Dans l’affaire Lactalis, foodwatch hausse le ton. Car tous les responsables se refilent le bébé depuis décembre et le scandale reste teinté d’opacité. Aujourd’hui, foodwatch et plusieurs parents déposent donc une plainte qui n’épargne personne. L’organisation démontre de manière très étayée que tous les acteurs impliqués dans ce scandale alimentaire ont manqué à leurs obligations : fabricant, distributeurs, autorités publiques et laboratoire se sont montrés irresponsables.
L’ONG experte des questions d’alimentation a listé 12 infractions graves et exige que les protagonistes rendent enfin des comptes. Pour foodwatch, il ne fait aucun doute que ce scandale sanitaire aurait pu et dû être évité. Notre système défaillant a mis en danger la vie de dizaines de nourrissons en France et dans les 85 autres pays concernés. Cette affaire Lactalis, c’est le scandale de trop.
« Tout le monde doit respecter la loi. Les législations tant européennes que françaises font peser de nombreuses d’obligations sur tous les acteurs de la chaîne alimentaire. Producteur, distributeurs, laboratoire et bien sûr autorités publiques ne pouvaient les ignorer. Et pourtant, ils ont fait preuve de négligence, comme en témoignent les douze infractions relevées par foodwatch. Il faut qu’ils rendent des comptes et que cela ne puisse plus arriver ! », précise Karine Jacquemart, directrice de foodwatch.
Les infractions vont de la mise sur le marché d’un produit préjudiciable à la santé à l’inexécution d’une procédure de retrait ou de rappel d’un produit, en passant par la mise en danger d’autrui, l’atteinte involontaire à l’intégrité de la personne, ou encore l’exportation vers un pays tiers à l’Union européenne d’une denrée alimentaire préjudiciable à la santé.
Les dysfonctionnements et défaillances concernent tout le système et tous les acteurs.
Le président de l’association des familles de victimes du lait contaminé aux salmonelles (AFVLCS), Quentin Guillemain, appelle, comme foodwatch à la totale transparence. Son association déposera ce jeudi 15 février, 30 plaintes supplémentaires contre Lactalis et des enseignes de la grande distribution : « Nous voulons que justice soit faite. Trop de questions restent sans réponse ».
Des sanctions peu dissuasives
Pour foodwatch, cette affaire est d’autant plus scandaleuse qu’elle était évitable. « Les acteurs de cette affaire se sont montrés irresponsables en ne prenant pas leurs obligations plus au sérieux. Rien d’étonnant à cela puisque nous constatons scandale après scandale – viande cheval, œufs au fipronil, etc. -, que ces différents protagonistes semblent échapper à toute sanction. C’est l’un des nœuds du problème : les sanctions devraient être dissuasives et exemplaires », insiste Ingrid Kragl, directrice de l’information de foodwatch.
Opacité et impunité : ça suffit !
La plainte de foodwatch pointe du doigt les manquements et les incohérences des uns et des autres. Ainsi, lorsque Lactalis prétend qu’elle n’était pas obligée de faire remonter les informations concernant la présence de salmonelle dans l’usine car elle était « seulement dans l’environnement » et pas dans les produits, foodwatch rétorque que c’est faux. La ligne de défense de Lactalis pour justifier son inaction ne tient pas du tout. Au regard de la loi, Lactalis et le laboratoire avaient bel et bien une obligation de signalement, dès lors qu’ils ont eu connaissance d’éléments permettant de suspecter un danger sanitaire.
foodwatch appelle non seulement à la fin de l’opacité et de l’impunité mais émet également des recommandations politiques très claires pour éviter qu’un tel scandale ne se reproduise : transparence, sanctions, création d’une agence indépendante…
Foodwatch est une ONG européenne de défense des consommateurs à but non lucratif qui milite pour plus de transparence et l’accès à une alimentation saine pour tous. Fondée en 2002, au lendemain du scandale de la vache folle, foodwatch est présente en France, en Allemagne et aux Pays-Bas.
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