Le gouvernement a fait beaucoup de communication autour de son plan vélo lancé le 14 septembre, alors qu’il avait été repoussé à plusieurs reprises. Il n’en valait pas tant, très loin de là. En termes de politique cyclable, le point clé est l’investissement dans la création de nouveaux aménagements et de places de stationnement. Et le constant est sans appel : la France est en queue du peloton européen en matière de politique cyclable et va le rester.
Les États danois et néerlandais investissent depuis des années 4 euro par habitant et par an. Nous avons un retard colossal par rapport à eux. Et les pauvres 50 millions par an, soit 0,7 euro par an et par habitant annoncés par le gouvernement ne suffiront pas du tout à rattraper notre retard.
Au contraire ce retard va s’accentuer.
Une politique vélo est pourtant essentielle. Passer de 3 à plus de 10% de parts de déplacements à vélo est extrêmement bénéfique pour l’environnement et la santé . Cela permettrait de faire reculer massivement la pollution de l’air qui tue des dizaines de milliers de personnes par an en France, et de lutter efficacement contre le surpoids et l’obésité. Une grande partie des déplacements de 1 à 10 kilomètres, très nombreux dans les zones urbaines et péri-urbaines, pourraient être réalisés à vélo. Et à l’échelle des autres éléments d’une politique de déplacements, une vraie politique vélo est extrêmement efficace.
L’investissement très faible proposé par le gouvernement pour les aménagements cyclables est d’autant plus alarmant que les collectivités ont été saignées financièrement par les baisses de dotations de l’Etat. Elles ont baissé massivement, de plusieurs milliards d’euros par an, leurs investissements dans l’aménagement des voiries, ce qui pèse sur leurs politiques en faveur du vélo.
Pour une vraie politique vélo en France, pour rattraper le Danemark et les Pays-Bas, le PCF propose d’investir 500 millions d’euros par an dans les aménagements cyclables, de lancer un programme de développement de stationnement vélo en gare de plusieurs centaines de milliers de places. Cela permettrait à l’Etat de financer les aménagements structurants à hauteur de 70%, et de ne pas compter sur des cofinancements importants venant des budgets exsangues des collectivités.
Pour financer cet investissement, il y a des solutions : augmenter la taxe locale sur les bureaux des entreprises, la taxe sur les parkings des hypermarchés. Ces recettes fiscales peuvent dégager des milliards d’euros par an, largement de quoi financer une politique vélo à la hauteur des besoins.
La bataille pour une vraie politique vélo est très loin d’être gagnée. Les émissions de gaz à effet de serre dues au transport augmentent dangereusement en France, alors qu’il faut qu’elles baissent drastiquement pour lutter contre le réchauffement climatique. Il y a urgence.
Jacques Baudrier, animateur du collectif PCF mobilités