Gaz de schiste. Quand la BNP sent le gaz, les ONG s’échauffent

Des militants devant une agence BNP Paribas à Paris afin dénoncer le soutien de la banque via un mandat financier au projet Texas LNG dans la Vallée du Rio Grande aux Etats-Unis. Photo : Amis de la Terre

Des militants devant une agence BNP Paribas à Paris afin dénoncer le soutien de la banque via un mandat financier au projet Texas LNG dans la Vallée du Rio Grande aux Etats-Unis. Photo : Amis de la Terre

Engagée dans un rôle de conseil pour financer la construction d’un terminal gazier au Texas, la BNP est de plus en plus ciblée par les ONG environnementales. Celles-ci lui demandent de se retirer d’un projet qui est contraire aux engagements pris pour lutter contre le réchauffement climatique.

Lundi, vers 9 h 45, avec un peu de retard, mais pas trop, les militants des Amis de la Terre et d’ANV-COP21 se sont alignés devant une agence BNP Paribas située boulevard Sébastopol à Paris. L’enjeu de cette action, qui devrait en appeler d’autres dans les semaines à venir : dénoncer le soutien de la banque française via une de ces filiales américaines, « Bank bof West », au projet Texas LNG, un . Un projet à 2 milliards de dollars. Sous le regard des employés de la banque, un gros tuyau matérialisant un pipeline avait été installé de l’extérieur vers l’intérieur avec fumigène incorporé. Beaucoup de fumée, des banderoles rappelant le rôle non négligeable du PDG de la BNP, Jean-Laurent Bonnafé, et une mise en garde à l’hygiaphone de Lucie Pinson, chargée de campagne Finance privée aux Amis de la terre France :

« Nous accusons BNP Paribas d’aggraver la crise climatique. Un terminal d’exportation comme Texas LNG conduit, en amont, à l’extraction de toujours plus d’énergies fossiles et contribue, en aval à l’émission de millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Le soutenir est donc en contradiction totale avec la nécessité de limiter le réchauffement à 1,5°C et avec les propres engagements climat de la BNP Paribas qui joue un rôle décisif dans ce projet. Si son mandat de conseil date d’avant la COP21, la banque doit aujourd’hui y mettre un terme et s’engager à ne financer ni Texas LNG ni la quarantaine de projets de terminaux d’exportation de gaz prévus aux Etats-Unis. »

Outre les enjeux climatiques, ce sont aussi les dégâts économiques et sanitaires que pourrait causer ce terminal dans la vallée du Rio Grande qui sont mis en avant, continue la chargée de campagne de l’ONG: « Plusieurs hectares seront détruits pour son installation. Ces terres sont des lieux sacrés pour des tribus amérindiennes et elles n’ont pas été consultées. Il risque aussi de nuire aux activités locales comme la pêche et l’éco-tourisme, principales ressources de cette région. »

Quant aux risques sanitaires, avec l’implantation de tours de torchage à quelques kilomètres de la ville de Brownsville, ils sont évidents :

« C’est évidemment sans compter avec les pollutions de l’air occasionnées. En outre, Texas LNG à beau faire miroiter quelques centaines d’emplois à la population de cette ville à 80% d’origine hispanique et avec un seuil de pauvreté qui atteint les 35%, cela ne durera pas longtemps, une fois le terminal construit » , insiste Lucie Pinson.

Les enjeux sont donc énormes et si à force de pressions, les ONG française, mais aussi états-uniennes, parvenaient à leur fin, le désengagement de la BNP aurait un impact non négligeable pour la suite :

«  Ce projet coûte très cher. Si la BNP abandonne son rôle de conseil, qui est en fait de solliciter des fonds auprès d’investisseurs, cela voudrait dire que le projet prendrait beaucoup de retard. Il faudrait trouver une autre grande banque capable de reprendre le tout depuis le départ. De plus, enfiler ce costume, c’est savoir que l’on sera ciblé par bon nombre d’ONG. Une très mauvaise publicité, non ?» interroge la militante environnementale.

En attendant, la mobilisation ne faiblira pas :

« Nous prévoyons deux actions le 11 avril prochain. Une à Bar-le-Duc en vue du procès de Florent Compain, le président des Amis de la Terre France qui est poursuivi par la banque en raison de sa participation à une réquisition citoyenne de chaises en 2015. Une autre est prévue à Paris, au siège de la BNP, afin de dénoncer l’évasion fiscale de cette société. Ce ne sont pas les lanceurs d’alerte et les faucheurs de chaises qu’il faut juger mais les coupables de la crise sociale et écologique », termine Lucie Pinson.

Lire aussi :

Éric Serres, Rubrique Une planète et des hommes

En savoir plus sur Moissac Au Coeur

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Donnez votre avis

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.