Ça commence mal pour la réforme du baccalauréat professionnel, présentée en mai dernier par le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer et baptisée « lycée des métiers », et qui doit entrer en vigueur à la rentrée 2019. Une réforme qui vise une meilleure insertion professionnelle des lycéens et entend redorer l’image de filière pro, souvent dévalorisée et marquée socialement alors qu’elle concerne près de 700 000 élèves, soit 38 % des lycéens en France.
« La mobilisation est importante »
La Haute-Garonne compte 25 lycées professionnels (72 dans l’académie de Toulouse), ses effectifs sont à la baisse cette année avec 7655 élèves (- 135 par rapport à 2017). Plus de 1130 enseignants sont concernés par la réforme. En début d’après-midi devant le rectorat de Toulouse, près d’une centaine de professeurs de lycée professionnel ont manifesté leur inquiétude, répondant ainsi à l’appel à la grève lancé sur le plan national par plusieurs syndicats enseignants du second degré – CGT Educ’action, Snuep-FSU, du Snep-FSU, Sud Education et le Snalc. Selon ces derniers, « la mobilisation est importante dans les établissements ».
En substance, la réforme Blanquer fait craindre aux enseignants une baisse des heures concernant la pratique professionnelle au lycée et la diminution des heures de cours pour les matières générales (français, langues étrangères) qui impacterait les chances d’obtenir une place de choix dans l’enseignement supérieur. « Ça se conjugue avec Parcoursup et on voit que la grande majorité des élèves qui n’ont pas d’affectation cette année sont issus de la voie pro, explique Corinne Vaulot, professeur de lettres au lycée Françoise de Tournefeuille.
Moins d’heures de cours de matières générales
Si on leur supprime des heures de cours dans les matières générales, comment voulez-vous qu’ensuite ils obtiennent une place en BTS ? Les économistes parlent d’une bipolarisation des emplois et ce qu’on veut c’est une main-d’œuvre qui se retrouvera déqualifiée ». Abdallah Amghar, professeur d’économie-gestion à cheval sur trois établissements cette année, estime que la réforme Blanquer « n’apportera strictement rien de bien ».
« Ça va aggraver nos conditions de travail et celles de nos élèves, poursuit-il. Dix ans après la généralisation du bac pro en trois ans – avant c’était quatre ans –, ça a mécaniquement conduit à une diminution des heures d’enseignement, général et professionnel. Aujourd’hui, la réforme Blanquer va entraîner une baisse des dotations horaires de 30 à 60 % pour des disciplines fortement affectées et une baisse des heures de cours élèves de 10 à 15 %. Comme français, histoire-géo, arts appliqués, langues étrangères. Idem pour les programmes de maths et science. En même temps, on revoit les programmes pour les rendre utilitaristes et enlever toute la dimension culturelle qu’ils contiennent dans la réforme de 2009. »
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