« Je remercie l’Institution de ne pas salir mon nom… »

Le 21 septembre dernier, Christine Renon, directrice d’école à Pantin (93) a mis fin à ses jours sur son lieu de travail.

Notre collègue a signé sa lettre « Une directrice épuisée. » (pour la lire en intégralité, cliquez ici). Au-delà de la grande émotion que suscite ce décès dans l’ensemble de la communauté éducative, il pose aussi des questions sur les conditions de travail des directrices et directeurs et plus généralement de l’ensemble des personnels présents au quotidien dans les écoles.

La perte de sens du métier, l’empilement des tâches et des procédures, les pressions hiérarchiques, le mépris de notre professionnalité…  Combien sommes-nous à nous retrouver peu ou prou dans ce qu’elle décrit ? Directeur-trices,adjoint-es, RASED, CPC, AESH etc, nous sommes toutes et tous, à des degrés divers et dans nos missions respectives, concerné-es par la souffrance au travail et le risque d’épuisement professionnel.

Le 3 octobre est le jour des obsèques de Christine. C’est ce jour-là aussi qu’à la demande de l’intersyndicale de Seine-Saint-Denis, se réunira un CHSCT extraordinaire dans le 93.

Pour le SNUipp/FSU82, chacun.e, quelle que soit l’école dans laquelle il ou elle travaille, chaque équipe pédagogique où qu’elle se trouve, doit pouvoir agir le 3 octobre et avoir le sentiment d’appartenir à une communauté de solidarité et d’action.

C’est pour cela que nous avons pris contact avec les autres organisations syndicales départementales afin de faire de cette journée une première réaction collective de la profession face à un drame qui nous concerne toutes et tous .

Nous vous proposons de participer à un rassemblement

jeudi 3 octobre devant la DSDEN à partir de 17 heures avec un brassard ou des vêtements noirs

que vous pouvez également porter et revêtir durant la journée , si vous le souhaitez vous pouvez vous mettre en grève pour marquer symboliquement ce jour (déclaration avant minuit ce soir).

Les enseignant-e-s du second degré sont également invités à participer à cette démarche par le SNES-FSU82 la CGT82.

Lire le communiqué du SNUipp/FSU 93 ICI

Lire aussi l’analyse de Paul Devin, secrétaire général du SNPI-FSU, syndicat des inspecteurs (IEN et IA-IPR).

Communiqué national du SNUipp-FSU ICI

Frédéric Grimaud « Il y a une perte de sens du travail enseignant » + communiqué SNUIPP-FSU + La lettre

-

Spécialiste de la souffrance au travail, Frédéric Grimaud déplore l’impact des nouveaux modes de management dans l’éducation nationale.

Frédéric Grimaud.Chercheur à l’université d’Aix-Marseille.

Professeur des écoles, membre de l’Institut de recherche de la FSU et chercheur à l’université d’Aix-Marseille, Frédéric Grimaud travaille sur la souffrance au travail des enseignants. Auteur du Travail contrarié des directeurs d’école, à paraître prochainement aux éditions Syllepse, il décrypte l’impact néfaste des nouvelles formes de management dans l’éducation nationale, notamment sur la santé de ses collègues.

Ce nouveau suicide témoigne une fois de plus du mal-être enseignant. Vous qui travaillez depuis des années sur la question, quel constat dressez-vous ?

Continuer la lecture de Frédéric Grimaud « Il y a une perte de sens du travail enseignant » + communiqué SNUIPP-FSU + La lettre

Immigration : Lettre ouverte de Fabien Roussel à Emmanuel Macron

« Monsieur le Président, vous voulez parler immigration ? Eh bien parlons-en !

Pour la deuxième fois en moins d’un an, vous voulez imposer le thème de l’immigration dans l’actualité. À six mois des élections, c’est une vieille ficelle ! Après le vote tout récent de la loi « Asile et Immigration », c’est même de l’acharnement !

