Quelle direction nationale pour le PCF?

Les médias ont largement repris ce qui a malheureusement été dit par certains au conseil national, le choix d’une base commune qui n’est pas celle proposée par l’exécutif ne serait qu’une question de casting… Et les médias évidemment, qui le plus souvent ne relatent de la vie politique que ces péripéties de casting, cherchent des noms, opposant par exemple Pierre Laurent et André Chassaigne.

Les communistes savent bien que le fonds du choix de la base commune était une question de contenu, d’analyse politique, de choix stratégique, et que le travail sur cette base commune du manifeste les mobilise pour un congrès extraordinaire qui doit d’abord construire, partager et donc adopter une nouvelle orientation politique. C’est sur cette base qu’il faudra aussi discuter et définir une direction nationale pour faire vivre cette orientation dans les années qui viennent.

Cependant, ce choix d’une direction, loin d’un casting, doit être préparé pour réussir le congrès. Il ne s’agit pas de reproduire la technique mensongère du mouvement en marche d’un « appel aux candidatures » dont on sait qu’à la fin, c’est l’Elysée qui décide. Il doit s’agir de répondre d’abord à la question « quel parti pour cette stratégie » et donc « quelle direction pour ce parti ».

De ce point de vue, l’annonce par Pierre Laurent de sa candidature était prématurée et parait ainsi précipitée par un choix de base commune qu’il ne veut ou ne peut pas assumer comme secrétaire national. Elle dit en quelque sorte, « je veux continuer à défendre l’orientation que les communistes ont mis en minorité« .

Il paraissait normal alors de montrer qu’il y aurait bien un débat sur la direction nationale au congrès et on peut comprendre que d’autres responsables du parti communiste fasse connaitre leur « disponibilité ». Cela dit, le débat doit d’abord porter sur le rôle et donc le type de direction qui doit être adoptée par le congrès. Le PCF n’a rien à gagner au « bal des égos » que connaissent tous les autres partis politiques. Continuer la lecture de Quelle direction nationale pour le PCF?

Lucien Sève : « Nous vivons l’entrée historique du capitalisme en phase terminale »

Le bicentenaire de la naissance de Marx, la sortie de Capital, exit ou catastrophe… de bons prétextes pour un entretien, rare, avec le philosophe Lucien Sève. Il nous ouvre son appartement à Bagneux pour revenir sur son parcours intellectuel et politique.

Reportage extrait du numéro d’été 2018 de Regards.

Regards. Comment situez-vous la présence de Marx aujourd’hui ?

Lucien Sève. En vraie hausse, par-delà l’effet de mode. Marx était tombé dans un puits d’indifférence avec la vague néolibérale qui a déferlé depuis les années soixante-dix. Pendant trente ans, le travail que nous avons poursuivi en ce domaine s’est fait dans la soute. Inaudible. Mais la grande crise financière de 2007-2008 a remis en lumière sa critique du capitalisme. Des milieux financiers même est venue l’idée que ce qu’il avait montré dans Le Capital gardait une pertinence. Et, dans la foulée, on a vu commencer à remonter l’audience du Marx penseur de bien des questions majeures. Par exemple, de l’aliénation, telle du moins qu’il la concevait dans sa jeunesse et que s’y intéresse toujours l’École de Francfort.

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