La municipalité de Strasbourg et le président de l’université condamnent l’agression de six étudiants par des militants d’extrême droite, mercredi soir sur le campus universitaire. Partis de gauche, associations et habitants exigent la fermeture de leur local, « l’Arcadia », ouvert en décembre.
« Il faut casser ce mouvement avant qu’il ne gangrène la ville.» Eric Schultz, l’adjoint au maire de Strasbourg chargé des populations, a réagi vigoureusement dès jeudi matin à l’agression dont ont été victimes deux étudiantes, trois étudiants et un lycéen, au cours de la soirée de mercredi, sur le campus universitaire. Alors qu’ils tentaient de décoller des affiches des identitaires du « Bastion social, » appelant à la « préférence nationale », ils ont été agressés par un groupe d’une douzaine de militants d’extrême droite.
« Certains étaient cagoulés, » mais trois d’entre eux avaient le visage découvert, » explique l’un des étudiants victime de cette agression, « nous les avons reconnus, on peut voir leur photo sur Facebook. » Coups de pieds, coups de poings, coups de parapluie, l’un des militant d’extrême-droite était muni d’une barre de fer. Très vite l’alerte est donnée par d’autres étudiants, ceux qui sont agressés parviennent à s’échapper. « Si on était restés 30 secondes de plus, » témoigne l’un des lycéens, « on aurait eu beaucoup de dégâts. » Police et pompiers sont intervenus rapidement sur les lieux. Au final, trois étudiants blessés, et encore sous le choc jeudi matin. « Nous allons porter plainte, » ont-ils annoncé.
Pignon sur rue
Cette agression qui fait suite à plusieurs autres intervenues au cours des derniers mois, relance la polémique autour de l’ouverture le 9 décembre dernier à Strasbourg, d’un local d’extrême-droite baptisé « l’Arcadia. » Cette ouverture, dénoncée aussi bien par les partis de gauche, par les associations de défense des droits de l’homme, que par des syndicats et par la municipalité, avait donné lieu à plusieurs manifestations de protestation. Sans succès : le local a ouvert ses portes le 9 décembre dans le quartier de l’Esplanade. Plusieurs autres locaux du même mouvement ont éclos au cours des derniers mois à Chambéry, Aix-en-Provence, Marseille et Lyon, confirmant la stratégie d’implantation sur tout le territoire français du mouvement néofasciste. « Il est difficile de contrer cette implantation, » explique Eric Schultz, « car tout est fait dans les règles, avec un bail en bonne et due forme. La seule raison de demander sa fermeture, selon le préfet, serait qu’il accueille plus de 19 personnes, le nombre légal d’occupants autorisé. »
Lire : Strasbourg: pourquoi l’Arcadia « doit fermer »
Le président de l’Université de Strasbourg, Michel Deneken, a exprimé « toute sa solidarité » avec les étudiants et lycéens qui ont subi les violences, qu’il condamne « d’autant plus fermement qu’elles ont été commises sur l’espace universitaire qui doit rester un lieu de liberté, de rencontre, et d’échange, » explique-t-il dans un communiqué.
Syndicats, associations, partis de gauche et habitants du quartier, réunis au sein du collectif « Fermons l’Arcadia, local fasciste à Strasbourg, » promettent de se mobiliser pour interpeller les pouvoirs publics jusqu’à la fermeture du local du « Bastion social. »
« Ce qui s’est passé mercredi soir, » assure Eric Schultz, « on ne le prend pas à la légère. » Il ajoute : « l’ « Arcadia » n’est pas un local associatif banal, c’est une base arrière qui sert à des actions violentes (… ) l’extrême-droite se sent pousser des ailes. » Il assure que la ville de Strasbourg continuera à interpeller l’Etat pour que le local d’extrême droite soit fermé. « Il est temps d’en finir avec la peste brune, » affirment de leur côté les étudiants communistes de Strasbourg ( UEC.)
Jeudi soir, un groupe d’étudiants et de lycéens partis du lycée Marie Curie, est allé manifester dans le quartier de l’Esplanade où est implanté « l’Arcadia. »
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