Débat télévisé : Marine Le Pen, de l'à peu près aux mensonges
Parmi les mensonges ou approximations de Marine Le Pen proférés hier soir lors du débat de TF1 entre candidats à l’élection présidentielle, nous en avons relevé trois qui méritaient que l’on s’y attarde.
« Il y a une explosion de la délinquance y compris dans les villages les plus reculés ».
Marine Le Pen a du mal lire les statistiques du Ministere de l’Interieur, qui dans son « premier bilan statistique » sur « l’insécurité et la délinquance en 2016 » (paru en janvier 2017) détaille une « carte des violences par région (qui) montre que l’Ouest est épargné de même que les petites communes rurales et les petites villes ». Certes, les violences physiques et sexuelles restent à un niveau (trop) élevé (892 victimes d’homicides en 2016 contre 872 en 2015 par exemple), mais enregistrent une progressaient « modérée » (203000 victimes de violences en 2012, 214800 en 2016) et « pour la troisième année consécutive, les vols avec arme ou les vols violents mais commis sans l’usage d’une arme sont en net recul » (-4%, soit 100000 infractions constatées par les forces de l’ordre).
Selon ce même rapport, les vols liés à l’automobile sont en baisse, les cambriolages de logement enregistrent « une stabilisation depuis 2012, après une forte hausse entre 2008 et 2011 ». Les vols sans violence en revanche, malgré une baisse « tendancielle » depuis « au moins 2008 », ont subi une légère hausse entre 2015 et 2016: « 704200 en 2016″… Récapitulons: certes les homicides augmentent (+2%, contre +9% en 2015), comme les coups et blessures (+1%, contre +2% en 2015), comme les cambriolages de logement (+4%, après une baisse en 2014 et 2015) ou les vols avec violence (+1%, après une légère baisse en 2015). En revanche, les vols automobiles sont en forte baisse (-3% pour les vols de véhicules, -1% pour les vols dans les véhicules, -8% pour les vols d’accessoires). Quant aux vols avec armes, ils enregistrent une baisse record de 12%! L’année 2016, si elle est « moins bien orientée que 2016 », ne témoigne pas d’une « explosion de la délinquance ».
Selon ce même rapport, les vols liés à l’automobile sont en baisse, les cambriolages de logement enregistrent « une stabilisation depuis 2012, après une forte hausse entre 2008 et 2011 ». Les vols sans violence en revanche, malgré une baisse « tendancielle » depuis « au moins 2008 », ont subi une légère hausse entre 2015 et 2016: « 704200 en 2016″… Récapitulons: certes les homicides augmentent (+2%, contre +9% en 2015), comme les coups et blessures (+1%, contre +2% en 2015), comme les cambriolages de logement (+4%, après une baisse en 2014 et 2015) ou les vols avec violence (+1%, après une légère baisse en 2015). En revanche, les vols automobiles sont en forte baisse (-3% pour les vols de véhicules, -1% pour les vols dans les véhicules, -8% pour les vols d’accessoires). Quant aux vols avec armes, ils enregistrent une baisse record de 12%! L’année 2016, si elle est « moins bien orientée que 2016 », ne témoigne pas d’une « explosion de la délinquance ».
« Le nombre de clandestins arrivés en Italie au 1er janvier est 66,8% plus important qu »à la même période l’année dernière et ça c’est chaque année. »
Le chiffre de 66,8% de hausse de l’immigration clandestine en Italie entre 2015 et 2016 (entre les statistiques arrêtées du 1er janvier 2016 et du 1er janvier 2017 donc) avancé par Marine Le Pen est introuvable. Si l’arrivée de clandestins se fait en Italie, l’accord signé entre l’Union européenne et la Turquie (prévoyant le renvoi en Turquie de tout migrant arrivé clandestinement en Grèce) n’y est pas étranger, mais Marine Le Pen, si prompte à dénoncer habituellement l’Europe, n’en fait pas mention. Même le directeur de l’agence européenne pour la gestion des frontières (Frontex), Fabrice Leggeri, s’émeut de la situation et demande des « moyens d’immigration légale » pour les personnes qui fuient les zones de crise, « non seulement pour la protection des migrants mais aussi pour empêcher des terroristes ou des criminels » d’entrer dans l’Union européenne.
Quant au porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU, William Spindler, interrogé par Le Parisien en septembre 2016, il estime que bien que les arrivées en Italie se soient poursuivies à un rythme constant (le ministère italien de l’Intérieur annonce 181000 arrivées en 2016), « ceux qui arrivent en Italie sont plus nombreux à y rester », précise Spindler. Un rapport de l’institut italien de recherche socioéconomique Censis précise même que les plus de 5 millions d’étrangers qui vivent en Italie (8,2% de la population) et participent à la création de richesse nationale (ils représentent par exemple 70%M des emplois de service) sont répartis « de manière diffuse » sur le territoire et empêchent l’émergence d’un « phénomène des banlieues françaises ». Un plaidoyer à la fois pour l’accueil des étrangers et contre la ghettoïsation. Qui dit mieux?
« La Laïcité n’a pas été remise en cause par personne depuis un siècle. »
Marine Le Pen n’a certes encore jamais proposé, comme son idole américaine Donald Trump, de supprimer la loi qui sépare églises et politiques (notamment pour le financement des seconds par les premières). Mais elle oublie les attaques de son propre parti contre la laïcité, essentiellement parce qu’elle feint de n’en connaître ni la définition – « la liberté imposée aux religions et non la répression des religions » disait l’historien spécialiste des religions Jean Baubérot dans l’Humanité en février 2014 – ni la finalité – « la non-discrimination pour raison de religion », selon la même source. Voilà comment sa nièce Marion Maréchal, pièce maîtresse du dispositif frontiste de la guerre culturelle contre les musulmans, peut dire (en novembre 2015 sur RTL) qu’en France, les musulmans « ne peuvent avoir exactement le même rang que la religion catholique ».
Dans le parti d’extrême droite, on rappelle d’ailleurs volontiers les « racines chrétiennes de la France ». D’ailleurs, Mathieu Lépine rappelle comment le Front National, par les voix de plusieurs fédérations départementales, mais aussi de Florian Philippot, Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen elle-même, a salué (plusieurs communiqués étaient même sobrement intitulés « Habemus papam ») la retraite du pape Benoît XVI et l' »élection de son successeur François, qualifiant l’église catholique de « notre Eglise », la France de « fille aînée de l’Eglise », et attribuant à « sa Sainteté » le pape la « haute mission » de « fixer la règle. Et dire qu’hier lors du débat, Marine Le Pen a ironisé sur ces candidats qui ne serviraient pas « l’indépendance de la France »…
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