Hercule: Contre le démantèlement d’EDF, la bataille politique est lancée

Le projet gouvernemental Hercuie vise à éclater EDF en plusieurs entités et pourrait, selon certaines sources, être intégré au projet de loi climat. © Philippe Roy/Aurimages

Le projet gouvernemental Hercuie vise à éclater EDF en plusieurs entités et pourrait, selon certaines sources, être intégré au projet de loi climat. © Philippe Roy/Aurimages

Des députés communistes, FI et socialistes, jusqu’à des parlementaires LR, un large front s’est fait jour, mardi, contre le dépeçage du groupe public envisagé par l’exécutif.

Faire de l’avenir d’EDF un enjeu de bataille politique. C’est l’ambition affichée par nombre de partis politiques de gauche comme de droite (PCF, LFI, PS, LR, Libertés et territoires), réunis pour une conférence de presse ce mardi à l’initiative du PCF. Tous dénoncent le projet gouvernemental Hercule, porté par Emmanuel Macron, qui vise à refondre EDF.

« C’est un sujet peu médiatisé, à l’apparence technocratique, mais qui va pourtant bousculer la nation, assure Sébastien Jumel, député PCF à l’origine de l’initiative. C’est un projet qui touche à la souveraineté énergétique et qui pourrait fragiliser nos capacités à produire une énergie accessible à tous, particuliers comme entreprises. Nous avons affaire à une opération de dépeçage de l’opérateur historique, construit par Marcel Paul (1), dans le sang et les larmes de la Résistance. »

Transfert des activités les plus juteuses vers le marché

Le projet Hercule vise à éclater EDF en plusieurs entités. Dans sa première mouture, l’opérateur serait scindé en deux parties hermétiquement étanches : d’un côté, EDF « bleu », à 100 % public, qui réunirait le nucléaire et le thermique (centrales au gaz, charbon…) ; de l’autre, EDF « vert », qui rassemblerait pour l’essentiel Enedis (distribution d’électricité) et les énergies renouvelables. Ce second pôle serait quant à lui ouvert au privé, à hauteur de 35 % pour le moment. Cette scission reviendrait en fait à garder dans le giron public ce qui « coûte » très cher (le nucléaire implique des investissements colossaux, qui rebutent le secteur privé), dont les financements seraient abondés par une hausse des tarifs de l’électricité produite par cette branche, en échange d’un transfert des activités les plus juteuses vers le marché.

Selon certaines sources, une deuxième version circulerait, qui sanctuariserait la production d’électricité hydraulique dans un troisième pôle, à 100 % public, baptisé « azur ». Mais aucun de ces deux projets ne convainc les syndicats de l’opérateur, qui redoutent la désintégration de l’entreprise.

« Déconstruction méthodique »

« Le pouvoir macroniste met la dernière pierre à un processus de déconstruction méthodique, démarré dans les années 1990, résume Adrien Quatennens (FI). À chaque fois, au nom de l’idéologie de la concurrence non faussée, on a libéralisé des pans entiers de l’économie (énergie, télécoms, rails), alors que tout fonctionnait. Les promesses de baisses de prix pour les consommateurs n’ont jamais été tenues, il n’y a qu’à regarder sa dernière facture d’électricité… »

Phénomène inhabituel, le projet Hercule semble faire la quasi-unanimité contre lui. Julien Aubert (LR), présent lui aussi à la conférence de presse, explique : « Ce projet mérite un vrai débat au Parlement, et pas seulement des tractations d’officines bancaires. Il ne s’agit pas d’un problème partisan, mais de savoir si l’électricité doit rester ou non un bien public. »

Selon certaines sources, Hercule pourrait être intégré au projet de loi climat, qui devrait être présenté en Conseil des ministres fin janvier. « La bataille que nous avons été capables de mener sur ADP, il faudra la mener pour EDF, conclut Sébastien Jumel. Hercule risque d’avoir un impact majeur sur la vie des gens, sur la compétitivité de nos industriels, sur notre maillage territorial, sur notre souveraineté. Les syndicats de l’opérateur appellent à un mouvement social ce jeudi, nous devrons construire des batailles parlementaires pour contraindre le gouvernement à reculer. »

(1) Militant communiste et résistant (1900-1982), il est l’un des pères fondateurs d’EDF, en 1945.

En savoir plus sur Moissac Au Coeur

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Donnez votre avis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.