Vous voulez parler immigration ? Eh bien parlons en !

Le sujet mérite mieux que d’être instrumentalisé pour diviser les citoyens, pour imposer votre duo avec l’extrême droite et au final pour flétrir notre République.

Parlons de ces familles qui quittent des pays dont les richesses sont pillées, dont les États sont placés sous tutelle de banques internationales et de dictateurs corrompus, dont les infrastructures publiques ont été bradées à des multinationales ! Parlons des coopérations à développer, qui permettraient à chaque peuple de retrouver sa souveraineté sur ses ressources et son économie.

Parlons de la taxe sur les transactions financières que vous avez refusé d’élargir pour ne pas heurter le monde de la finance, nous privant de deux milliards d’euros destinés à ces pays.

Parlons des 5 milliards d’euros que représente la contribution des migrants à la création de richesses dans notre pays, quand l’Aide médicale d’État, que vous voulez remettre en cause, ne coûte que 900 millions.

Parlons de celles et ceux qui fuient tous ces conflits dans lesquels nous portons une part de responsabilité, dont l’OTAN a été l’acteur ces dernières années : l’Afghanistan, la Libye, la Syrie, le Yemen. Comment peut-on laisser mourir en Méditerranée des hommes, des femmes, des enfants qui fuient le chaos, les bombes, parfois nos bombes ?

Parlons des migrations à venir, que causeront le dérèglement climatique et son lot de catastrophes naturelles. Si nous n’agissons pas fortement, ces migrations vont se multiplier, jetant sur les routes des familles qui auront tout perdu. L’Union européenne est parmi les 3 principaux pollueurs de la planète, et nous devrions nous exonérer de toute responsabilité ?

Parlons donc des moyens à développer en urgence pour que l’Europe tienne ses engagements en faveur du climat.

Parlons de ces travailleurs sans papiers que de très grandes entreprises exploitent sans vergogne en les contraignant à la clandestinité. Quand allez vous les régulariser ?

Parlons des travailleurs que vous livrez à la concurrence avec vos traités européens, qui sont soumis  au dumping social opposant les salarié-es de toute l’Union Européenne, dumping que votre directive « travailleurs détachés » n’a en rien remis en cause… Nous voulons les mêmes droits pour tous !

« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », affirme la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Alors, pourquoi aujourd’hui, dans un pays qui en a tous les moyens, ne pas reconnaître le droit de vote des étrangers résidant et payant leurs impôts en France ?

Non, de tout cela vous ne voulez pas débattre car vous préférez que la nation s’écharpe sur l’Aide médicale d’État et sur les allocations sociales, ou qu’elle se préoccupe seulement de distinguer les migrants selon qu’ils fuient la guerre, une catastrophe naturelle ou la misère ?

Vous voulez que nous débattions pour savoir si 28 pays et 500 millions d’Européens sont en capacité d’accueillir quelques dizaines de milliers d’êtres humains, quelque 3% de migrants à travers le monde, risquant leur vie sur un bateau en Méditerranée ? Les pays du pourtour méditerranéen peuvent-il s’exempter du droit maritime et du droit international ?

Monsieur le Président, l’ennemi ne vient pas en bateau. Il vient en jet privé et il se moque des frontières. La pression n’est pas migratoire, elle vient de la finance. Si des entreprises délocalisent, ça n’a jamais été à cause d’un immigré. C’est à cause d’un capital avide de profits qui ronge comme un cancer notre économie, nos emplois, nos droits.

Tous ces hommes et toutes ces femmes que vous stigmatisez sont nos frères et nos sœurs. Nous ne faisons pas de distinctions entre eux. Nous réclamons des droits pour tous, condition d’un accueil réussi. Le droit à la dignité humaine, dans un monde de justice et de paix, dans une France humaniste et universaliste.

