Pascal Serrier, figure des Gilets jaunes de Montauban et patron du pressing Sapiac : « Il y a un ras-le-bol général » In DDM

NDLR de MAC: intelligence et solidarité au quotidien… Patron artisan ou pas, Pascal (Et sa femme) sont exemplaires dans leurs combats! Merci à Eux mais aussi à l’association « Masques pour Montauban »

Près de 18 000 masques ont été donnés par Pascal et sa femme.
Près de 18 000 masques ont été donnés par Pascal et sa femme. Photo DDM, L.R.

Figure des Gilets jaunes sur Montauban, Pascal Serrier est également le patron du pressing de Sapiac. Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, lui et sa femme distribuent gratuitement des masques pour qui le demande.

Combien de masques avez-vous donnés depuis le début de l’épidémie ?

On est à un peu plus de 18 000 masques. Il y a eu une baisse de demandes au déconfinement mais c’est vite reparti à la hausse. Ce sont souvent des femmes isolées avec des enfants ou des personnes à mobilité réduite qui viennent nous en demander. Depuis peu, on fait aussi des surblouses. On va aller en donner 50 à l’Ehpad d’Agen.

Comment arrivez-vous à maintenir la cadence depuis la première vague ?

On fournit du tissu à des couturières qui font les masques. Certaines ont arrêté, d’autres ont continué et de nouvelles ont pris le relais. Elles se manifestent d’elles-mêmes.

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Interview de Fabien Roussel à La Montagne

Interview   de Fabien Roussel à La Montagne
Le député et secrétaire national du Parti communiste préface « 100 ans de parti communiste français » (Cherche Midi) et parle d’un « idéal » que l’actualité ravive.

Est-ce qu’à 100 ans, on a encore l’avenir devant soi ?

Oui ! Un parti qui a réussi à vivre et à participer à la grande histoire de France pendant 100 ans est un parti qui a 100 ans d’avenir. D’autant plus que l’actualité l’exige. La crise sanitaire et économique que nous vivons est en même temps une véritable crise de civilisation. Nous devons complètement repenser nos modes de vie, nos modes de production et l’utilisation que nous faisons de nos richesses, de l’argent.

En cela, nous communistes, avons une vision de la société qui met l’humain, son bonheur, la dignité humaine, au cœur de tous les choix. C’est l’argent qui doit être mis au service de l’être humain et non pas l’inverse. Notre idéal est un combat d’avenir pour notre pays.

La France ne serait pas ce qu’elle est si le PCF n’avait pas existé, dites-vous. Que lui doit-elle, si on devait résumer ?

En quelques dates, c’est 36 avec les congés payés, c’est la Résistance, c’est 45 avec de Gaulle, la reconstruction de la France, la Sécurité sociale…, c’est 68, c’est 81 avec la victoire de Mitterrand et de la gauche et c’est enfin 2005 avec la victoire du non au référendum sur le traité constitutionnel européen. Nous avons contribué à tout cela.

Entre-temps, le PCF a enchaîné les défaites, passant à 2 % du corps électoral. Comment l’expliquez-vous ?

FR : Si on avait la réponse unique à cette question, on saurait inverser la tendance. Certainement, nos adversaires, à savoir les financiers, les actionnaires qui ont des moyens démesurés, ont été meilleurs que nous. Ils ont gagné quelques batailles, mais ils n’ont pas gagné la guerre.

Nous, communistes français, avons peut-être aussi fait des choix mal compris par le monde du travail, notamment en participant à des gouvernements de gauche qui ont tourné le dos à leurs engagements. Peut-être aussi que le choix de ne pas être présents lors de grands rendez-vous électoraux, comme les deux dernières élections présidentielles, a pu laisser entendre que nous n’étions plus là, alors que nous avons fait le choix de soutenir un candidat au nom du rassemblement. Notre absence a pu être mal comprise.

Ce qui vous pousserait donc à présenter un candidat en 2022…

FR : La décision n’est pas prise. Nous nous préparons et posons les deux options sur la table : ne pas participer à cette élection ou y participer et y être prêt, avec un projet, un candidat ou une candidate, un budget, les parrainages. Nous espérons prendre cette décision au printemps. Ce sont les communistes qui décideront.

Nous sommes une force politique qui compte avec 48.000 adhérents, 620 maires, deux groupes parlementaires, 150 conseillers départementaux.

En 2017, parce que nous n’étions pas prêts, nous avions fait un choix un peu par défaut, le choix de ne pas y aller.

Vous aviez surtout fait le choix de soutenir Jean-Luc Mélenchon, non ?

FR : Oui, bien sûr. La question qui se pose en 2022 est celle d’un changement de société, l’envie de rompre avec le système actuel. Nous disons qu’il est possible d’éradiquer le chômage et la pauvreté. Il est inadmissible qu’il y ait 300.000 SDF dans un pays aussi riche. Il y a l’argent nécessaire pour engager la transition écologique, urgentissime. Ces deux priorités, sociale et écologique, doivent être intimement liées. Il faut sortir des logiques libérales.

Vous dites aussi que les « 500 signatures de M. Mélenchon, c’est son problème »… 

FR : Puisque nous avions fait le choix de le soutenir en 2017, nous lui avions apporté beaucoup de signatures. Mais si nous présentons un candidat, nous n’allons pas nous occuper des parrainages de Jean-Luc Mélenchon, mais des nôtres.

