Génération identitaire attaque en justice Thomas Portes et Madjid Messaoudene, deux militants de la solidarité qui ont dénoncé sa campagne anti-migrants.
Ce jeudi 20 septembre, deux militants de la solidarité avec les migrants sont cités à comparaître devant la 17e chambre correctionnelle de Paris, à la suite de plaintes déposées par Génération identitaire, l’un des groupuscules d’extrême droite agissant en France. Thomas Portes, cheminot syndicaliste et communiste de Montauban, et Madjid Messaoudene, élu Front de gauche chargé de la lutte contre les discriminations à la mairie de Saint-Denis, les avaient qualifiés via Twitter de « néonazis ». Les activistes de Génération identitaire ont déposé plainte pour « injures publiques », dommages et intérêts exorbitants à la clé.
Le 21 avril dernier, une soixantaine de militants d’extrême droite proches de Génération identitaire, en blousons bleus sur lesquels était inscrit « Defend Europe », avaient bloqué le passage de migrants au col de l’Échelle (Hautes-Alpes), à la frontière franco-italienne. Deux hélicoptères, loués sous le fallacieux prétexte de prises de vue aériennes à une société qui s’est désolidarisée de l’opération, survolaient la zone. Il ne s’agissait pas de leur première opération commando. Ce groupuscule, déjà fâcheusement connu des associations de défense des droits de l’homme, s’était fait remarquer au cours de l’été 2017, pour avoir avec d’autres groupes extrémistes européens tenté d’entraver le sauvetage en mer de migrants par des militants d’ONG humanitaires.
Thomas Portes considère que, par ce type de plainte, l’extrême droite cherche à museler les voix qui s’élèvent pour dénoncer des comportements de haine et xénophobes. Car si les activistes de Génération identitaire ne sont inquiétés ni pour leurs actes ni pour l’expression de leur haine, leurs contradicteurs ont été inquiétés. Yannis Youlountas, écrivain et réalisateur franco-grec, et Jean-Jacques Rue, journaliste satirique, avaient vivement dénoncé l’action de Génération identitaire en Méditerranée durant l’été 2017 : si le premier a été relaxé en première instance, le second a été condamné à trois mois de prison avec sursis pour un commentaire sur Facebook et « incitation à la violence ».
Inquiétante passivité du gouvernement
Le laisser-faire des autorités françaises, du gouvernement et de son ministre de l’Intérieur, interroge et inquiète. Une attitude que les animateurs respectifs des deux comités de soutien qui travaillent ensemble à recueillir des signatures de personnalités, de politiques, de syndicalistes, de citoyens pour appuyer l’action des militants (1) ont dénoncée lors d’une conférence de presse, la semaine dernière à Paris. Marie-Christine Vergiat et Marie-Pierre Vieu, députées au Parlement européen, y ont appelé à manifester une vigilance accrue contre l’extrême droite, qui reprend du poil de la bête en Europe. La première n’oublie pas qu’il y a quelques jours, au Parlement européen, le Hongrois Viktor Orban et sa politique de rejet et de haine contre les migrants ont été applaudis à tout rompre par les élus de l’extrême droite et de la droite extrême. Logique, complète Marie-Pierre Vieu : les dirigeants libéraux s’appuient de plus en plus sur les forces d’extrême droite pour tenter de légitimer leurs politiques. « Le libéralisme se conjugue avec des politiques liberticides. »
Les deux comités de soutien appellent à des rassemblements, ce jeudi à 13 h 30 devant le tribunal d’instance de Paris (métro Porte-de-Clichy, 17e arrondissement) et samedi 29 septembre à 10 heures à Montauban devant la préfecture.
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