 mars 2012, la place de la Bastille est « noire de monde et rouge de colère ». Photo : Thomas Samson/AFP

La marche de samedi pour une VIe République doit marquer une nouvelle étape de la campagne de Jean-Luc Mélenchon. Des personnalités expliquent leur soutien. L’Humanité détaille 10 mesures d’urgence pour changer le quotidien.

1. REMBOURSEMENT À 100 % DES SOINS DE SANTÉ PAR LA SÉCU

 Selon une étude du Secours populaire, 64 % des Français les plus modestes ont des diffi  cultés à payer les soins non remboursés par la Sécurité sociale. La moitié d’entre eux ont renoncé l’an passé à une consultation chez le dentiste, quand 40 % ont tiré un trait sur un passage chez l’ophtalmologiste. Face à la privatisation des soins, le taux de renoncement progresse chaque année en France. L’es
pérance de vie en bonne santé diminue de son côté depuis 2006 et six années d’écart d’espérance de vie séparent aujourd’hui un ouvrier d’un cadre. La Sécurité sociale, elle, n’assure plus que 50 % de la prise en charge des soins. Comme voulu à l’origine par son fondateur communiste, Ambroise Croizat, Jean-Luc Mélenchon propose dans son programme d’instaurer le « 100 % Sécu », en remboursant à 100 % les soins
de santé prescrits (dont les soins et appareils dentaires, optiques et auditifs). La protection face à la maladie deviendra ainsi un droit universel et les « usagers n’auront plus un euro à sortir pour se soigner », selon « l’Avenir en commun ». En outre, les primes versées aux complémentaires santé inégalitaires seront transformées en cotisations sociales et les dépassements d’honoraires seront interdits.

2. HAUSSE DU SMIC DE 16 %

Alors que le montant du Smic est actuellement de 1 149,07 euros net mensuels pour un salarié à temps plein, Jean-Luc Mélenchon propose de revaloriser immédiatement le salaire minimum de 16 % pour le porter à 1 326 euros net pour 35 heures hebdomadaires. Une mesure qui aurait non seulement un impact instantané sur le pouvoir d’achat des smicards, mais qui se diffuserait au-delà. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estimait dans une étude de 2012 qu’« une hausse de 1 % du Smic entraîne une hausse moyenne des salaires de l’ensemble du secteur marchand de 0,1 % ». En revanche, cette étude pointe le risque d’un alourdissement d’une telle politique pour les finances publiques, au vu des mesures d’allégement de cotisations sociales patronales existantes, notamment celles touchant les salaires d’un montant jusqu’à 1,6 Smic mises en place par François Fillon. D’où la proposition du candidat de la France insoumise de remettre à plat l’ensemble des exonérations de cotisations sociales.

3. UNE ALLOCATION D’AUTONOMIE POUR LES JEUNES

François Hollande avait promis d’en faire sa « priorité », mais le bilan pour la jeunesse à l’issue de son mandat est loin d’être reluisant. « 23,4 % des 15-24 ans sont au chômage », « un quart des sans-domicile fi xe ont moins de 30 ans », « 27 % des jeunes en formation déclarent avoir renoncé à des soins », ont encore rappelé les organisations de jeunesse (JOC, MJCF, UNL, MJS, Unef…), la semaine dernière. Déjà inscrite au programme du Front de gauche de 2012, l’idée d’une allocation d’autonomie pour les jeunes est encore d’actualité, défendue par Jean-Luc Mélenchon. Elle sera « d’un montant de 800 euros par mois pour les jeunes de 18 à 25 ans, d’une durée de trois ans, sous réserve d’une formation qualifi ante et “sous condition de ressources” », précisent David Guiraud et Anne Fraquet, auteurs du livret programmatique de la France insoumise consacrée à la question. Quant à son coût de 2,8 milliards d’euros « son fi nancement sera assuré par le budget de l’État en incluant notamment des aides déjà existantes ».

