Entre un livre avec le mathématicien Cédric Villani, un voyage en Chine et un projet estival avec son collègue et ami Troubs sur les accueillants et migrants de la vallée de la Roya, le fameux dessinateur niçois Edmond Baudoin offre à l’Humanité, son journal de cœur, les planches du livre Gens de Clamecy, qu’il signe avec Mireille Hannon, réalisatrice de documentaires. Cette BD est inédite. Nous publions donc dès aujourd’hui, et chaque jour jusqu’aux élections, l’un des 44 portraits réalisés par Edmond Baudoin d’un(e) habitant(e) de cette ville de la Nièvre, rencontré(e) au marché, dans les cafés, les deux librairies, à la sortie du lycée ou à la médiathèque…
Ce projet a vu le jour grâce au riche fonds privé appartenant à la Société scientifique et artistique de Clamecy et au fonds public des archives départementales de la Nièvre, dans le cadre du festival Résistance, qui s’appuie sur un moment d’histoire mémorable de la ville pour créer un pont entre résistances d’hier et d’aujourd’hui : en décembre 1851, plus de deux mille républicains défendent la IIe République, qu’ils espèrent démocratique et sociale, contre le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte. La ville résiste, s’insurge, dresse des barricades, hisse le drapeau rouge sur sa mairie et le paie très cher.
Un protocole simple : un portrait en échange d’une réponse
Le talent d’Edmond Baudoin, choisi par Mireille Hannon « parce qu’il sait dessiner les arbres » et que la très verte cité de Clamecy côtoie le Morvan, non loin de là, vient de ce qu’il sait donner une dimension contemporaine et personnelle à pareil récit historique.
Son protocole, très simple, prévoit un troc entre son modèle, auquel il restitue son portrait, et la réponse de ce dernier à sa question : « Comment serait votre société idéale ? » Ce dispositif, il l’a éprouvé du Mexique à la Colombie, en passant par le plateau de Millevaches…
« Au début, tu te dis que t’être lancé dans pareille histoire avec des inconnus, c’est comme gravir une montagne confie-t-il. Et puis, au fur et à mesure que la personne voit l’image venir sur le papier, il se passe quelque chose, la parole se libère. Le portrait, c’est magique ! »
« Mettre quelqu’un en avant, c’est le faire exister… »
Edmond Baudoin remarque qu’« on ne va plus voir les gens, aujourd’hui. Avec l’individualisme, notre regard ne se fixe plus. L’autre n’est plus regardé. Du coup, faire un portrait, donc s’arrêter sur quelqu’un, le mettre en avant, est important car on le fait exister ». Pour lui, dans le monde entier, les gens veulent la même chose : « continuer la vie. » « L’humanité, dit-il, vient du fond de la personne. »
« L’important, pour les gens de Clamecy, est le devenir avec les autres », estime le dessinateur au terme de ses rencontres. Plus de cent cinquante ans après, ce que vont nous dire, au fil des jours, dans les colonnes de l’Humanité, les gens de Clamecy, héritiers ou pas des familles républicaines d’alors, est très politique et résonne terriblement avec les enjeux de l’actuelle campagne électorale, où une VIe République est à l’ordre du jour. Merci Edmond Baudoin !
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