Pourquoi le Snes-FSU appelle-t-il les professeurs à se mobiliser ce vendredi ?
Frédérique Rolet Après les annonces du ministre de 2 650 suppressions de postes l’année prochaine, nous avions déjà lancé un préavis de grève courant jusqu’au 22 décembre. Mais nous avons maintenant un mouvement qui monte dans les lycées depuis près de quinze jours. Les lycéens mesurent les conséquences de la plateforme Parcoursup – qui va rouvrir le 20 décembre alors qu’aucun bilan officiel n’en a été produit. Nous avions pourtant demandé un vrai examen, contradictoire, pour faire le point sur les non-affectations, les affectations insatisfaisantes… Nous le demandons toujours, ainsi que la communication des algorithmes locaux.
Il y a aussi la réforme du lycée…
Frédérique Rolet Oui et elle inquiète les familles, car il reste beaucoup d’inconnues. On commence à y voir plus clair sur les « spécialités » du nouveau bac : les établissements se demandent s’ils auront les moyens de faire vraiment exister celles qu’ils ont prévu de proposer. Tout ça sous-tend ce mouvement lycéen, qui, cette fois, est plus fort dans les villes moyennes et les quartiers populaires que dans les grandes villes. C’est logique, car c’est là que se concentrent les inquiétudes sur l’offre de formation, ou sur les conséquences du contrôle continu au bac – qui risque de désavantager ceux qui ne seront pas issus des établissements les plus cotés…
Comment jugez-vous la réponse du ministre à ce mouvement ?
Frédérique Rolet On a eu des élèves blessés, parfois gravement. Nous avons dit au ministre qu’il fallait envoyer un signe, organiser une table ronde avec les organisations de lycéens, d’enseignants, de parents. La seule réponse a été des appels au calme et un discours hallucinant sur « tout le monde est enthousiasmé par mes réformes »… mais aucun geste d’ouverture. Au contraire : par exemple, dans les Bouches-du-Rhône, le directeur académique des services de l’éducation nationale a donné instruction à tous les chefs d’établissement d’empêcher toute réunion entre professeurs, parents d’élèves, élèves ! Le gouvernement attend les vacances en espérant que ça va régler le problème. Ça risque d’être un espoir vain. D’autant que, en janvier, nous connaîtrons les dotations des établissements pour l’an prochain, et là, les conséquences des suppressions de postes vont se faire sentir…
Dans ses annonces, le 10 décembre, Emmanuel Macron a, semble-t-il, « oublié » les fonctionnaires…
Frédérique Rolet Il cherche à diviser en opposant public et privé. Or, beaucoup d’agents de la fonction publique, territoriaux en particulier, vont se retrouver avec des salaires inférieurs au Smic allongé des 100 euros de prime. Par ailleurs, les 10 milliards d’euros de dépenses publiques annoncées, il va falloir les trouver quelque part… Non seulement nous n’avons rien, mais nous risquons de subir une nouvelle dégradation de nos conditions de travail.
Que réclamez-vous ?
Frédérique Rolet Il faut revenir sur les réformes du lycée et du bac, sur les suppressions de postes et, côté rémunérations, acter le dégel du point d’indice, bloqué depuis des années. Cela ne va pas s’arrêter : nous appelons d’ores et déjà à un rassemblement à Paris, le 19 décembre, quand seront publiées les dotations par académie. Et, en janvier, c’est l’ensemble de la fonction publique qui sera appelé à se faire entendre.
Secrétaire générale du Snes-FSU