4. INTERDICTION DES EXPULSIONS LOCATIVES

Tous les ans, de nouveau records sont atteints. En 2015, il y a eu 14 663 expulsions locatives avec le concours des forces de l’ordre. Soit une hausse de 24 % par rapport à 2014 et de 127 % depuis 2001, selon les données de la Fondation Abbé-Pierre. Pris en tenaille entre la hausse des prix des logements, qui ont doublé entre 1998 et 2008, et la stagnation des salaires, voire la perte d’emploi et la précarisation, les ménages modestes ont de plus en plus de difficultés à faire face à leurs charges locatives. Face à ce fléau, Jean-Luc Mélenchon propose d’interdire les expulsions sans relogement. Au-delà, le candidat, reprenant à son compte une proposition de la Confédération nationale du logement, veut créer « une sécurité sociale  du logement, avec une garantie universelle des  loyers qui a l’avantage de supprimer les expulsions locatives et de faciliter l’accès de tous  à un logement ». Il s’agirait aussi pour y parvenir de « construire 200 000 logements publics  par an pendant cinq ans aux normes  écologiques ».

5. MOINS DE TVA SUR LES PRODUITS DE PREMIÉRE NÉCÉSSITÉ

La TVA, un impôt injuste ? Elle « représente 1 300 euros, soit 11,5 %  du niveau de vie des plus  pauvres, contre 3 600 euros, soit  5,9 % de celui des plus riches », selon l’Observatoire des inégalités. Dans un budget, même le taux « réduit » à 5,5 % appliqué aux produits de première nécessité peut donc peser lourd. Jean-Luc Mélenchon propose de le réduire et de re
venir sur les dernières hausses. Certains soutiens du candidat, notamment le PCF, estiment même qu’il faut supprimer cette taxe sur les produits de première nécessité. S’il n’existe pas de définition officielle de ces derniers, cette mesure concernerait les achats indispensables à « une vie digne » comme l’alimentation, l’électricité, le gaz… Au total, avec cette mesure, assortie d’autres
dispositions comme la gratuité des premiers mètres cubes d’eau ou de la cantine, c’est sur une « baisse d’au moins  100 euros par mois sur les dépenses contraintes » que mise l’équipe de Jean-Luc Mélenchon. Pour financer cette réduction de TVA, une taxe « grand luxe » verrait le jour et rapporterait, selon les économistes de FI, « 5 milliards  d’euros ».

6. CANTINE, TRANSPORT, PÉRISCOLAIRE :  GRATUITÉ RÉELLE DE L’ÉDUCATION PUBLIQUE

En France, depuis le début des années 1880, l’éducation est publique, laïque et gratuite. Enfin, gratuite, c’est sur le papier, car s’il est vrai que l’État dépense en moyenne, tous niveaux confondus, aux alentours de 7 500 euros par élève chaque année, il reste aux familles à débourser en moyenne 760 euros par an, selon le ministère de l’Éducation nationale lui-même (et jusqu’à 1 250 euros pour les élèves des lycées professionnels). Cantines, fournitures, manuels, transport, sorties… la liste est longue des coûts annexes qui mettent à mal le principe de gratuité et l’égalité entre les élèves. Pour enfin tenir cette promesse républicaine, le candidat de la France insoumise s’engage à mettre en œuvre la « gratuité réelle  de l’éducation publique, y compris les cantines,  le transport, les activités périscolaires, les manuels  scolaires, ainsi que des fournitures sans marque,  pour assurer une réelle égalité des conditions  entre élèves et lutter contre l’intrusion marchande  à l’école ».

7.  RETRAITE À 60 ANS À TAUX PLEIN AVEC 40 ANS DE COTISATION

Les études sur la retraite se suivent et se ressemblent… La réforme de 2010 et celle de 2014 ont deux conséquences : une perte d’« environ un an et demi de vie à la  retraite », mais aussi une baisse du montant des pensions pouvant atteindre jusqu’à 10 %, en raison des décotes et du manque de trimestres du fait du chômage et de la précarité qui touchent d’autant plus les salariés les moins bien payés. Pour corriger ces injustices, Jean-Luc Mélenchon propose de restaurer le départ à la retraite à 60 ans à taux plein et de ramener la durée de cotisation pour une retraite complète à quarante ans. Mais le candidat propose aussi une revalorisation des pensions de retraite afin qu’« aucun salarié  ne touche une retraite inférieure  au Smic ». La minimum vieillesse sera de son côté porté au niveau du seuil de pauvreté. Pour financer ces mesures, il est prévu la mise à contribution des revenus financiers des entreprises, mais aussi de mettre fin aux exonérations fiscales pour les régimes de retraite par capitalisation.

