De nombreux appels à cesser le travail sont prévus cet après-midi pour revendiquer l’égalité professionnelle entre femmes et hommes.
«Une telle mobilisation du 8 mars, dans l’histoire récente, est inédite », assure Sophie Binet, secrétaire générale adjointe de l’Ugict CGT, également en charge de l’égalité entre femmes et hommes au bureau confédéral du syndicat. Un appel à cesser le travail est en effet lancé à 15 h 40, heure à laquelle les femmes cessent d’être payées chaque jour, sur la base d’une journée de travail standard, puisqu’elles gagnent, en France, toujours 26 % de moins que les hommes.
L’appel à rassemblement est très large. La quasi-totalité des associations féministes l’a signé ainsi que de nombreuses organisations de jeunesse, comme l’Unef, et trois organisations syndicales, la CGT, la FSU et Solidaires. « Je tiens à préciser que tous les syndicats étaient invités et que seuls trois ont répondu, souligne Sophie Binet. Pourtant, on a vraiment besoin d’une grande mobilisation car, sur le sujet de l’égalité professionnelle entre hommes et femmes, on se heurte systématiquement au patronat. »
« Au moins 250 actions ont été annoncées pour ce moment de 15 h 40 », se réjouit la syndicaliste. Environ 70 rassemblements (1) se tiendront à cette heure, dont celui place de la République à Paris, et près de 150 arrêts de travail ont été déposés. La grève devrait toucher tout le secteur de la propreté, dont les salariés sont majoritairement des femmes, avec beaucoup de temps partiels et d’horaires décalés. Des actions sont aussi prévues dans le commerce, dans les Carrefour Market, Casino et Intermarché… À Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, l’usine Radiall, composée de 167 hommes sur 170 salariés, va aussi débrailler à 15 h 40. De même que le fleuron des sociétés de services en informatique français, Capgemini, dont les employés entendent dénoncer le refus de la direction d’avancer l’enveloppe de 6 millions d’euros qui aurait permis d’établir l’égalité professionnelle, malgré un bénéfice net dépassant allègrement le milliard d’euros. Toutes les crèches de Lyon ont également prévu de participer à cette journée de mobilisation, ainsi que les personnels de la culture à Paris.
L’appel à la grève de ce 8 mars est aussi porté par la Confédération syndicale internationale et des arrêts de travail sont prévus dans 35 pays, où de grandes marches sont organisées. « C’est important dans ce contexte international, où des dirigeants très conservateurs comme Trump, Erdogan, Poutine ou Kaczynski en Pologne ont tous remis en cause les droits des femmes. »
Le 3 février, l’Assemblée nationale s’est prononcée pour un droit allongé au congé de maternité à 18 semaines, au lieu de 16 aujourd’hui. Un vote arraché à l’issue d’une bataille en séance par la députée Marie-George Buffet, auteure du texte, face à un gouvernement décidé à bloquer jusqu’au bout cette avancée. Reste que la mesure est la seule rescapée, avec le congé de paternité porté à 14 jours au lieu de 11 (21 jours au lieu de 18 en cas de naissances multiples), du pilonnage contre les autres articles de la loi. Pour la responsable à l’égalité hommes-femmes de la CGT, Sophie Binet, l’étape est cependant importante, car, même si « le gouvernement a encore suivi le Medef », la mesure votée une première fois est « extrêmement positive pour le combat pour l’égalité, alors que la France est en deçà des normes fixées par l’OIT ».
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