Pour ouvrir vraiment un débat sérieux et porter des solutions de progrès, je vous adresse ce jour le manifeste « Pour une France hospitalière et fraternelle, une Europe solidaire », qu’a récemment rendu public le Parti communiste français. »

Paris, le 25 septembre 2019
Fabien Roussel,
Secrétaire national du PCF, député du Nord

Panique à la Réserve Fédérale et retour du Credit Crunch sur un océan de dettes

CADTM – 19 septembre par Eric Toussaint

En catastrophe, mardi 17 septembre 2019, la Réserve fédérale des États-Unis a injecté 53,2 milliards de dollars dans les banques car celles-ci ne trouvaient pas assez de financement au jour le jour sur le marché interbancaire et auprès de Money market funds (voir encadré « Qu’est-ce que les Money Market Funds ? »). Elle a remis cela le mercredi 18 et le jeudi 19 septembre (https://www.wsj.com/articles/short-term-funding-spike-raises-hopes-for-fed-cuts-11568807648 ). Ce type d’intervention fait penser au mois de septembre 2008 quand les grandes banques en pleine déconfiture ont arrêté de se prêter mutuellement de l’argent (ce qui a notamment provoqué la faillite de Lehman Brothers) et qu’elles ont dû appeler à l’aide les banques centrales. Les grandes banques privées n’avaient plus confiance les unes dans les autres. Le marché bancaire s’était subitement asséché, le terme credit crunch était apparu dans la presse pour désigner ce phénomène. A partir de ce moment, la Fed a injecté de manière permanente des liquidités dans les grandes banques privées des États-Unis et elle a également, jusque 2011 permis, aux banques européennes d’avoir accès à des liquidités en dollars de manière massive. Et pour cause : les banques étasuniennes et banques européennes étaient tellement interconnectées qu’un manque de liquidités en dollars en Europe aurait pu empêcher les banques européennes de tenir leurs engagements vis-à-vis des banques des États-Unis provoquant de graves difficultés pour celles-ci. Continuer la lecture de Panique à la Réserve Fédérale et retour du Credit Crunch sur un océan de dettes

Marches pour le climat : « M. Macron, remballez votre mépris et agissez ! » (Ian Brossat)

Selon Le Parisien, le Président de la République, dans l’avion qui l’emmenait à New York, s’est une nouvelle fois livré à des propos particulièrement méprisants.

Cette fois, ce sont les jeunes qui participent par dizaines de milliers aux marches pour le climat qui font l’objet de la condescendance présidentielle. « Les dénonciations, on est au courant. Défiler tous les vendredis pour dire que la planète brûle, c’est sympathique, mais ce n’est pas le problème ». Cette arrogance sans borne est insupportable. Emmanuel Macron a pour mandat de représenter les Français, pas de les accabler de ses propos suffisants et fielleux.

De plus, le chef de l’État fait mine de ne pas comprendre que les marches pour le climat ne se cantonnent pas à la dénonciation de la situation catastrophique du réchauffement climatique, mais exigent d’abord et avant tout de l’action de la part des gouvernements. Or, en matière de transition écologique, le Président se signale par sa passivité criminelle. Pire, derrière les déclarations d’intentions, il continue en réalité « business as usual », en apportant son soutien aux traités de libre-échange comme le CETA, aux projets destructeurs (EuropaCity, CDG Express…), et aux industriels de l’énergie carbonée (renouvellement des concessions aux compagnies d’hydrocarbure, exonérations fiscales sur les énergies fossiles, division par deux du crédit d’impôt pour la transition énergétique, accord donné à Total pour importer 550 000 tonnes d’huile de palme…). Tout récemment encore, le gouvernement a acté la fin du train des primeurs Perpignan-Rungis, donnant ainsi son feu vert à l’arrivée de 25 000 camions polluants supplémentaires sur les routes pour le remplacer.

Alors oui, M. Macron, les jeunes ont raison de se mobiliser par milliers pour dénoncer votre inaction et votre double discours. Remballez votre mépris et agissez vraiment pour sauver le climat !

