L’historien Roger Martelli, directeur de la publication de la revue Regards, répond à Djordje Kuzmanovic, orateur national de la France insoumise et candidat FI aux européennes, sur les questions migratoires.
Dans un entretien publié sur site de l’Obs, Djordje Kuzmanovic, présenté comme le conseiller de Jean-Luc Mélenchon et candidat potentiel de la France insoumise aux prochaines européennes, affirme son soutien aux analyses de l’Allemande Sahra Wagenknecht, l’une des principales figures du parti Die Linke. Se fixant l’objectif « de ralentir, voire d’assécher les flux migratoires » par le recours à un « protectionnisme solidaire », il fustige « la bonne conscience de gauche ». « Lorsque vous êtes de gauche et que vous avez sur l’immigration le même discours que le patronat, il y a quand même un problème », assène-t-il. Mais n’est-on pas en droit de s’étonner plus encore quand, se réclamant de la gauche, on tient des propos qui pourraient être taxés de proches du discours d’extrême droite ?
Laissons les polémiques malsaines au vestiaire. Discutons des arguments retenus.
1. Le capitalisme contemporain est-il pour la libre circulation des personnes, comme il l’est pour celle des marchandises et des capitaux ? Sur le papier seulement : dans la pratique, la force de travail est la seule marchandise qui ne circule pas en pleine liberté. En fait, l’objectif fondamental du capital est de maximiser la compétitivité par la réduction globale des coûts salariaux. Or, à l’échelle de la mondialisation, cette réduction s’opère avant tout dans les zones de faible prix du travail, dans l’ensemble des pays du Sud, y compris les États dits émergents.