Le comité d’entreprise européen du groupe saisit la justice contre le recours à des salariés anglais pendant la grève.
«C’est une première en Europe, ça n’est jamais arrivé », explique David Gobé. Le cheminot, secrétaire CGT du comité d’entreprise européen (CEE) du groupe SNCF, essuie les plâtres. Son instance, qui rassemble 18 organisations syndicales d’Europe, s’apprête à « engager une procédure en référé-liberté pour atteinte au droit de grève », annonce le CEE par communiqué.
En clair : une action en justice contre une administration ou un organisme de service public coupable de porter atteinte à une liberté fondamentale.
L’affaire remonte aux 21 et 22 mars et concerne des salariés britanniques d’Eurostar « sollicités par leurs dirigeants pour remplacer les salariés grévistes aux ateliers du Landy », à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Une pratique autorisée au Royaume-Uni mais interdite en France. « Un droit d’alerte avait d’ailleurs été déposé dès le 21 par le CHSCT du Landy pour absence de plan de prévention garantissant la sécurité des salariés concernés », poursuit le syndicaliste. Face au refus de la direction de reconnaître les faits, le CEE, dont les prérogatives sont uniquement transnationales, a donc décidé de porter l’affaire en justice. « Le comité a toute compétence en la matière et l’objectif est de faire reconnaître que la direction de la SNCF met en place des méthodes clairement antisyndicales, précise David Gobé. Nous avons les preuves nécessaires et attendons encore des témoignages de salariés anglais. »
L’instruction risque de prendre quelques mois, d’autant que le cas ne s’est jamais présenté auparavant. Mais cette affaire s’ajoute à d’autres visant toutes à faire taire la contestation cheminote. Dans ce contexte, « l’ensemble des membres » du CEE ont réaffirmé « toute leur solidarité à la lutte des cheminots français ».