La loi « haine » va transformer Internet en télévision

 

par La Quadrature du Net,

Nous publions ci-dessous, sous forme de tribune, un article de La Quadrature du Net qui revient sur le rôle du CSA dans la proposition de loi « contre la haine en ligne » actuellement examinée par l’Assemblée Nationale. Et alerte sur des dispositions qui vont contribuer à faire d’Internet un ORTF 2.0. (Acrimed)

La proposition de loi portée par Laetitia Avia prétend vouloir faire du CSA « l’accompagnateur des plateformes » dans la lutte « contre la haine en ligne ». En réalité, la loi va beaucoup plus loin. Comme cela est redouté depuis plusieurs années, elle amorce la transformation de l’autorité en un grand régulateur de l’Internet, dans la droite lignée du « Comité Supérieur de la Télématique » fantasmé par François Fillon dès 1996. Entretenant la dangereuse confusion entre Internet et la télévision, la loi Avia participe à la centralisation et à l’extra-judiciarisation de l’Internet. Quitte à risquer de le transformer en une sorte de sombre ORTF 2.0.

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Les gaz lacrymogènes : dangereux pour la santé, mais… silence d’État !

15 mars 2018  (Reporterre)

 

Les gaz lacrymogènes sont largement utilisés par les gouvernements français. Leur composition évolue vers plus de toxicité, semble-t-il, ce qui est nocif pour les manifestants et… pour les policiers. Mais à la différence de tout autre produit chimique, fabricants et État ne disent rien sur sa composition. La transparence est nécessaire. Reporterre ouvre cette question de santé publique.

On pourrait penser que la composition des grenades lacrymogènes déversées abondamment sur les manifestants – mais aussi à usage privé, dans des cartouches de défense individuelle – est bien connue, étant donnés les enjeux de santé publique que pose leur emploi massif. Mais ces composés chimiques lacrymogènes et leurs effets sur la santé demeurent en France dans une opacité strictement gardée. Un tabou complet. Un non-dit officiel. Une zone inaccessible, soigneusement maintenue hors de toute transparence. Reporterre s’est confronté à cet écran de fumée officiel, sans ménager ses efforts, sollicitant ministères et cabinets, service de santé des Armées, fabricants, qui refusent toute réponse, et spécialistes qui ne disposent pas de données précises. Circulez, il n’y a rien à voir. Et pourtant…

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« L’affaire du bac ne fait que commencer », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !

C’est un scandale inédit, probablement du jamais-vu dans l’histoire de l’éducation nationale. Depuis vendredi, les récits qui émanent des jurys d’harmonisation des notes du bac révèlent l’étendue du désastre provoqué par l’intransigeance du ministre de l’Éducation nationale. Note de telle manière arbitrairement décidée en fonction de la moyenne de toutes les autres, substitution de l’administration aux jurys souverains, appréciation forcément subjective à partir des résultats de l’année, anonymat des candidats rompu…le bac 2019 fait naufrage avant même d’être achevé.

Face à cette évidente rupture d’égalité, nombre de professeurs, grévistes ou non, ont claqué la porte des jurys. Tout à son affaire de réussir à mater le mouvement de grève des professeurs, Jean-Michel Blanquer a pris le risque que l’ampleur des irrégularités entache la fiabilité de l’examen. Les recalés, les discriminés, leurs parents, les professeurs placés devant un amateurisme invraisemblable d’ajustement des règles ne vont pas en rester là. Les plaintes vont se multiplier. L’affaire ne fait que commencer.

Car, au final, en matière de diplôme national, fausser un seul résultat revient à les fausser tous. Le gouvernement, engagé dans un passage en force vers le contrôle continu, n’a pas hésité à saisir l’alibi de la grève des enseignants pour changer les règles en cours de route. C’est déloyal et illégal. Les professeurs en grève ont eu recours à la rétention des notes pour tenter, enfin, de se faire entendre. Les copies étaient corrigées. Ils ont voulu marquer le coup, juste quelques heures. Le gouvernement leur a délibérément refusé ce dialogue. Le ministre va maintenant tenter de leur faire porter le chapeau du fiasco. Il promet déjà des sanctions, quitte à piétiner le droit de grève, alors qu’il met en place une école de la méritocratie en train de briser le socle sur lequel repose leur métier.