L’éditorial de Patrick Le Hyaric dans l’Humanité Dimanche.
Nous avons ici trop souvent alerté sur les dangers de la montée continue de l’extrême droite pour, à presque soixante jours du scrutin présidentiel, sonner le tocsin. En effet, de partout nous parviennent des témoignages du danger qui se présente, mesuré par toutes les enquêtes d’opinion, plaçant la candidate de l’extrême droite en tête du premier tour.
Des forces importantes se sont agitées depuis des années afin qu’elle devienne un pivot de la vie politique, un repoussoir qui pousse nos concitoyens à toujours choisir un prétendu moindre mal qui n’est rien d’autre que l’acceptation des canons de l’orthodoxie économique et budgétaire, doublée de reculs sociaux. La promotion de M. Macron est l’autre versant du piège
tendu. Et, depuis des semaines déjà, le ronron médiatique susurre qu’il ne resterait plus qu’une question pour l’élection présidentielle. Qui de M. Macron ou de M. Fillon affrontera la cheffe de l’extrême droite au second tour ? Les candidats de gauche sont mis hors jeu d’office.
La France n’a besoin ni du sosie féminin de Trump en pire, ni du liquidateur de la Sécurité sociale, ni de l’ultralibéral ubérisateur.
Autrement dit, l’élection présidentielle serait prise en otage ! Et l’immense majorité de nos concitoyens qui, de manière diverse, souhaitent des changements susceptibles d’améliorer leur vie, de faire reculer le chômage, de réindustrialiser le pays, de conjurer le réchauffement climatique, de revitaliser nos campagnes ou encore de changer ce système politique moribond, n’auraient plus de véritable candidat pour le dire dans les urnes. Il est vrai que le total des voix de la gauche reste trop faible. C’est aussi le résultat inquiétant de ce quinquennat qui a renié les valeurs progressistes en mettant en oeuvre une politique à l’opposé des engagements pris en 2012. Une des conséquences de ces abandons a précisément été la montée de Mme Le Pen. Et ceux qui portent une part de responsabilité dans cette situation voudraient en faire le point de départ de toutes les réflexions d’avant vote !
Si des choses ont bougé positivement avec la victoire de Benoît Hamon lors des primaires socialistes, il n’en reste pourtant pas moins que le candidat socialiste est loin de rassembler l’électorat qui s’était retrouvé sur François Hollande il y a cinq ans. Nombre de ces électeurs lui préférant M. Macron ou l’abstention. Curieusement, personne n’évoque cette division de l’électorat socialiste. C’est pourtant elle qui handicape la gauche tout entière. Cela ne peut être résolu par quelque accord de coin de table. Que la direction du Parti socialiste pense pouvoir dépasser le problème en siphonnant des électeurs de Jean-Luc Mélenchon n’est pas le meilleur choix pour garantir une rupture avec la politique menée depuis cinq ans.
Le problème n’est pas d’organiser des vases communicants à gauche mais de gagner au vote des électrices et des électeurs qui, pour l’instant, ont l’intention de s’abstenir. Leur abstention donne automatiquement de la force à l’extrême droite. L’un des moyens de libérer le pays de l’angoisse de ce second tour annoncé serait de créer les conditions de la mobilisation de celles et ceux qui attendent des propositions audacieuses pour un changement de gauche. Cela implique d’impulser, d’organiser le débat à gauche pour un projet transformateur. Les citoyens doivent redevenir maîtres du jeu et se faire entendre. Leur désir d’union est très important. Le Parti communiste l’a pris en compte très tôt en choisissant de ne pas ajouter une candidature issue de ses rangs à celles déjà annoncées. Ses adhérents ont fait le choix de soutenir Jean-Luc Mélenchon avec l’ambition de contribuer à faire évoluer le rapport de forces du côté du monde du travail, de la création, de l’écologie politique dans une démarche qui favorise le rassemblement là où, aujourd’hui, dominent les divisions. Le faire avec audace, créativité et détermination nous semble être le chemin le plus efficace et utile pour que l’emportent de nouvelles majorités présidentielle et législative, par addition de leurs diverses composantes et non par leur soustraction.
La France n’a besoin ni du sosie féminin de Trump en pire, ni du liquidateur de la Sécurité sociale, ni de l’ultralibéral ubérisateur qui veut supprimer toute règle du travail et détruire les services publics.
Notre pays et l’Union européenne réclament une nouvelle ère du progressisme, inséparable d’un élan démocratique à nul autre pareil. Les élections présidentielle et législatives doivent d’urgence impulser un vaste débat public, associant le plus grand nombre de citoyens possible, dans la perspective d’un pacte de progrès social, démocratique, écologique, féministe, antiraciste, feuille de route démocratiquement rédigée pour une nouvelle majorité de gauche authentique à l’Assemblée nationale.
Il s’agit bien de créer une dynamique qui additionne des forces plus importantes pour chacune des composantes, capables d’y parvenir parce qu’associant différences et volonté unitaire, à l’image des femmes et des hommes qu’il s’agit de rassembler pour l’emporter et ensuite réussir.
Cela implique un réveil démocratique collectif et beaucoup de discussions partout, du plus petit village à l’usine, au bureau, à l’école, dans le quartier, pour tracer ensemble les chemins capables de mobiliser et de ressusciter l’espoir.
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