8. 100 % DE PRODUITS BIO DANS LES CANTINES

Changement climatique, protection de la biodiversité ou encore enjeux sanitaires imposent un changement de modèle pour tendre vers plus de durabilité. Dans ce contexte, instaurer le bio dans les cantines prend tout son sens. C’est l’une des propositions portées par Jean-Luc Mélenchon, qui prône une alimentation 100 % biologique dans les structures publiques d’ici cinq ans. Pour y parvenir, le candidat de la France insoumise envisage de proscrire les pesticides. Il souhaite aussi privilégier systématiquement les circuits courts et les productions locales dans la commande publique. Alors que 89 % des parents souhaitent que des produits bio soient proposés à leurs enfants dans les cantines, moins de 5 % de celles-ci ont passé le cap. Pourtant, manger bio et local dans les cantines, c’est possible sans que cela coûte plus cher ! En privilégiant des produits de saison et locaux, des villes en ont fait l’expérience. Mouans-Sartoux (Alpes) sert ainsi des plats 100 % bio dans ses cantines. Elle y est parvenue en créant une régie municipale agricole. La commune de Grande-Synthe (NordPas-de-Calais) a elle aussi atteint l’objectif, sans que cela coûte davantage aux familles. Les départements s’y mettent à leur tour. Les PyrénéesAtlantiques ont instauré le bio dans les collèges, sans augmentation des dépenses, en formant les cuisiniers, en privilégiant les circuits courts et en mutualisant les achats.

9. LA GARANTIE D’UN ACCÉS MINIMUM À L’EAU, AU GAZ ET À L’ÀLECTRICITÉ

En France, l’eau coule à flots. Pourtant la « précarité hydrique » fait de plus en plus de victimes. Les personnes incapables de s’acquitter de leur facture d’eau face à des hausses de tarifs sont chaque année plus nombreuses. Malgré l’interdiction de coupure, de nombreux fournisseurs d’accès privés (Veolia et Suez en tête) bloquent de plus en plus les arrivées d’eau pour impayés (au moins 100 000 cas de coupures par an en France). Alors que 9 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté dans notre pays (soit avec moins de 1 000 euros par mois), Jean-Luc Mélenchon souhaite faire face à cette précarisation croissante des conditions de vie en instaurant la gratuité d’accès à des quantités d’eau, d’électricité et de gaz « indispensables à une vie digne ». Parmi les mesures visant à instaurer un véritable « droit à l’eau », « l’Avenir en commun » propose de faire appliquer « l’interdiction de coupure d’eau et de réduction de débit au domicile principal ».

10. VERS LES 32 HEURES DE TRAVAIL PAR SEMAINE

Si, depuis la réforme du temps de travail au début des années 2000, la durée légale est de 35 heures hebdomadaires ou 1 607 heures annuelles pour les salariés à temps complet, d’après la dernière étude de la Dares, la durée habituelle hebdomadaire de travail était de 39,1 heures en 2015, sans tenir compte des congés et RTT. Les cadres, souvent au forfait jours, travaillaient en moyenne 43,2 heures par semaine en 2015. Chez les ouvriers et employés, de nombreuses heures supplémentaires cachées sont effectuées via des système de modulation qui permettent aux employeurs d’augmenter la durée du temps de travail en cas de pic d’activité et de vider les compteurs en période basse sans heures supplémentaires. C’est pour s’attaquer à ce phénomène que Jean-Luc Mélenchon appelle dans un premier temps à un passage réel aux 35 heures, à revenir sur les systèmes d’annualisation, de forfaits jours, d’extension du travail dominical et à majorer les heures supplémentaires. Dans un second temps, le candidat projette d’aller vers une réduction du temps de travail à 32 heures, une mesure de nature à créer des emplois en répartissant le travail.


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