Nissan-Ferry, De Castries : des ralliements qui en disent long

Jean Pisani-Ferry sera chargé de piloter le groupe de quelque 400 experts revendiqués par En marche !, afin de nourrir le candidat en propositions libérales... Photo : Alain Jocard/AFP

Jean Pisani-Ferry sera chargé de piloter le groupe de quelque 400 experts revendiqués par En marche !, afin de nourrir le candidat en propositions libérales… Photo : Alain Jocard/AFP

La presse a annoncé le 13 janvier dernier que Jean Pisani-Ferry, commissaire général à la stratégie et à la prospective avait apporté son soutien à Emmanuel Macron et rejoignait son équipe de campagne. Dans le Figaro d’hier, c’est Henri de Castries, ex PDG d’Axa, qui évoque son soutien à François Fillon sans s’expliquer sur la raison essentielle de ce soutien.

Dans le Figaro du 13 janvier, Jean Pisani-Ferry explique son ralliement à Emmanuel Macron en ces termes : «Je me reconnais dans l’ambition de transformation et de réforme que porte Emmanuel Macron et j’ai envie d’y  contribuer ».

Selon un proche d’Emmanuel Macron, l’équipe de campagne du candidat avait « besoin de quelqu’un comme lui qui a une vison globale de la situation, avec qui nous nous sentons en phase politiquement ». Cela n’a guère été dit durant le débat sur la loi travail en 2016, mais cette loi est inspirée d’un rapport franco-allemand rédigé par Jean Pisani-Ferry et Henrik Enderlin. Il fut remis le 27 novembre 2014 à Emmanuel Macron par ses deux rédacteurs. Ce rapport proposait d’assouplir les 35h en France. Il disait que notre pays « souffre du gouffre séparant les CDI et les CDD sur le marché du travail ». Il proposait de faciliter les licenciements et considérait que le niveau d’indemnisation  du chômage en France « n’inciterait pas à la recherche active d’emplois ». Il proposait aussi de changer « la formule de calcul du SMIC», lequel ne serait plus corrélé à l’inflation mais à la productivité du pays. Bref, l’essentiel de contenu de la loi El Khomri que Manuel Valls a fait passer au 49-3 était dans le rapport rédigé par Jean Pisani-Ferry et son collègue allemand.
Henri de Castries pouvait garder son poste de PDG du groupe Axa jusqu’en 2018. A la tête de ce groupe, sa rémunération totale à été de 2 860.044€  en 2015. Sur les sept années qui vont de 2009 à 2015, sa rémunération annuelle la plus élevée à été 2012 avec 3 285 743€, suivie de près par 2009 avec 3 284 364€. L’année la plus mauvaises fut 2014 avec seulement 2 800 972€, soit un recul de 0,1% sur 2013. Cela lui faisait tout de même plus de 233.000€ par mois dans sa plus mauvaise année.

« En cas de victoire, Castries est programmé pour Bercy »

Au Figaro dit que sont engagement au près du candidat de la droite « ne date pas d’aujourd’hui. Cela fait longtemps que je connais François Fillon et, depuis les cinq années qu’il a passé à Matignon, je suis convaincu qu’il est capable d’apporter une réponse cohérente aux problèmes du pays et de redonner espoir aux Français ». A des gens comme Henri de Castries, on n’en doute pas. Il suffit pour cela de lire cette seule phrase extraite du livre programme (1) de François Fillon que voici : « Je veux donc abolir le stupide impôt sur la fortune qui, au nom d’une égalité purement oratoire, a détourné depuis sa création des milliards d’investissements au profit de la Grande Bretagne, de la Belgique, de la Suisse où des Etats-Unis».
Le Figaro a demandé à Henri de Castries s’il avait envie de devenir ministre. Ce dernier a répondu que « la question ne se pose pas en terme d’envie ».Toutefois, Libération d’hier donnait à lire cette confidence d’un proche du candidat de la droite qui déclarait que « en petit comité, Fillon dit clairement qu’en cas de victoire, Castries était programmé pour Bercy». Le même journal écrit aussi que « la proposition de Fillon d’abandonner aux mutuelles le remboursement des « petits soins » de santé résonne comme un écho lointain à ce que le prédécesseur de Castries chez Axa, Claude Bébéar, avait tenté de vendre aux gouvernements Juppé puis Jospin au milieu des années 90».
Ce qui ne fut pas possible avec Juppé ou Jospin le deviendrait donc avec Henri René Marie Augustin de La Croix de Castries à Bercy, voire à Matignon.
(1) Dans Faire, page 125, Albin Michel


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