Entretien avec le militant écologiste qui était poursuivi par BNP Paribas pour vol de chaises en réunion suite à une action de désobéissance civile visant à dénoncer l’évasion fiscale. Il a été relaxé lundi 23 janvier.
Le tribunal de Dax a prononcé la relaxe vous concernant. Comment lisez-vous ce verdict ?
Jon Palais Comme un désaveu très fort pour BNP Paribas qui avait demandé une condamnation symbolique. Au-delà de mon propre cas, cette décision offre une légitimité à toutes les actions qui ont été menées par les faucheurs de chaises.
Au final, je pense que ces initiatives font sens pour beaucoup de monde et que la décision de la juge traduit aussi ce mouvement de sympathie. Elle s’inscrit dans ce que nous disons depuis le départ : ce ne sont pas les faucheurs de chaises qu’il faut juger, c’est l’évasion fiscale.
Lors du procès, le procureur avait déjà demandé la relaxe. Comment la juge a-t-elle argumenté sa décision ?
Jon Palais Elle a fait valoir que l’on ne pouvait pas qualifier l’action à laquelle j’ai participé de vol, dans la mesure où aucun élément n’est là pour le prouver : le dossier est vide, il manque les pièces. Le procureur, quant à lui, avait insisté sur le fait que les actions de fauchage avaient été clairement menées sans intentions frauduleuses. Autrement dit, il ne contestait pas le fait que des chaises avaient été prises – il avait parlé « d’emport de chaises » – mais le fait que cela puisse être assimilé à un vol. À sa manière, il était dans la même logique que nous. La juge a pris plus de distance, mais dans les deux cas, le signal est très positif.
Positif pour la lutte contre l’évasion fiscale ou les actions de désobéissance civile ?
Jon Palais Les deux. Ce jugement permet de faire clairement la différence entre ce qui relève de la désobéissance civile et la délinquance. Reste que cette décision porte sur un procès qui n’aurait pas dû avoir lieu. L’autre, celui de l’évasion fiscale, doit encore venir. Nous allons continuer à nous mobiliser, parce qu’il existe toujours un système organisé de fraude fiscale, qui pénalise les investissements nécessaires à la lutte contre le réchauffement climatique, qui lui-même est en train de s’aggraver. Les citoyens doivent intervenir dans ces débats. Quand il y a des situations de blocage, nous avons le devoir d’agir. Notre rôle ne peut pas se limiter à voter de temps en temps.
Les faucheurs de chaises vont poursuivre sur le même mode opératoire ?
Jon Palais Je ne sais pas encore. Nous devons en discuter. Nous avons commencé par réquisitionner des chaises. Par la suite, nous avons occupé des agences. Ce que je sais c’est que tout ce qui s’est passé autour du procès de Dax a donné de l’énergie à beaucoup de gens. Or, c’est ce dont nous avons besoin : pour réussir la transition climatique comme pour en finir contre l’évasion fiscale, il faut que la masse des gens s’y mette. Nous devons donc veiller à proposer des formes d’actions accessibles au plus grand nombre. C’était une des réussites des fauchages de chaises : il s’agissait à la fois d’actions simples à réaliser techniquement – tout le monde a une banque près de lui – et à la fois d’actions dont le niveau de radicalité était relativement avancé. C’est la voie dans laquelle il nous faut continuer d’avancer : trouver des manières d’exprimer nos opinions et d’agir directement, de façon non violente mais en prenant la direction d’une transformation radicale de la société.
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