Devant le Parlement européen, Alexander Van der Bellen, le nouveau président autrichien élu en décembre dernier après avoir battu l’extrême-droite, a fustigé tous les populistes et a appelé à l’unité de l’Europe contre toutes les tentatives, externes et internes, pour la diviser.
Ce n’est pas un hasard si pour sa première visite à l’étranger depuis son élection le 4 décembre dernier, le nouveau président de la République d’Autriche a choisi de se rendre devant le Parlement européen de Strasbourg. « C’est l’Europe qui m’a motivé, » dit-il pour expliquer sa victoire face à son challenger d’extrême-droite, Norbert Hofer.
« Les jeunes Autrichiens veulent voir leur avenir dans l’Europe, mais les plus âgés aussi, ils se souviennent des années 30. » Brexit, crise des réfugiés, montée des populismes, un président de la Commission européenne ( J-C Juncker ) qui jette l’éponge 2 ans avant la fin de son mandat…Alexander Van der Bellen est bien conscient que l’Europe traverse une mauvaise passe, mais pour lui, c’est justement le moment de faire preuve de courage et d’optimisme. Le président autrichien est venu faire souffler sur le Parlement européen un vent de « Yes,we can », ou de « Podemos », version tyrolienne, puisque l’ancien leader des Verts avoue parler « deux langues ¾, » – l’allemand, l’anglais, et un patois tyrolien que personne ne comprend en dehors de son village. Et il ne voit aucune contradiction entre son pays et l’Europe. « Pourquoi faudrait-il choisir ? » interroge-t-il, « nous pouvons vivre dans notre patrie et aimer l’idée européenne. Nous pouvons travailler pour nous et pour les autres ! » lance-t-il, sous les applaudissements des députés.
Né d’une mère estonienne qui parlait – outre l’estonien -, le russe et l’allemand, et d’un père, parlant en plus l’anglais, Alexander Van der Bellen est bien placé pour revendiquer une identité vaste. L’Europe n’est pas le continent du « soit l’un, soit l’autre », dit-il, « c’est ce qui fait notre spécificité, » appelant à renforcer l’esprit de l’Europe et à opposer un « grand Non » au populismes et aux protectionnismes.
Née d’une volonté de paix après un demi-siècle de guerres qui ont saigné le continent, Alexander Van der Bellen voit aujourd’hui cette Europe unie comme le résultat « d’une performance civilisationnelle » unique que nous ne saurions sous-estimer. « Ensemble, nous sommes plus forts que quand nous sommes seuls, » dit-il, appelant à opposer cette unité à toutes les tentatives de division venant aussi bien de l’extérieur – il fait clairement allusion au mépris affiché de Trump pour l’Union européenne – que de l’intérieur. « Chacun des Etats doit éviter de retourner à l’esprit de clocher, » souligne-t-il, tout en posant la question : « quels sont les problèmes qui seraient mieux résolus au niveau national ? » L’ancien leader des Verts autrichiens ne croit absolument pas qu’un pays à lui seul ait aujourd’hui les moyens de s’opposer par exemple aux grandes multinationales qui prétendent dicter leurs volontés et leurs conditions aux Etats. Il en appelle aux grands principes fondateurs de l’Europe – paix, démocratie et solidarité – expliquant que « les valeurs européennes ne sont pas négociables, » tout en étant bien conscient que « démolir l’Europe, ce n’est pas très difficile. » Raison de plus, ajoute Alexander Van der Bellen, pour défendre cette Europe « dans laquelle les fausses nouvelles peuvent être distinguées de la vérité, » s’adressant tout spécialement aux jeunes générations « à qui nous ne devons pas permettre que l’Europe leur soit dérobée. »
« L’idée européenne est une grande chose, elle mérite toutes les peines ! » a conclut le président autrichien sous une salve d’applaudissements et une standing ovation de tous les députés du Parlement européen, toutes tendances politiques confondues – hormis l’extrême-droite qui venait d’en prendre pour son grade, dans un silence gêné.
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