Lafrançaise le 17 février 2017
Mesdames, Messieurs,
Chers amis, chers camarades,
Nous sommes réunis aujourd’hui en ce lieu afin de rendre un vibrant hommage à Louis SABATIER, jeune résistant communiste montalbanais, qui à l’aube de ses 20 ans, a été la victime de la barbarie nazie et de l’ignoble collaboration du régime de Vichy.
Louis SABATIER. est né le 24 août 1924 à Moissac.
En octobre 1940, alors étudiant au lycée Ingres de Montauban il devient un des fondateurs de la Phalange antinazie, et n’a de cesse de se battre pour le retour de la liberté.
En 1942, il passe le baccalauréat puis s’inscrit au lycée Pierre de Fermat à Toulouse où il prépare les Hautes Etudes Commerciales. Promis à un brillant avenir, il n’hésite pas une seconde à tout risquer pour s’engager dans les rangs des Francs Tireurs et Partisans Français, avec lesquels il va radicaliser son action.
En décembre 1943, il participe à l’attentat contre l’office de placement allemand à Montauban, à l’angle de la rue de la République et de la rue du Greffe.
Le 2 février 1944, en début de soirée, il fait sauter la vitrine d’un pharmacien, chef de la milice locale.
Le 3 février 1944, Louis SABATIER est arrêté au lycée Ingres, où il est surveillant. Dans un premier temps, il est conduit à la prison Beausoleil de Montauban. Il est ensuite transféré à la prison Saint-Michel de Toulouse le 17 février en début d’après-midi. Le même jour, après une parodie de jugement devant la Cour martiale présidée par le Procureur Général BERTHIER, à 17 h 30 il est fusillé par un peloton d’exécution composé de miliciens.
Il rejoint ainsi les Guy Moquet et les jeunes communistes fusillés eux aussi à Chateaubriand le 22 octobre 1941.
Je ne peux rester insensible au sacrifice de ces jeunes, d’autant plus que j’ai baigné une partie de ma jeunesse dans les récits de cet engagement contés par mon oncle François, lui aussi jeune lycéen de 17 ans, engagé dans la résistance aveyronnaise. Il fut grièvement blessé par balle à un poumon, mais survécu. Et la coïncidence veut qu’il y a une dizaine de jours, j’accompagnais mon oncle dans sa dernière demeure, lui qui m’a souvent guidé dans mes choix de vies, lui, l’ancien résistant, l’instituteur retraité, le militant communiste. Vous pouvez donc comprendre mon émotion et mes engagements d’aujourd’hui.
Cet anniversaire, au de-là d’un hommage ô combien mérité, est aussi un message d’espoir qui doit être transmis. Espoir parce qu’un jour, dans les années les plus sombres de notre histoire, des hommes, des femmes, des jeunes ont eu le courage de se lever contre le fascisme, contre la barbarie, contre la trahison, et ont su s’organiser, lutter au péril de leur vie, pour combattre l’ennemi. Quel courage il leur a fallu, quelle lucidité de la part de cette jeunesse alors que d’autres baissaient les bras !
Et ce combat, je tiens à le rappeler aujourd’hui, ce combat allait au-delà des nationalités.
On rencontrait des Français, espagnols, polonais, italiens ou russes Ils furent des milliers à rejoindre ainsi comme Louis SABATIER les rangs de la résistance.
Ils étaient souvent très jeunes et avaient fui avant d’arriver sur notre sol la montée du nazisme et de ses exactions dans leur pays d’origine.
Alors qu’aujourd’hui dans une société en crise où l’on peut se décourager, face à l’injustice, face à l’omniprésence de l’argent roi, par la montée de l’individualisme, où la misère gagne du terrain même dans notre pays, où le racisme, le rejet de l’étranger deviennent monnaie courante, alors que certains peuvent se laisser aller par la tentation de l’extrême droite, souvenons nous du passé de notre histoire commune.
Le sacrifice de Louis, et tous ceux qui tombèrent avec lui doivent nous rappeler que ce n’est pas le bon chemin à suivre. Nous devons, au contraire nous y opposer avec force car nous sommes leurs dignes héritiers. En effet, l’intolérance et la xénophobie que Louis et les siens ont combattues nourrissent la folie des hommes, elles ne construisent pas un avenir pour la jeunesse, elles ne sont que souffrances et rejets.
En célébrant aujourd’hui la mémoire de Louis SABATIER et de tous ceux qui ont lutté avec eux, nous célébrons cette jeunesse clairvoyante, nous portons espoir en elle pour construire un monde meilleur.
Comme Louis SABATIER, nous devons donc nous battre pour que cet héritage perdure, pour que les combats passés n’aient pas été vains. Vous pouvez compter sur moi.
Au nom de la Fédération du Parti Communiste Français, je vous remercie.
Rodolphe PORTOLES