Des mobilisations se sont déroulées, jeudi, partout en France, contre la réforme Parcoursup et la sélection déguisée.
Tenue à bout de bras, une pancarte en carton domine la foule : « Même Darwin n’avait pas imaginé autant de sélection. » Quelques pas plus loin, dans le même registre scientifique : « Sélection pas naturelle », Ou encore, plus direct : « Vider la loi Vidal »… Au premier jour de la mobilisation nationale contre la réforme de l’accès à l’université et le projet d’un nouveau bac, les slogans ont joliment fleuri le long du cortège parisien. Plusieurs milliers d’étudiants, enseignants et lycéens ont défilé, à partir de 14 heures, entre Jussieu et l’emblématique place de la Sorbonne. « Ce n’est que le début du mouvement, mais je ne m’attendais pas à autant de monde, assure Jaspal de Oliveira Gill, la présidente de l’Unef à Paris-I. On va continuer à faire monter la pression. »
La nouvelle plateforme d’orientation Parcoursup concentre les reproches de Salma, une élève de terminale venue d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) avec une cinquantaine de camarades. « On doit faire dix vœux sans qu’on puisse exprimer notre préférence et ensuite, c’est les facs qui décident ! lance la jeune fille. On a vraiment l’impression de ne pas maîtriser nos choix, de mettre notre avenir dans les mains du hasard. »
Cette réforme va instaurer un tri social
Les fameux « attendus » que les lycéens doivent désormais maîtriser, s’ils veulent intégrer telle ou telle filière, l’inquiètent clairement. « Il faut parfois fournir des documents, c’est compliqué et ça dissuade, surtout pour les familles où les parents ne maîtrisent pas bien le français », glisse-t-elle. Dans son lycée, classé en éducation prioritaire, une centaine d’élèves ont participé, mercredi, à une assemblée générale. « On a voté à 98 % contre la réforme », assure la lycéenne.
Pour les manifestants, cette réforme va instaurer un tri social des élèves et une hiérarchisation perverse des établissements. « Les plus défavorisés seront aiguillés dans des facs poubelles et les autres dans des facs d’élites aux droits d’inscription élevés », s’agace Clara, étudiante en licence bio à Jussieu. « Plutôt que d’augmenter les moyens d’accueil, le gouvernement préfère barrer la route de la fac à certains, notamment ceux considérés comme ‘‘moins bon’’, renchérit Frédéric Érard, représentant de la Ferc CGT à Paris-III. C’est de la sélection pure et dure. Ça existait déjà un peu en fac, mais au lieu de lutter contre ces inégalités, on les officialise ! » Lui a connu les mobilisations de 1986 contre la loi Devaquet, le ministre décédé il y a peu et grand défenseur de la sélection à l’entrée en fac : « Il est mort, il serait temps d’enterrer aussi ses idées… » Le militant, lui, a déjà coché la date de la prochaine mobilisation du 6 février.
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