- Par Mérôme Jardin
Candidat, Emmanuel Macron estimait que la Manif pour tous avait été « humiliée » par l’ouverture du mariage et l’égalité des droits.
Président, il recycle l’homophobie, la valide, la banalise en s’entourant d’un soutien de la Manif pour tous, qu’il n’abandonnera pas même quand celui-ci aura avoué avoir usé de positions de force pour obtenir des faveurs sexuels et quand plusieurs témoignages évoqueront des agressions sexuelles. Il valide la présence d’homophobes, de transphobes, de lesbophobes à l’Assemblée nationale ou dans son gouvernement : Edouard Philippe, Gérard Collomb.
Président, il rechigne à condamner des séries d’agressions homophobes :
Président, il ne fait rien pour les homos de Tchétchénie, cautionne une énième loi raciste qui, loin des effets de manche de la majorité, va compliquer les demandes d’asile des personnes LGBT.
Président, il fait baisser les budgets de la lutte contre le sexisme et l’homophobie, s’affiche aux côtés du harceleur homophobe Cyril Hanouna.
Président, il fait de l’égalité des droits face à la PMA un enjeu « éthique » et de longs débats où la parole de celles et ceux qui veulent la disparition de l’espace publique, par tous les moyens, est cautionnée. Ces débats entrainent une hausse des agressions, celles-là même qu’il rechigne à condamner – a-t-il compris qu’en cautionnant les discours refusant aux lesbiennes les mêmes droits, il encourage les actes de violence ?
Ce soir, il ne lui suffit plus de mettre en équivalence les lesbiennes, les gays, les bi ou les trans avec ceux et celles qui veulent leur disparition. Le président de la République envoie à la Conférence des évêques de France les messages suivants :
« Sur la bioéthique, on nous reproche de connaitre par avance les résultats de débats organisés. Or nous sommes face à des débats intimes et profonds.«
Or, pour s’en tenir à la PMA, l’égalité n’a rien d’intime ni de profond. L’égalité est politique et simple.
« J’entends la voix de l’Église. J’entends la place essentielle donnée à la famille dans nos sociétés. Certains principes énoncés par l’Église se confrontent à une réalité complexe et contradictoire. »
Il réduit donc les familles homoparentales (mais aussi le contrôle que les femmes peuvent avoir de leur corps avec la contraception ou l’IVG) à de la complexité ou de la contradiction envers la doctrine de l’Église – comme si celle-ci devait prévaloir dans une République laïque. L’égalité devient donc « complexe » et « contradictoire », façon polie d’expliquer que ces pédés, ces gouines ou ces trav font vraiment chier.
Il enchaine : « Chaque jour l’Église accompagne des familles monoparentales, homosexuelles ou ayant recours à l’avortement en essayant de concilier ses principes et le réel. »
Effacés les « thérapies de conversion » cautionnée par la hiérarchie catholique, le combat incessant contre l’IVG, la contraception, la mise au ban des familles homoparentales, la croisade contre la capote et les contaminations conséquentes, le combat contre l’éducation sexuelle et les stéréotypes de genre à l’école : pour le président, l’Eglie n’est qu’amour. Et il n’est même pas capable d’utiliser les bons termes. Mais pourquoi s’embêter à se former pour nous, qui valons si peu à ses yeux ?
Ce discours se tient dans un contexte de disparition des libertés, où la séparation des pouvoirs n’existe plus et les député-es font, sans sourciller, ce que les ministres leur disent, où tous les contrepouvoirs sont neutralisés, où on empêche la presse de filmer l’expulsion de la ZAD et on leur sert des images officielles, où on réprime toute contestation, où on détruit les droits sociaux, l’accès aux études, ce qui restait d’égalité scolaire, où le président et sa ministre humilient en public un personnel hospitalier au bord du gouffre, où le racisme d’Etat le plus crasse détruit de plus en plus de vie. D’ailleurs, quand il s’agit des migrantEs, Macron ne se fait plus complaisant avec le discours du pape et tente de l’instrumentaliser au service de sa prochaine loi raciste. Sa lâcheté face à la hiérarchie catholique s’accomode très bien de l’homophobie, mais ne fait pas ébranler le racisme de sa politique :
Ce que Macron fait avec ces messages aux évêques, c’est nier la réalité de nos vies, des oppressions que nous subissons et pour lesquelles la hiérarchie catholique porte une lourde responsabilité. Ce qu’il nous dit, à nous pédés, gouines, trans, c’est que nous ne valons même pas une messe, c’est que nos souffrances ne comptent pour rien, et qu’il achètera la paix de la hiérarchie catholique en nous marchant dessus.
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