Carole Delga: « Pour la gauche, le rassemblement n’est pas une option »

NDLR de MAc: soutien de Carole Delga à La liste TEMS

Carole Delga.
Carole Delga. DDM – NATHALIE SAINT-AFFRE

Revenons sur le premier tour. Aurait-il fallu repousser le scrutin ?

Bien sûr, et je n’ai pas manqué de le dire. Comme il fallait s’y attendre, l’élection a été marquée par un taux d’abstention record. J’observe néanmoins que dans ce contexte, la gauche à plutôt bien résisté. Les électeurs ont exprimé leur envie d’une République des territoires, ancrée dans le réel, proche du citoyen et de son quotidien. Et c’est la gauche qu’ils ont choisie, celle que nous incarnons d’ailleurs au Conseil régional à travers nos programmes pour la santé, les transports ou l’alimentation par exemple.

Ne craignez-vous pas qu’au deuxième tour, les mêmes causes produisent les mêmes effets ?

Il y a en effet le double risque qu’en plus du climat sanitaire préoccupant, les inquiétudes économiques et sociales relèguent le scrutin au second plan des préoccupations des électeurs d’Occitanie. Les filières du tourisme et de l’aéronautique sont en souffrance. Le Conseil régional est et sera à leurs côtés.

Pour la gauche, la victoire passe-t-elle forcément par le rassemblement ?

Je l’ai dit dans une tribune avec Yannick Jadot, Pierre Laurent ou encore Guillaume Lacroix. Pas une personnalité de la France insoumise ne l’a signée. C’est sans doute ce qui distingue la gauche progressiste et réformiste de celle qui pratique la protestation violente et l’excès. A Toulouse, je salue la décision de Nadia Pellefigue qui s’est oubliée elle-même pour faire triompher l’union. À Montpellier, le rassemblement PS/PRG/PCF et Verts s’est fait autour de Michaël Delafosse auquel je souhaite la victoire.

À Perpignan, Moissac ou Vauvert, le RN est aux portes du pouvoir. Faut-il lui opposer un front républicain ?

Quand je me recueille devant un monument aux morts, je pense à ces hommes qui ont donné leur vie pour la liberté de la France et pour combattre le régime nazi d’extrême-droite. Nous devons être dignes de leur sacrifice. Regardons aussi les choses en face : entre 2014 et 2017 à Béziers, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de 33 %. Quant à Louis Aliot, voici l’un des députés les moins assidus à l’Assemblée qui brigue un mandat de plus à la mairie de Perpignan ! C’est pour toutes ces raisons que je soutiens le front républicain qui s’est constitué contre lui, et qu’à Moissac, Estelle Hemmami peut compter sur mon appui. Dans ces deux villes, je salue les retraits républicains d’Agnès Langevine et de Maryse Baulu.

Propos recueillis par Lionel Laparade

Ecole: Pourquoi le SNEP-FSU s’oppose au « 2S2C » ? Dispositif transitoire ou cheval de Troie ?

Suite à une tribune de 21 députés LREM visant à relancer l’activité des clubs et des associations sportives en profitant du déconfinement progressif pour « expérimenter » un soi-disant système allemand, le ministre Blanquer a lancé un nouveau « module » : le 2S2C, Sport, Santé, Culture, Civisme. Des groupes d’élèves pourraient donc être inscrits à ce dispositif mis en oeuvre conjointement par l’Etat, les collectivités territoriales, les associations, les clubs.

De quoi s’agit-il exactement ? Parle-t-on de l’Ecole ou d’un dispositif éducatif « à côté » de l’Ecole limité à la période transitoire du déconfinement ?

S’il s’agit d’un dispositif transitoire permettant d’aider les collectivités territoriales à accueillir les enfants qui ne pourront pas être pris en charge par les enseignant.es (groupe limité à 15), soit ! Organisons-le en bonne intelligence avec les collectivités territoriales … mais dans ce cas, ce n’est pas la peine de lui donner un nom pompeux ! Sport, santé, culture, civisme relèvent de disciplines scolaires qui devront retrouver dès que possible leur place le quotidien scolaire des élèves.

Mais il ne s’agit pas cela !