La France insoumise a-t-elle quelque part participé à marginaliser le PCF ? 
FR : Non, je ne dis pas ça. Quand on est marginalisé, il est trop facile de dire que c’est de la faute des autres. Il faut faire notre bilan.
Cette gauche en ordre dispersé se donne-t-elle une chance ?
FR : Le problème de la gauche n’est pas qu’elle soit représentée par différents courants, cela a toujours existé. Il est lié à la faiblesse de son propos. La gauche n’a plus fait rêver. La gauche a trahi. La gauche a déçu. Tant que les forces de gauche ne le diront pas aussi clairement que je le dis et qu’elles ne renoueront pas avec cette aspiration à défendre le peuple et le monde du travail, comme nous voulons le faire, elle sera toujours au ras des pâquerettes. La gauche, même additionnée, n’a jamais été aussi faible.

Je veux qu’on puisse dire, dans notre pays, que si la gauche arrive au pouvoir, le Smic va augmenter de 300 euros, les retraites vont augmenter, qu’on pourra partir plus tôt à la retraite, parce que c’est possible. On veut vivre mieux. Les discours de responsables de gauche, qui disent quand ils sont dans l’opposition qu’ils vont casser la baraque puis, une fois au pouvoir, que c’est compliqué, font du mal à la gauche.

Il faut aller chercher des voix chez les abstentionnistes ?

FR : Oui, c’est mon combat. L’objectif est de convaincre ceux qui sont en colère ou déçus. Je leur dis « Retrouvez goût à voter car sans vous, on ne rependra pas le pouvoir ». Ceux qui se détournent des urnes laissent le pouvoir à la finance. Il faut qu’ils reviennent dans la bataille.

Ça vous tente l’aventure présidentielle ?

FR : On ne se pose pas cette question… Je me bats ces derniers temps pour les salariés de Vallourec, Bridgestone, Airbus… Par un autre candidat ou par nous-mêmes, ces idées doivent être portées aux législatives et à la présidentielle. Je suis passionné, indigné. Je veux que cette question de la dignité humaine soit au cœur d’un projet de société. Voilà ce qui m’anime quand je me lève le matin.

Propos recueillis par Florence Chédotal

Photo Juliette Jem

La bio express de Fabien Roussel

Naissance. Le 16 avril 1969 à Béthune (Pas-de-Calais) Parcours. Il exerce d’abord comme journaliste (indépendant, France 3), avant de « bifurquer ». Son engagement communiste date de ses années lycée, avec notamment pour combats : libérer Nelson Mandela, lutter contre l’apartheid et s’opposer aux lois Devaquet/Monory (1986). En 1997, il devient attaché parlementaire et collaborateur de Michelle Demessine, ministre du Tourisme communiste (gouvernement Jospin). Il devient responsable départemental de la Fédération du Nord du PCF (2010), puis député (2017), puis secrétaire national (2018). Passion. La pêche à la ligne.

 

Deux décrets modifient les commissions paritaires et instaurent les comités sociaux d’administration in caf. peda.

En pleine crise sociale et sanitaire, le gouvernement publie deux décrets d’application de la loi de transformation de la fonction publique qui auront un impact majeur sur la vie professionnelle et la santé des fonctionnaires , dont les enseignants. Le décret sur les comités sociaux d’administration (CSA) supprime les CHSCT. Paul Devin, secrétaire général du SNPI Fsu, donne son point de vue d’expert sur ces textes.

Le décret sur les commissions administratives paritaires réduit le rôle des commissions administratives paritaires (CAP) aux licenciements et organise leur élection. Les CAP perdent leur regard sur par exemple les mutations ou les sanctions qui relèvent de la seule administration avec recours devant la justice. Le décret sur les CSA organise leur élection et composition. Il supprime les CHSCT qui sont remplacés par une « formation spécialisée » au sein du CSA.

Nous avons demandé à Paul Devin, secrétaire général du SNPI Fsu, un syndicat d’inspecteurs du 1er degré, son avis sur ces deux textes.

« Ce deux décrets ne sont pas une surprise », nous dit-il. « Il s’agit de l’application de la loi sur la transformation de la fonction publique. Cette loi vise à anéantir le rôle des syndicats. Un bon exemple est les CHSCT. Ils ont fait la preuve de leur utilité. Les élus des CHSCT étaient devenus de bons spécialistes des dossiers et ont révélé des situations où les agents ont besoin d’être défendus quand leur qualité de vie est menacée. Dans le nouveau dispositif, le CHSCT disparait et est remplacé par une formation spécialisée. Ce n’est plus une instance et il sera plus facile de la contourner. La place des personnels dans la définition de leurs conditions de travail devient très relative ».

« Le plus terrible c’est que les CAP et CHSCT fonctionnent très bien et ne sont pas à la botte des syndicats. En matière de mutations, les CAP évitent bien des erreurs à l’administration et empêchent que se cristallisent des conflits entre un agent et son administration. Ils permettent le dialogue social. Maintenant tout le monde bascule dans l’opacité totale sur la façon dont le mouvement se passe. Et cela dessert l’équité ».

Pour P Devin, « la loi prétend au renforcement du dialogue social mais restreint en réalité la place des syndicats, nie le travail  paritaire et permet une administration sans transparence et sans concertation. Cela se fait aux dépens des agents ».

Le décret sur les CAP

Le décret sur les CSA

L aloi de tranformation de la fonction publique