Ian Brossat, porte-parole du PCF,

<

p lang= »zxx » align= »justify »>

Réfugiés, immigration… Faut-il capituler devant Marine Le Pen ?

Déjà en 2017, la banalisation par LREM de l’extrême droite était en marche (M. Lopez RN, M. Charles DLF et M. Valles LREM discutant sur le marché de Moissac Avril 2017)

Emmanuel Macron a décidé d’infléchir le discours officiel sur l’immigration vers l’extrême droite. Le choix présidentiel témoigne d’un manque tragique d’humanité, de courage et de lucidité. Il n’est pas digne de la France.

on reprend ses mots (« l’angélisme »), attise comme elle la peur et, comble du cynisme, il se réclame des « plus pauvres » contre « les bourgeois des centres-villes » pour appeler à « armer » la France contre les risques d’invasion migratoire à venir. Il entend faire, avec le Rassemblement national, ce que le socialisme au pouvoir a fait naguère avec l’ultralibéralisme : composer avec lui pour limiter son expansion. À ce jeu, on sait qui a tiré les marrons du feu : ce ne furent en tout cas ni la gauche ni les peuples.

LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR
>>
Le Pen va bien, merci pour elle

1. « Regarder en face » la réalité, nous dit aujourd’hui le chef de l’État. Encore faut-il les bonnes lunettes, la bonne échelle et les bonnes clefs pour le faire. Si l’on prend le cas des pays les plus riches, ceux de l’OCDE, les données disponibles évoquent certes une hausse des flux migratoires dans leur ensemble : la proportion d’immigrés dans la population (12%) a augmenté de 3% depuis 2000. Toutefois, les déplacements ne viennent pas avant tout des populations les plus démunies. Les principaux pays d’origine sont le Mexique, l’Inde, la Chine et les pays de l’Est européen : pas les plus favorisés, mais pas non plus les plus misérables… Continuer la lecture de Réfugiés, immigration… Faut-il capituler devant Marine Le Pen ?

Ian Brossat : « Je suis convaincu que les insoumis sont des partenaires » In Regards.fr

Lendemain de Fête de l’Humanité, quelle rentrée pour les communistes ? La gauche peut-elle se rassembler ? Comment se préparent les municipales ? Quelle stratégie ? Existe-t-il un communisme municipal ? Ian Brossat, adjoint PCF à la Maire de Paris, est l’invité de #LaMidinale in Regards.fr!

VERBATIM

 Sur la Fête de l’Humanité 
« Je suis un peu plus optimiste qu’il y a quelques mois : certains [à gauche] ont retenu les leçons des élections européennes. Je crois que chacun a conscience que personne ne peut gagner seul à gauche donc nous sommes condamnés à travailler ensemble. »
« Je suis convaincu que les insoumis sont des partenaires pour nous et qu’on a vocation à travailler ensemble. »
« On est capable de riposter ensemble. La question, c’est : peut-on construire ensemble ? Je ne crois pas qu’il y ait d’obstacles insurmontables. »

 Sur le procès de Mélenchon 
« Quand Mélenchon dit que le Parquet n’est pas indépendant, c’est un fait. »
« La défense de Mélenchon est respectable, même si je ne suis pas sûr que j’aurais choisi la même. »

 Sur le référendum sur Aéroport de Paris 
« Il y a deux grands combats dans cette rentrée : le premier combat, c’est l’aéroport de Paris – la bataille que nous menons pour obtenir un référendum -, et celui des retraites, le plus grand combat social de la rentrée. J’ajoute à ça, évidemment, toutes les mobilisations sur le climat. »