Blanquer profite de la complexité de la situation pour instaurer la confusion entre le temps scolaire et le temps hors-scolaire, et tenter de faire de 2S2C une alternative à l’organisation de l’Ecole actuelle, à renvoyer tout ce qui n’est pas « fondamentaux » (entendez maths et français) hors de l’Ecole. Il n’est pas le premier à le faire. Chaque fois qu’un tel dispositif a été mis en avant, cela a toujours été pour réduire les enseignements scolaires, notamment EPS et éducation artistique, au profit d’offres extra-scolaires à la charge des collectivités territoriales ou des familles. Avec toutes les inégalités territoriales et sociales que cela peut générer.

Monsieur Blanquer, adepte des « fondamentaux » a trouvé ici le moyen de décharger l’Education Nationale d’un poids qu’il juge trop élevé ! Pour le SNEP-FSU, syndicat de l’EPS, c’est évidemment hors de question. Il faut au contraire développer cet enseignement essentiel dans le cadre de l’Ecole obligatoire !

Le SNEP ne peut donc qu’exprimer sa surprise de voir la directrice de l’UNSS s’inscrire la structure dans ce 2S2C. Avec qui en a-t-elle discuté ? Où  s’est  prise  cette  décision  ?  En  tout  état  de  cause,  les  enseignants d’EPS qui sont les chevilles ouvrières du sport scolaires n’ont jamais été consulté ! Comme le ministre de l’Education, les décisions technocratiques prises en petit comité ne sont pas acceptables. Le  sport  scolaire fait partie intégrante du service public d’éducation. Il est hors de question de laisser glisser    ce formidable outil – que tous les pays nous envient – vers du périscolaire, vers une forme d’association complémentaire. Les 250 M€ annoncés pour le dispositif doivent revenir à l’Ecole et non à des substituts. Cela dit, très concrètement, il y a le problème de la période de déconfinement à régler.

Les près de 30 000 enseignants d’EPS de l’enseignement public sont recrutés à haut niveau, ils ont une expertise, des compétences avérées.

Ils sont en pleine interrogation professionnelle pour réussir à faire face aux préconisations du ministère des sports et du protocole sanitaire de l’Education nationale, (A ce sujet, ils déplorent l’absence de protocole sanitaire spécifique à l’EPS). Les professeurs d’EPS tenteront de proposer – en attendant un retour à la normale- une éducation physique, sportive et artistique de la meilleure qualité possible à tous les élèves. Ils le feront sans avoir besoin d’un 2S2C périscolaire ! Le cadre et la réglementation actuels (statuts, UNSS, liaison CM2-67, encadrement des APSA…) sont suffisant pour cela.

Concernant la volonté de relancer l’activité des associations et des clubs, de nombreux professeurs d’EPS y sont impliqués et le SNEP ne peut être que solidaire du mouvement sportif associatif, mais en aucun cas,  cela ne  peut  se  faire  en  mettant  en  concurrence  l’école  et  le  hors-Ecole.  L’Etat  là  ne  pourra  pas  faire semblant de défendre ce secteur sans investir sur l’avenir.

Le Secrétariat National du SNEP-FSU

 

Déconfinement à l’Éducation Nationale: Ça se complique 

Organiser la reprise des cours tout en respectant le protocole sanitaire demande de la technique. Le faire en suivant les priorités du ministre et en les adaptant aux enseignants et locaux disponibles est un art. Mais à quelle qualité les chefs d’établissement doivent-ils faire appel quand le premier ministre et le ministre de l’Education nationale donnent des consignes opposées ? C’est ce qui découle des propos de l’un et de l’autre le 2 juin.

Faire revenir tous les élèves un peu ou…

A l’occasion du déconfinement des collèges de l’ex zone rouge et des lycées de la zone verte, Edouard Philippe et Jean Michel Blanquer se sont exprimés sur le retour des élèves le 2 juin. Edouard Philippe l’a fait à l’Assemblée nationale en réponse à la question d’un député de la majorité. Jean Michel Blanquer l’a fait dans une émission radio de grande audience sur RMC. Et visiblement les deux ministres devraient ajuster leurs violons.

« Tous les élèves ont vocation à revenir », dit JM Blanquer. « J’aimerais que ce soit le cas. Ce qui est difficile c’est d’avoir tous les élèves ensemble car le protocole nous oblige à avoir les élèves par roulement ». La limite de 15 élèves par salle et la nécessité de nettoyer les salles, multiplie les groupes d’élèves puis les salles de classe. En fait les établissements doivent ajuster le nombre d’élèves admis au nombre de salles nettoyables tout en sachant qu’il faudra 4 ou 6 salles pour une classe. Continuer la lecture de Déconfinement à l’Éducation Nationale: Ça se complique