Quelle lecture sociale faire du mouvement des gilets jaunes ?

Photo : François Guillot/AFP

Photo : François Guillot/AFP

Avec Jean-Michel Galano, philosophe, Béatrice Tracol, gilet jaune à Bourg-Argental (Loire), Fabien Marcot, membre du collectif le Temps des lilas et Jean-Claude Mairal, président du conseil de développement du pays Vichy-Auvergne.

Rappel des faits. Après deux journées nationales de protestation, l’expression populaire questionne le champ social du pays.

  • Le dur de la vie par Jean-Michel Galano, philosophe

Jean Michel Galanopas de credit(libre de droit)Le mouvement des gilets jaunes devrait rappeler à tout le monde quelques vérités élémentaires. Oui, ce mouvement frappe par sa brutalité, par son populisme, par son absence massive de culture politique et plus encore de solidarité, par la xénophobie qui s’y exprime sans complexe. Sans parler de son caractère violemment anti-étatiste. Pas de revendications concernant les services publics, ni le pouvoir d’achat, ni même le désenclavement des territoires « oubliés de la République ». Rien de rien sur l’écologie. Pas de remise en cause du capital, ni de la politique de Total, aucune solidarité, bien au contraire, avec des luttes fédératrices comme celles des cheminots ou des personnels hospitaliers.

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Violences faites aux femmes: une plateforme en ligne pour signaler les faits

Violences faites aux femmes: une plateforme en ligne pour signaler les faits
Une femme lève le poing lors d’une manifestation contre les violences faites aux femmes, le 24 novembre 2018 à Marseille ©BORIS HORVAT, AFP

Au lendemain de rassemblements dans l’hexagone contre les violences sexistes et sexuelles, le gouvernement annonce le lancement d’une plateforme de signalement en ligne des violences sexistes et sexuelles.

Le site internet est accessible via service-public.fr ou www.signalement-violences-sexuelles-sexistes.gouv.fr!

Une plateforme de signalement en ligne des violences sexistes et sexuelles est lancée ce mardi par le gouvernement à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Initialement attendue pour octobre, cette plateforme sera «opérationnelle 24 heures/24 via le site service-public.fr», a précisé le chef du gouvernement dans une tribune publiée sur le réseau social Facebook. «Elle permettra aux victimes ou aux témoins d’échanger avec un policier ou un gendarme spécialement formé pour les aider dans leurs démarches», a ajouté Edouard Philippe.

«C’est le premier des jalons, technique et politique, pour éradiquer les violences sexistes et sexuelles», a-t-il estimé. «Désormais quelques clics peuvent aider chacune à prendre un nouveau départ : pour soi, pour sa famille. Et peut-être pour éviter le pire», a insisté le Premier ministre. Promise il y a un an par le président Emmanuel Macron, la plateforme doit être lancée en présence de la secrétaire d’Etat à l’Égalité femmes-hommes Marlène Schiappa et des ministres de l’Intérieur et de la Justice, Christophe Castaner et Nicole Belloubet.

En 2016, 123 femmes avaient été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit environ une tous les trois jours.

La couleur des gilets jaunes

par Aurélien Delpirou , le 23 novembre

Jacquerie, révolte des périphéries, revanche des prolos… Les premières analyses du mouvement des gilets jaunes mobilisent de nombreuses prénotions sociologiques. Ce mouvement cependant ne reflète pas une France coupée en deux, mais une multiplicité d’interdépendances territoriales.

La mobilisation des gilets jaunes a fait l’objet ces derniers jours d’une couverture médiatique exceptionnelle. Alors que les journalistes étaient à l’affut du moindre débordement, quelques figures médiatiques récurrentes se sont succédé sur les plateaux de télévision et de radio pour apporter des éléments d’analyse et d’interprétation du mouvement. Naturellement, chacun y a vu une validation de sa propre théorie sur l’état de la société française. Certains termes ont fait florès, comme jacquerie — qui désigne les révoltes paysannes dans la France d’Ancien Régime — lancé par Éric Zemmour dès le vendredi 16, puis repris par une partie de la presse régionale [1]. De son côté, Le Figaro prenait la défense de ces nouveaux ploucs-émissaires, tandis que sur Europe 1, Christophe Guilluy se réjouissait presque de la fronde de « sa » France périphérique — appelée plus abruptement cette France-là par Franz-Olivier Giesbert — et Nicolas Baverez dissertait sur la revanche des citoyens de base.

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