 Sur les municipales à Paris 
« La gauche est en meilleure posture qu’il y a quelques mois. »
« Il y a un an, le bashing contre l’équipe municipale était extrêmement puissant. Au final, on voit qu’il y a un socle solide de Parisiens qui ont plutôt envie que l’expérience municipale se poursuive et n’ont pas envie que Paris devienne la propriété de La République en Marche. »
« À Paris, aux municipales, nous avons toujours fait des listes de rassemblement. On est dans l’union dès le premier tour depuis 1995 (…). Je n’ai pas le sentiment que ça ait conduit à un effacement des communistes à Paris. »
« Si on se fie aux résultats des élections européennes, personne ne peut faire le fier : il faut que chacun tienne compte des réalités. »

 Sur le projet des municipales 
« Si union il y a [les communistes tranchent leur stratégie pour Paris en novembre], je souhaite que cette union puisse se faire sur un contenu : sur la lutte contre la spéculation immobilière, sur la lutte contre l’uberisation de la ville. J’espère que ces propositions seront prises en compte par Anne Hidalgo. »
« Je suis favorable à ce qu’à terme, on ait la gratuité des transports à Paris. »
« Les élus communistes sont reconnus pour innover en matière sociale et de solidarité. »
« Les élus communistes sont ceux qui se battent le plus fort pour le logement social, les politiques de solidarités, les politiques culturelles, les politiques en direction de l’enfance : bien des caractéristiques de maires communistes. »
« Quand on vit dans une ville dirigée par un maire progressiste, on ne vit pas de la même manière que quand on vit dans une ville dirigée par un maire réactionnaire. »
« Une mairie, c’est aussi des valeurs qu’on transmet. Et quand un maire réactionnaire comme Balkany imprègne sa population de valeurs réactionnaires, ça finit par avoir des conséquences sur ce que pensent les gens (…). Les communistes, quand ils dirigent des villes, transmettent des valeurs de solidarité et de partage. »

 Sur la candidature de Cédric Villani 
« Une alliance Villani/Hidalgo, aujourd’hui, n’a pas de sens : Cédric Villani a un CV et a fait un choix politique depuis 2017 qui est de rejoindre Emmanuel Macron. Il a voté toutes les lois du gouvernement – sauf pour le CETA où il a eu piscine. »
« Cédric Villani est porteur du bilan d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe (…). Il n’a rien de progressiste. »

 Sur Emmanuelle Cosse dans la campagne d’Anne Hidalgo 
« Emmanuelle Cosse était une bonne ministre du logement. Elle s’est battue sur l’encadrement des loyers et lorsqu’il a fallu le mettre en place, elle nous a aidés. Je n’ai pas de problème particulier avec Emmanuelle Cosse. »

 Sur la liste indépendante des écologistes à Paris 
« Leur droit, c’est de se présenter et leur devoir, c’est de connaitre qu’ils faisaient partie de la majorité municipale. »
« Ce que dit Jadot est ahurissant : les Verts ont voté tous les budgets depuis 2002. »
« Quand j’entends Jadot expliquer que les Verts n’ont pas soutenu Anne Hidalgo, il prend quelques libertés avec la vérité, comme l’aurait dit Bertrand Delanoë. »
« Ils ont toujours présenté une liste indépendante. Simplement, il faut avoir l’honnêteté de dire qu’on gère cette ville ensemble. »

 Sur l’écologie et les communistes 
« Tout le monde sait qu’on ne peut pas se débarrasser du jour au lentement de l’énergie nucléaire et tout le monde sait, dans le même temps, qu’il faut réduire la part du nucléaire. »
« Les propositions de Fabien Roussel vont dans le bon sens. Les communistes ne défendent pas le nucléaire de façon dogmatique. »

« Ce sont les plus pauvres des plus pauvres qui trinquent ! »

Trente-sept associations de lutte contre la pauvreté, regroupées dans le collectif Alerte, s’alarment. La politique de l’exécutif comporte, selon elles, plus de reculs que d’avancées sociales.

Les présidents d’associations réunis lundi 9 septembre au siège du Secours catholique à Paris avaient plus de griefs que de félicitations à adresser au gouvernement au moment où sa stratégie contre la pauvreté entre dans une deuxième phase pour le moment encore floue.

