Face à Fillon, Macron et le Pen que doit faire la gauche ?

Photo : Gonzalo Fuentes/Reuters

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Après la renonciation d’Alain Juppé, le comité politique du parti Les Républicains a remis François Fillon en selle pour l’élection présidentielle. La gauche peut-elle dans ces conditions choisir de se faire éliminer au soir du premier tour ?

Dans les pages « Débats et controverses » de l’Humanité du 6 mars, Alain Obadia, président de la Fondation Gabriel Péri, écrit que « la lutte contre le réchauffement climatique ou la transition écologique ne peut réussir si tous les pays ou tous les grands secteurs d’activités ne s’y investissent pas. La transformation en profondeur des modèles de consommation et de production oblige à réfuter les logiques de moins-disant social et environnemental ».

Dans ces mêmes pages, le syndicaliste Pascal Joly affirme qu’il « faut rendre intelligibles les raisons pour lesquelles un changement passe par une autre utilisation de l’argent, qui suppose de nouveaux pouvoirs. Il faut revendiquer un autre mode de production dont la finalité ne soit plus la recherche du profit. La France vient d’être déclarée championne d’Europe du reversement de dividendes aux actionnaires. Pour ceux-là, les politiques d’austérité produisent des résultats ». Dans ces mêmes pages, encore, le philosophe Jean-Michel Galano écrit : »Ce que veulent aussi bien Macron Fillon que Le Pen, c’est casser ce qui reste du lien social : la Sécu, les retraites par répartition, la gratuité scolaire. Ce qu’ils veulent, c’est des enfants en blouse, la criminalisation de l’action syndicale, le rejet de l’étranger. On sait comment cela a fini historiquement : par le rejet de l’autre, du sujet différent, de celui qui est soit disant un « coût » pour la collectivité ». De leur côté, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot écrivent dans ces mêmes pages : « Nos enquêtes menées depuis trente ans auprès des dynasties familiales les plus fortunées démontrent une violence de classe et un appétit de richesses et de pouvoir insatiable auxquels il est urgent de mettre fin avant qu’il ne soit trop tard».

Avec Fillon à l’Elysée, les plus pauvres seraient encore plus pauvres

François Fillon défend mieux que personne cette petite caste dénoncée par Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Dès le départ il a intégré dans son équipe de campagne l’ancien patron Henri de Castries dont le salaire mensuel moyen était 235.000€ durant ses sept dernières années comme PDG du groupe d’assurances Axa.  Fillon lui, n’a jamais travaillé en entreprise. Il est  passé d’attaché parlementaire à député, de député à ministre, de ministre à sénateur, de sénateur à député puis Premier ministre avant de redevenir député. Ses ennuis judiciaires récents nous ont permis de savoir qu’il a d’abord divisé par deux le salaire de son attachée parlementaire Nathalie Blin en lui imposant un travail a mi-temps afin de salarier son épouse à plein temps. Nous savons aussi que le salaire de Penelope Fillon est monté à plus de 6.000€ par mois en 2002 dès qu’elle est devenue l’attachée parlementaire de Marc Joulaud, le suppléant de Fillon quand ce dernier est devenu ministre. Joulaud a d’ailleurs fait cet aveu aux enquêteurs : « De fait, oui, c’est François Fillon qui a fixé la rémunération de son épouse ».
Nous saurons le 15 mars si ces faits vaudront à François Fillon une mise en examen. En attendant, le comité politique du parti Les Républicains a « renouvelé à l’unanimité son soutien » au candidat Fillon hier soir, suite au refus d’Alain Juppé de faire acte de candidature. On sait que Fillon veut supprimer 500.000 emplois de fonctionnaires en cinq  ans, qu’il veut supprimer les 35 heures, réduire les remboursements de la Sécurité sociale au profit des assurances privées. Certes, il promet d’augmenter de 300€ par an les petites retraites inférieures à 1.000€  par mois. Mais il reprend d’une main ce qu’il affirme donner de l’autre en augmentant la TVA de 2% en moyenne. Avec les déremboursements de la Sécu et la cherté accrue des mutuelles, les plus pauvres seraient encore plus pauvres avec Fillon à l’Elysée.

Dès lors beaucoup d’électeurs partisans d’une véritable politique de gauche se posent la question suivante: dès lors que les intentions de vote cumulées en faveur de Benoît Hamon et Jean-Luc  Mélenchon sont de 25 à 28% faut-il qu’il y ait deux candidats de gauche qui, chacun de son côté risquent de terminer quatrième et cinquième au soir du premier tour ? Ne faut-il pas plutôt un seul candidat sur un projet commun ? La question mérite encore d’être débattue.

Gérard Le Puill


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