Frédéric Boccara, économiste : voilà les vraies mesures à prendre en urgence

Frédéric Boccara, en mai 2019. (Photo : Magali Bragard)

Frédéric Boccara, en mai 2019. (Photo : Magali Bragard)
Vendredi, 27 Mars, 2020

Entretien. L’économiste et dirigeant du PCF montre comment la crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus a accéléré le déclenchement d’un krach, produit de la financiarisation de ces dernières années. Ce qui fait émerger l’urgence d’un changement de pied aussi révolutionnaire que salutaire. Pour surmonter la pandémie et se libérer de la domination des marchés financiers. Frédéric Boccara donne des pistes pour engager cette politique de rupture.

Quelle est la nature de la crise engagée ?

Frédéric Boccara. On a deux crises siamoises, inséparables, sanitaire et économique. Et une crise de civilisation.

Le virus est un catalyseur d’une crise économique qui avait commencé avant le déclenchement de l’épidémie. Un ralentissement était déjà en cours depuis début 2019. Le 7 février dernier, mon rapport aux rencontres internationales pour une autre mondialisation alertait publiquement sur cette crise. C’est une suraccumulation financière qui est en train d’éclater. La double crise exprime la domination du capital, avec sa logique, ses pouvoirs, son coût. Si la pandémie a tant d’effet sur l’économie, c’est que, comparée à la valeur des richesses créées, la masse de capitaux financiers accumulés est énorme (cf. graphique) et qu’un effondrement était imminent.

Continuer la lecture de Frédéric Boccara, économiste : voilà les vraies mesures à prendre en urgence

Quitter la ville en période d’épidémie, un privilège de classe ?

De nombreux citadins ont quitté les métropoles dès l’annonce des mesures de confinement pour combattre l’épidémie de Covid-19. Beaucoup sont propriétaires de résidences secondaires et peuvent télétravailler. Cette situation révèle une fois de plus les inégalités sociales face à la pandémie.

Il y a ceux qui n’ont pas le choix et qui doivent rester confinés dans une dizaine de mètres carrés. Et puis, il y a les autres : les 3,4 millions d’heureux propriétaires de résidences secondaires, dont une bonne partie s’est empressée de s’y réfugier dès l’annonce des mesures de confinement d’Emmanuel Macron le 16 mars dernier. Continuer la lecture de Quitter la ville en période d’épidémie, un privilège de classe ?

La crise sanitaire ne doit pas devenir une crise éducative !

Depuis la nécessaire fermeture des établissements scolaires, il y a deux semaines, le ministre Blanquer et le gouvernement ont multiplié les déclarations, sans jamais apporter de véritables réponses aux problèmes posés par les enseignant-e-s, les personnels et les familles. Pire, il cherche maintenant à instrumentaliser la crise pour imposer leurs réformes régressives !

L’urgence est de protéger les salariés.

À l’école comme ailleurs, l’urgence est de protéger les salariés : l’ensemble des personnels mobilisés pour accueillir les enfants de soignants doit être équipé de masques et du matériel nécessaire pour faire leur travail sans se mettre en danger, ni eux, ni leurs proches.

La « continuité pédagogique » est un mensonge de plus.

L’inquiétude des familles, qui craignent les effets de cette interruption prolongée sur la scolarité de leurs enfants, est légitime. La « continuité pédagogique » est un mensonge de plus : elle ne fonctionne ni pour les élèves de l’enseignement agricole, technologique et professionnel, ni pour les familles qui ne disposent pas du matériel nécessaire ou d’une connexion internet suffisante, ni pour celles qui n’ont pas le temps ou les aptitudes pour encadrer le travail de leurs enfants… Une nouvelle fois, le ministre croit pouvoir masquer les conséquences de sa politique éducative par un discours déconnecté des réalités. Continuer la lecture de La crise sanitaire ne doit pas devenir une crise éducative !