Unédic. Les plus précaires pris pour cible

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Lors de la seconde séance de négociation sur l’assurance chômage, mardi, les syndicats ont exigé un nouveau texte sur la taxation des contrats courts alors que le patronat persiste à réaliser des économies sur les plus fragiles. 

Les lieux changent. Les propositions rétrogrades du patronat restent. Mardi, la deuxième séance de négociation sur l’assurance chômage s’était délocalisée exceptionnellement au siège de l’Unédic, pour discuter d’un texte très peu amendé par le Medef. Le patronat, qui avait, la semaine passée, proposé de reculer l’indemnisation des aînés de 50 à 57 ans pour bénéficier de 36 mois d’indemnisation, met cette fois-ci sur la table un décalage progressif. A 55 ans, le demandeur d’emploi pourra être indemnisé 27 mois, puis à 56 ans, il touchera 30 mois, 33 mois à 57 ans, puis 36 mois à 59 ans ; soit un recul de droits par paliers pour ces séniors. D’après un chiffrage de l’Unédic présenté hier, le scénario initial du patronat supprimerait des droits à 59 000 personnes pour économiser 660 millions d’euros. « Ils proposent des économies sur des personnes qui vont perdre jusqu’à un an d’indemnisation chômage et tomber dans les minima sociaux. On tape sur les plus précaires. On n’a pas encore la répartition hommes-femmes, mais on suppose que ce sera pire pour elles », s’est alarmé Denis Gravouil, négociateur pour la CGT.
Le projet de la CFDT prévoit, lui, une entrée par étape dans la filière sénior permettant de raboter 330 millions d’euros au prix de 38 000 chômeurs lésés, et celui de la CFTC envisage 440 millions d’économies pour 52 000 chômeurs perdants. Les travailleurs précaires qui alternent emplois très courts et chômage ont également du souci à se faire. Le patronat (Medef, CPME et U2P) souhaite tailler dans leurs revenus.
Pour éviter des situations « où un bénéficiaire de l’assurance chômage qui alterne fréquemment courtes périodes d’emploi et périodes de chômage indemnisé gagne davantage qu’un salarié en CDI à temps plein rémunéré pourtant sur les mêmes bases salariales », ce qui est loin de concerner toutes les personnes en activité réduite, il persiste à ne comptabiliser que les jours travaillés dans le calcul de l’allocation.
La position du Medef sur les contrats courts n’a pas bougé d’une virgule
Le Medef a tout juste concédé un nouveau plancher. Sans reprise d’activité, la personne ne pourra pas être indemnisée moins de 18 jours par mois contre 17 dans le texte précédent. Dans tous les cas, ce projet drastique générera 1,2 milliard d’économies. Pour Denis Gravouil, « ce lissage de l’activité réduite va entraîner une baisse de droits, certains perdront 200 euros par mois. On pense notamment aux assistantes maternelles qui ont plusieurs contrats qui se chevauchent ».
Quant à la partie sur les contrats courts, condition préalable pour les syndicats à la signature d’un accord, elle n’a pas bougé d’une virgule, renvoyant toujours cette négociation aux branches professionnelles les plus utilisatrices. Pour Véronique Descacq, de la CFDT, « le patronat doit nous dire ce qu’il peut mettre sur la table ». « Nous sommes toujours à l’affut de propositions sérieuses de la part du Medef », a renchéri Michel Beaugas, représentant de FO. Les cinq négociateurs des syndicats, réunis lundi soir, ont tous intimé au patronat de faire une vraie proposition nationale et interprofessionnelle sur cette taxation de la précarité en vue de la prochaine séance du 23 mars.
De son côté, Alexandre Saubot, représentant du Medef, assure avoir « entendu le message ». Mais semble rester bloqué sur une solution au niveau des branches, évoquant de possibles « groupements d’employeurs » dans les secteurs concernés par ces contrats, ajoutant au passage que leur explosion n’était « pas un évènement majeur »… Si le patronat ne sort pas du bois sur cette question qui avait déjà provoqué l’échec de la négociation en juin dernier, la suite des discussions risque d’être compromise.
« La balle est dans son camp, a lancé Eric Courpotin, de la CFTC. On veut du concret. » Le temps presse. Syndicats et patronat se sont laissés jusqu’au 28 mars pour aboutir. Dans tous les cas, il semble trop tard pour obtenir l’agrément du gouvernement avant la présidentielle. « Il faut finir avant les élections, sinon, ça n’a pas de sens », s’est impatienté Jean-François Foucard, de la CFE-CGC. La séquence du 23 mars s’annonce d’ores et déjà décisive.
Cécile Rousseau journaliste

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