À Moissac, les Bulgares s’organisent face à la montée de l’anti-tsiganisme

 

À l’approche du 2e tour des élections municipales, les familles bulgares de Moissac font l’objet d’une couverture médiatique sans précédent de la part de la presse nationale, locale, mais aussi bulgare. Depuis 2007, cette population, appartenant à la communauté rom et originaire du district de Pazardjik (Bulgarie du Sud), sert de main-d’œuvre (saisonnière) aux exploitants agricoles locaux ou des départements voisins ; sa présence, indispensable selon de nombreux acteurs locaux, peut varier de 200 personnes au début de l’hiver jusqu’à plus d’un millier en été.

Quelques chefs de familles et entrepreneurs bulgares respectés ont souhaité réagir à la suite de la diffusion d’un article du JDD portant sur la campagne électorale à Moissac et paru le 14 juin 2020. Ce papier expose publiquement certaines des rumeurs visant les familles bulgares installées localement. Pour ces ressortissants de l’Union européenne, il s’agit de l’humiliation de trop, qui s’ajoute aux actes xénophobes dont elle a été victime quelques mois plus tôt. Pour rappel, dans la nuit du 8 au 9 février 2020, de nombreuses voitures immatriculées en Bulgarie avaient été dégradées (pneus crevés, carrosseries rayées) dans les rues de la ville uvale par un des riverains. Ces délits ont été commis en marge d’une campagne municipale, dont deux des thèmes principaux sont la sécurité des Moissagais et la présence bulgare.

Après avoir d’abord envisagé d’organiser un rassemblement pacifique contre le racisme et l’anti-tsiganisme à Moissac, ce collectif de Bulgares a finalement choisi une tout autre option. Ses membres ont pris la décision de fonder une association de type loi 1901, dont l’objet sera de défendre les intérêts, les droits des familles bulgares installées dans la ville uvale et de dénoncer les discriminations qu’elles subissent. Elle organisera aussi des cours de bulgare, de français, ainsi que des activités culturelles et festives pour faire mieux connaître les traditions bulgares dans un cadre convivial.

Ces considérations ont inspiré le nom de la future structure, Vivre (tous) ensemble à Moissac. Si ce projet se concrétise après la tenue d’une assemblée générale, la présidence de l’association devrait revenir aux anciens de la communauté, dont l’autorité morale est indiscutable. Pour leur part, les jeunes ont prévu de se charger des fonctions et tâches administratives, qui nécessitent une certaine compréhension du fonctionnement de la société d’accueil. La constitution de cette structure pourrait être un atout pour améliorer le dialogue entre les Moissagais et les Bulgares, si les acteurs locaux restent impliqués sur ce dossier.

Sources : CIReB, entretiens réalisés auprès de la communauté bulgare et du collectif « Vivre (tous) ensemble à Moissac ».

 

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