Christophe Devys, président du collectif Alerte, souligne quelques petites avancées sur le front social : « Il y a quelques bonnes mesures dans les annonces du gouvernement depuis un an comme l’obligation de formation jusqu’à 18 ans ou la volonté affichée d’en finir avec la sortie sèche de l’aide sociale à l’enfance à la majorité. » Pour le reste, l’heure est à l’inquiétude. Patrick Bouffard de Médecins du monde espère que malgré les rumeurs de suppression, l’aide médicale d’État (AME) survivra au budget 2020 car « le dispositif qui ne coûte qu’un peu moins de 0,5 % des dépenses de santé permet au plus défavorisés d’oser se soigner ».

Véronique Fayet du Secours catholique déplore, elle, « que ne soit pas réservé aux mineurs non accompagnés l’accueil inconditionnel qui leur est normalement dû ». Elle a rappelé que les migrants étaient les plus pauvres parmi les pauvres et « ne devait pas être oublié d’une politique disant lutter contre la précarité ».

« La dignité ne doit pas être conditionné seulement à l’accès à un travail »

Les associations ont été nombreuses à critiquer la réforme de l’assurance chômage présentée en juillet dernier. Pour Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité, la réforme va avoir une effet très défavorable sur les plus précaires :

L’impact va être colossal, la précarité va se renforcer car beaucoup vont passer du chômage aux minimas sociaux à cause du durcissement des conditions d’indemnisation.

La précarité s’installe de plus en plus chez les familles les moins aisées. Monique Dupuy, présidente de l’Unaf (Union nationale des associations familiales) regrette que « les prestations familiales ne soit pas indexées sur l’inflation, ce qui aboutit à une baisse du pouvoir d’achat ». Pascale Ribes, de France Handicap, exprime également sa colère : « Il y 1 million de personnes handicapées sous le seuil de pauvreté. Parmi elles, certaines ne pourront jamais travailler. La dignité ne doit pas être conditionné seulement à l’accès à un travail. »

La défiance monte, mais les associations veulent jouer le jeu de la négociation, alors que le gouvernement vient de lancer une série de consultations sur le futur de l’insertion en France. « Nous n’allons pas sortir de la négociation pour le moment car le gouvernement nous dit que tout est encore ouvert. Mais on constate que jusqu’à maintenant ce sont les plus pauvres des plus pauvres qui trinquent », constate avec amertume Claire Hédon, présidente d’ADT Quart monde.


Relaxe des décrocheurs : le PCF salue une décision courageuse d’un juge indépendant

En février dernier, 11 militants écologistes ont décroché le portrait présidentiel dans la mairie du 2ème arrondissement de Lyon pour dénoncer le non respect de ses engagements par le gouvernement, face à la menace du changement climatique.

Le maire a porté plainte pour vol et deux jeunes comparaissaient pour répondre de ce délit.

A l’audience du 2 septembre, le Procureur avait requis contre eux une condamnation à 500 euros d’amende.

Dans le jugement du 16 septembre, le tribunal a cependant prononcé une relaxe « au bénéfice de l’état de nécessité et pour motif légitime ».

Le PCF salue la motivation innovante du tribunal et se réjouit de cette victoire du combat écologique face aux carences de l’État constatées par le Tribunal.

Le PCF considère que cette belle décision légitime le principe de la désobéissance civique non violente, pour mener de justes combats lorsqu’il est le substitut nécessaire du dialogue impraticable entre le Président de la République et le peuple.

Cécile Cukierman, porte-parole du PCF et sénatrice de la Loire

Référendum ADP : vers le million et au-delà? in POLITIS.fr

À la Fête de l’Humanité, ce week-end, les forces politiques et syndicales ont relancé la campagne pour le RIP sur ADP. Un combat qui s’annonce ardu.

