Rapport de Sylvie Brunet pour le développement de l’apprentissage
Des propositions à contre-courant de l’Histoire de la formation professionnelle initiale des jeunes
Si elles étaient retenues, les propositions du rapport de synthèse de la concertation pour le développement de l’apprentissage signeraient un véritable recul pour la formation professionnelle initiale des jeunes. Certaines propositions dépassent le champ strict de l’apprentissage et impacteront l’organisation de l’enseignement professionnel scolaire et la politique de certification.
Le rapport préconise l’introduction d’un module obligatoire de sensibilisation à l’apprentissage dans la formation initiale et continue des professeur·es, chef·fes d’établissement, inspecteurs et inspectrices. L’objectif est clairement d’obliger les acteurs de l’Éducation nationale à promouvoir l’apprentissage. Or, dans un contexte de concurrence déloyale entre les différents modes de formation, le SNUEP-FSU considère que l’Éducation Nationale doit avant tout valoriser l’image de l’enseignement professionnel public plutôt que vanter les pseudo-mérites d’un système qui n’est pas de son ressort !
La proposition de création d’un “enseignement de transition vers l’activité professionnelle” (ETAP) permettant “d’initier à l’apprentissage un nombre significativement plus important de jeunes qu’aujourd’hui” et prenant la place de l’actuel enseignement de Prévention, Santé et Environnement (PSE) ne consisterait qu’à formater les jeunes aux attentes des entreprises. Le SNUEP-FSU le dénonce et rappelle que l’enseignement de la PSE est fondamental dans le cadre de la formation générale et professionnelle qui doit être dispensée à chaque future citoyen·ne.
Dans les conditions actuelles, et selon les statistiques de l’Assurance Maladie, les apprenti·es sont 80 fois plus exposé·es aux accidents du travail que les élèves de LP. Il est inacceptable que les protections et garanties des mineur·es au travail soient assouplies. C’est un recul social inadmissible.
Le SNUEP-FSU dénonce les propositions de généralisation de la mixité des publics en EPLE et de signature de contrat d’apprentissage à tout moment de l’année. Elles ne font que répondre aux exigences du patronat, occultant complètement l’objectif de formation des jeunes. Les conditions de formation des apprenti·es et des élèves n’en seront que dégradées, tout comme les conditions de travail des enseignant·es, formateurs et formatrices.
Recentrer les diplômes professionnels autour de “famille de métiers”, tout en confiant l’élaboration des référentiels d’activités professionnelles (RAP) aux seules branches professionnelles qui auraient un pouvoir de codécision pour l’élaboration des référentiels de compétences, ne fera qu’affaiblir les diplômes et leurs contenus de formation. Le SNUEP-FSU rappelle son attachement à une élaboration des diplômes dans le cadre des Commissions Professionnelles Consultatives (CPC) quadripartites, où, à ce jour, les équilibres entre volonté du patronat et faisabilité pédagogique sont assurés. Le SNUEP-FSU reste attaché au fait que chaque diplôme soit construit autour d’un métier précis et de qualifications spécifiques.
Le SNUEP-FSU ne cesse d’alerter sur les dangers que représentent les blocs de compétence, en raison du dévoiement dont ils pourront aisément faire l’objet, pour permettre aux employeurs de payer moins des employé·es “compétent·es”, mais non diplômé·es ! Un diplôme a des ambitions bien plus élevées qu’un CQP, car sa vocation n’est pas uniquement d’attester de l’adaptation d’un individu particulier à un poste de travail particulier.