À l’occasion du « grand rendez-vous de l’investissement productif », le gouvernement et les députés LREM ont défendu hier leurs choix fiscaux et appelé les Français à flécher davantage leur épargne vers des placements à risques.
«Je ne crois pas que les Français soient fâchés avec l’économie, avec les entreprises ou avec la Bourse : nous sommes en réalité un vieux pays capitaliste », a déclaré le premier ministre, Édouard Philippe, en ouverture d’une rencontre organisée à l’Assemblée nationale par les députés LREM de la commission des Finances. Alors que quelques heures plus tôt Oxfam (voir ci-contre) révélait que la France est « championne d’Europe de la rémunération de ses actionnaires », les élus de la majorité étaient bien décidés à expliquer comment les réformes réalisées pour « libérer le capital » bénéficieront au plus grand nombre. «Banquiers, conseillers en gestion de patrimoine, assureurs, gestionnaires d’actifs, épargnants et entrepreneurs» étaient ainsi invités à un « grand rendez-vous de l’investissement productif ». L’événement, auquel participait également le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, était accompagné de la formule « Make our economy great again », reprenant à un mot prêt le slogan de Donald Trump. Mais c’est Amélie de Montchalin, « whip » des députés LREM à la commission des Finances, qui en a présenté les objectifs. « Les politiques que nous sommes avons rempli notre part du contrat de confiance, a-t-elle lancé. Vous devez tous redevenir de réels intermédiaires entre l’épargne des Français et nos entrepreneurs. » Entre la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) et sa transformation en impôt sur la fortune immobilière (IFI), ainsi que la mise en place d’un prélèvement unique forfaitaire (PFU) de 30 % sur les revenus du capital mobilier, la première loi de finances du quinquennat Macron était destinée, selon la majorité, « à libérer l’épargne ». Et la parlementaire dit aujourd’hui vouloir « doubler la part de l’épargne des Français qui va dans les PME », de 5 à 10 milliards d’euros par an. S’il faut « donner envie » aux investisseurs étrangers de soutenir les PME, le premier ministre a, lui, argumenté que « l’argent qui travaille rapporte plus que celui qui dort ». De fait, c’est surtout les 1 600 milliards d’euros d’assurance-vie et les 400 milliards « disponibles sur les comptes bancaires des Français » qui étaient au centre des préoccupations. Et pas de n’importe quelle façon. Loin de vouloir relancer le livret A, l’ensemble des intervenants ont appelé les citoyens à davantage se diriger vers de « l’épargne à risque ». « Nous avons besoin d’un volant à risque dans chaque portefeuille d’épargne », a estimé Nicolas Théry, président de la confédération nationale du Crédit mutuel. Problème : « En France, dès que vous achetez autre chose que du livret A, vous avez l’impression de mettre votre vie en péril », a déploré Nicolas Lesur, président d’Unilend, qui prône un « changement culturel ». Solution : « Ce que les épargnants ont besoin d’entendre, ce sont des histoires d’entreprises plutôt que des taux. Ainsi, ils iront vers le risque », mesure Charles-Henri d’Auvigny, président de la F2iC. « Desserrement des contraintes » et « évolutions réglementaires pour plus de flexibilité », ont aussi été réclamés par des assureurs.
Juste avant de rejoindre Versailles, Bruno Le Maire a promis de dire à Jamie Dimon, du groupe JP Morgan que « Paris est le lieu où il faut être ». Considérant que la « concentration du capital est plus forte et plus nécessaire que jamais », il n’est pas parvenu à démontrer qu’elle permettait une redistribution des richesses, se contentant d’asséner : « Ne laissez jamais dire que nous faisons une politique pour les riches. Jamais ! »
Dans ce rapport de près de 100 pages, Oxfam détaille une série de préconisations pour réduire les inégalités. L’ONG propose que les États visent à ce que les revenus totaux des 10 % les plus riches ne dépassent pas les revenus des 40 % les plus pauvres. Et que cela serve de nouvel indicateur pour l’objectif de développement durable (ODD) numéro 10 sur les inégalités.
Oxfam demande aussi de limiter les rémunérations des actionnaires et de promouvoir un ratio salarial pour les hauts dirigeants des entreprises ne dépassant pas 20 fois le salaire médian de leurs employés. Autre requête : demander à chaque État de produire annuellement des données sur la richesse et les revenus des différentes composantes de la société, notamment les 10 % et les 1 % les plus riches.
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