Le référendum d’initiative partagé ( RIP) sur la privatisation d’Aéroports de Paris était partout au parc de La Courneuve cette année. Sur des tee-shirts et des stickers ornés du slogan « Moi j’ai signé et toi ? » Mais surtout dans de très nombreux stands où des militants recueillaient sur papier (via des formulaires Cerfa), sur des tablettes et même sur des bornes prévus à cet effet, les soutiens à la fameuse proposition de loi référendaire. Les 4 717 396 signatures nécessaires semblent encore très loin – à la date du 11 septembre, le Conseil constitutionnel en avait enregistré 761 000 – mais dans les nombreux débats consacrés à la question, on ne voulait pas céder au pessimisme.

À lire aussi >> Le référendum ADP cherche à redécoller

Isabelle Bigand-Viviani, secrétaire générale de la CGT de l’aéroport d’Orly, invitée au stand PCF du Val-de-Marne, souligne le chemin déjà parcouru :

Au début lorsqu’on se battait au sein d’ADP contre la privatisation, on passait pour des Don Quichotte qui luttent contre des moulins à vents. Aujourd’hui, on est arrivé à ce RIP et on ne lâchera rien jusqu’au 12 mars ! [Jour de clôture du recueil des soutiens, NDLR]

© Politis

Pascal Savoldelli, sénateur du Val-de-Marne et l’un des 248 parlementaires qui ont permis au référendum d’initiative partagée de voir le jour, croit en un rebond de la mobilisation:

Cette Fête de l’Huma peut-être une caisse de résonance. Il y a un objectif atteignable, c’est le million de soutiens. Et, à partir de là, le RIP aura bien plus d’écho médiatique.

Atteindre le million, c’est aussi trouver matière à interpeller le président de la République qui a déclaré vouloir abaisser le seuil du RIP à un million dans la futur réforme constitutionnelle. Pour Stéphane Peu, député PCF et tête d’affiche d’un autre débat sur le sujet, « le million, on peut y arriver assez rapidement. Mais après, il va falloir sortir de nos chapelles partidaires et aller convaincre sur le terrain les citoyens que la privatisation est une aberration ».

Une aberrante privatisation

Privatiser Aéroports de Paris serait d’abord un non-sens économique. Selon Dominique Plihon, économiste membre d’Attac : « Budgétairement, cela n’a pas de sens ; c’est une rentrée d’argent à court terme lors de la vente mais une perte de finances à long terme pour l’État qui ne disposera plus des bénéfices d’ADP. » Cela serait aussi « une aberration écologique », estime Mathilde Panot, députée LFI pour qui « toute législation visant à réduire le trafic aérien serait rendu impossible». Aberration enfin et peut-être surtout constitutionnelle. L’écrivain et professeur de droit Paul Cassia a rappelé que notre constitution depuis 1946 interdit la privatisation d’un monopole de fait et d’un service public national. Or, selon lui, « ADP rentre parfaitement dans cette définition ». L’argument constitutionnel est d’ailleurs un de ceux repris par les partisans de droite du référendum ADP.

À lire aussi >> ADP : Plébiscite pour le RIP

Un long chemin

Pour que le référendum advienne, il va falloir faire face à bien des obstacles qu’a bien résumés Alain Girard, conseiller municipal d’Orly : « Il y a plusieurs problèmes. D’abord le manque d’informations. Beaucoup ne savent pas que le RIP a lieu ou comment il fonctionne, et puis il y a la fracture numérique. » À la Fête de l’Humanité, beaucoup répètent qu’il faut faire désormais « un gros travail d’éducation populaire ». Se rendre sur les places de marché avec des tablettes pour faire signer, aller convaincre certaines mairies qui ne le font pas encore d’ouvrir des bureaux de vote pour les plus éloignés du numérique. Et puis expliquer sans cesse les tenants et aboutissants du RIP, en quoi cela concerne chaque citoyen. Le difficile objectif des 4 millions ne pourra être atteint qu’à ce prix.

À lire aussi >> Sept raisons de refuser la privatisation d’ADP

© Politis