Peut-on à chaud tirer de premières leçons de ce que l’expérience inédite du confinement a pu engendrer chez les professionnels de l’éducation, les élèves et leurs parents ? Certaines pratiques minoritaires se sont-elles généralisées, de nouvelles ont-elles fait leur apparition ? Les rapports entre professeurs, élèves et parents ont-ils évolué, les représentations des uns et des autres ont-elles changé ? Comment l’institution Éducation Nationale sur le terrain a-t-elle vécu et vit-elle cette épreuve ? Pour commencer à y répondre, on dispose d’une multitude de témoignages, de prises de position, d’expressions de toutes sortes qui permettent d’avoir un premier retour . Mais il est beaucoup trop tôt pour se faire une idée plus fine et plus précise en l’absence d’enquêtes qui permettraient de mieux prendre la mesure des réalités dans leur diversité.
Le masque du « numérique éducatif »
Confrontés à la nécessité d’enseigner « à distance » pour assurer la « continuité pédagogique » de la « nation apprenante », les enseignants ont éprouvé à quel point les équipements et dispositifs à leur disposition manquaient de fiabilité et de disponibilité. Sous prétexte que tout le monde (ou presque) possède un téléphone portable (pas toujours « intelligent » d’ailleurs), l’air du temps fait comme si tout le monde (enfants, adultes, « aînés ») était « connecté » et disposait d’un équipement individuel permettant d’interagir à distance avec l’ensemble du monde. Bien entendu c’est faux, et lorsque les enseignants confinés chez eux doivent, avec leurs équipements personnels, faire comme si c’était le cas, la réalité éclate : inégalités sociales d’équipement des familles, domination fonctionnelle des outils grand public des seigneurs numériques (les GAFAM), faible utilisabilité d’une majorité de services et ressources parascolaires des « edtech » trop redondantes ou éloignées des besoins bien compris des professionnels. Continuer la lecture de Covid 19 et L’Ecole d’après : Philippe Champy : Premières leçons du confinement