Nanterre : « En plus de la violence réelle, une violence symbolique extrêmement forte »

Entretien réalisé par Julia Hamlaoui

La députée communiste Elsa Faucillon va demander au Premier ministre, à l'Assemblée ce mardi, s’il entend régler tous les problèmes qui se posent à lui à coup de CRS. Photo : Christophe Archambault/AFP

La députée communiste Elsa Faucillon va demander au Premier ministre, à l’Assemblée ce mardi, s’il entend régler tous les problèmes qui se posent à lui à coup de CRS. Photo : Christophe Archambault/AFP

Après l’évacuation de l’université Paris-X lundi et la garde-à-vue de six étudiants, la députée communiste Elsa Faucillon s’est rendue au commissariat de Nanterre et s’apprête à interpeller le gouvernement dans l’hémicycle.

Vous vous êtes rendue, comme députée des Hauts-de-Seine, au commissariat de Nanterre après l’évacuation de l’université et l’arrestation de six étudiants lundi. Comment réagissez-vous à ces événements ?

Elsa Faucillon Je suis allée au commissariat pour m’assurer d’abord que les étudiants étaient bien là, que leurs droits étaient respectés en garde à vue et avec l’espoir d’une libération rapide. Le commissaire que j’ai rencontré m’a vite informée qu’ils passeraient de toute façon la nuit en garde à vue et il vient de me préciser ce mardi qu’ils y étaient toujours. Nous craignons donc des suites. Il ne faut pas oublier que les forces de police ont agi sur ordre de l’université. Son président commémore en grande pompe mai 68 d’un côté et de l’autre dégaine la matraque. Il continue aussi de faire circuler le bruit qu’aucun de ces jeunes n’est étudiant à Nanterre, alors que j’ai eu la confirmation hier par le commissaire qu’au moins trois d’entre eux l’étaient bel et bien. Cette intervention revêt un caractère inédit : en plus de la violence réelle, elle est une violence symbolique extrêmement forte. Le fait que les CRS interviennent dans un lieu d’émancipation où se tient un moment démocratique, d’organisation de l’esprit critique, appelle une vive réaction à  dire notre refus que la violence s’installe partout, en particulier à l’université.

Vous allez poser une question à ce sujet ce mardi à l’Assemblée, quel est votre message ?

Elsa Faucillon Nous comptons demander au premier ministre s’il entend régler tous les problèmes qui se posent à lui à coup de CRS. Cette intervention fait suite à d’autres événements dans des universités, mais aussi à l’expulsion brutale à Notre-Dame-des-Landes. Nous exigerons aussi, bien sûr, des mesures pour que cessent les violences à l’université. Les groupuscules fascistes, qui eux ont été extrêmement violents, ne sont pas poursuivis. Enfin, nous demanderons que les six jeunes soient libérés et ne soient pas poursuivis.

Le premier ministre argue du fait que le mouvement étudiant serait minoritaire…

Elsa Faucillon Une offensive est en cours pour minimiser le mouvement social, le décrédibiliser, le délégitimer.  Quand on voit le nombre de sites mobilisés, la grève des professeurs, l’argument selon lequel il s’agirait de quelques étudiants déchaînés ne tient pas. D’autant que cette mobilisation s’inscrit dans un mouvement social qui prend de l’ampleur dans plusieurs secteurs. Les cheminots, les personnel de santé, les retraités, les fonctionnaires, des salariés du privé et des étudiants refusent tous un modèle déjà suffisamment violent parce qu’il abime leur vie et leur espoir. On se rend compte aujourd’hui à quel point les espaces de dialogue, de conflictualité positive, de construction démocratique sont rendus de moins en moins nombreux. Le gouvernement a la responsabilité de les ouvrir. Dans le cas des cheminots, par exemple, on en est à X réunions de concertation sans que celles-ci n’aient rien pris en compte des demandes des syndicats ni que le gouvernement n’ait mis quoi que ce soit sur la table. Il n’y pas d’espace de négociation. Le gouvernement ne peut se contenter de répondre que c’était dans son programme, d’abord parce que tout n’était pas énoncé, mais surtout parce qu’il est garant de la démocratie.

En ce qui concerne Parcoursup, la prochaine rentrée approche. Est-il toujours possible d’en changer les modalités ?

Elsa Faucillon C’est justement urgent parce qu’il y a la rentrée. Les étudiants qui se mobilisent aujourd’hui le font pour préparer une rentrée qui se passe bien et qui permette à toutes et tous de trouver une place de choix à l’université. Evidemment cela repose aussi sur le fait qu’on mette les moyens à la hauteur des besoins à l’université. Parcoursup et la loi Ore (« Orientation et réussite des étudiants », NDLR) sont un aveu d’échec, une façon par la sélection de ne pas mettre les moyens nécessaires dans l’université.

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Julia Hamlaoui


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