Sous le signe de l’égalité professionnelle, le 8 mars devrait prendre de l’ampleur avec la grève unitaire à laquelle appellent des syndicats et des associations féministes.
À 15 h 40 tapantes, les femmes sont appelées à cesser le travail, le 8 mars prochain. Une heure précise qui indique le moment où elles ne sont plus payées. Une heure symbolique qui illustre, en moyenne, les 26 % de salaire de moins que les hommes. Un problème rappelé d’année en année dans de nombreuses études officielles sans que cela ne bouscule les consciences au sein des entreprises, que ce soit celles du public ou du privé, de petite ou de grande taille.
Alors, pour la première fois, associations féministes, syndicats, ONG et formations de jeunesse se liguent en espérant que le mouvement de grève qu’ils initient fera vraiment comprendre que le 8 mars n’est pas « la Journée de la femme, à qui l’on offre une fleur et un cadeau », souligne le communiqué signé par trente-huit organisations.
Hier, lors d’une conférence de presse, les initiatrices ont tenu à redonner tout son sens à cette Journée internationale pour les droits des femmes. « Est-ce que l’on va bientôt la confondre avec la Fête des mères ! s’indigne Cécile Gondard-Lalanne, porte-parole de Solidaires. C’est une journée de lutte, revendicative. » La grève fait écho à celle des Islandaises, le 24 octobre 2016. Présente hier, à Paris, Marianna Traustadottir, dirigeante de la Confédération islandaise du travail (ASI), raconte le succès de la mobilisation qui a rassemblé « 25 000 manifestant(e)s, y compris dans les petits villages » de son pays, où résident un peu plus de 337 000 personnes. La grève fait également suite à l’action internationale que lance #WomensStrike, soutenue par la Confédération syndicale internationale, et relayée dans trente-cinq pays, dont les États-Unis, la Pologne, l’Italie ou encore l’Irlande.
« Nous effectuons le travail de sensibilisation depuis des mois »
En France, le 8 mars peut s’avérer une journée exceptionnelle. Les organisatrices font, en tout cas, ce qu’il faut pour susciter la mobilisation des salariées (les hommes n’en sont pas exclus). « Nous effectuons le travail de sensibilisation depuis plusieurs mois. Et, au-delà de la manifestation, il y aura de nombreux rassemblement et débrayages au sein des entreprises », soutient Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU. Ana Azaria, présidente du collectif Femmes Égalité, renchérit : « La mobilisation touche aussi les femmes des quartiers populaires. Elles sont particulièrement frappées par le temps partiel imposé et les bas salaires. Le 8 mars, nous prévoyons des votations citoyennes sur ce sujet dans les centres commerciaux et les marchés. Celles qui ne pourront pas arrêter le travail mettront un brassard signifiant leur adhésion à la grève. »
À quelques semaines des échéances électorales, les organisatrices entendent marquer la Journée internationale pour les droits des femmes. Une journée d’autant plus nécessaire que ces droits sont les premiers à être bafoués, contestés, dénoncés par un courant réactionnaire, conservateur et intégriste, soutenu et promu plus ou moins ouvertement par la droite et l’extrême droite. Une journée sous le signe de l’égalité professionnelle à laquelle devraient participer des secteurs comme le commerce, la propreté ou la fonction publique. « Les femmes ont souvent participé à des luttes, comme celle des sages-femmes. Mais souvent sans faire le lien avec l’égalité. Nous avons insisté sur cette liaison », explique Sophie Binet, responsable de la CGT. Ce 8 mars, plusieurs places de l’Hexagone devraient être investies. Sans fleurs, ni cadeaux.
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