« Nous occupons Sciences Po parce que Macron en est sorti, et que nous ne voulons pas finir comme lui »

Les étudiant.e.s de Sciences Po Paris
Photo: Bertrand Guay/AFP

Photo: Bertrand Guay/AFP

Les étudiant.e.s de Sciences Po Paris réuni.e.s en AG ce 17 avril ont pris collectivement la décision d’occuper pacifiquement le bâtiment principal de l’école de manière reconductible.

Cette décision vaut jusqu’au retrait de la loi ORE et de toutes les lois antisociales et racistes portées par ce gouvernement (loi asile et immigration, casse de la fonction publique…), et pour lesquelles le terrain est préparé depuis de nombreuses législatures maintenant. Face à cette vaste entreprise néolibérale et raciste menée sur tous les fronts par Macron, nous considérons comme essentiel de nous mobiliser de manière concrète, en bloquant les lieux de production de richesses et de savoir.  En tant qu’étudiant.e.s à Sciences Po, certaine.s diront que nous n’avons pas notre mot à dire dans le mouvement social étudiant actuel contre la sélection, puisque notre école est par essence sélective : nous estimons que notre école sert de laboratoire aux politiques d’éducation néolibérales et racistes telles que celles orchestrées aujourd’hui par le gouvernement. Par conséquent, nous avons décidé d’occuper Sciences Po aujourd’hui, en soutien aux étudiant.e.s et lycéen.e.s en lutte, et parce que nous estimons que notre école sert de laboratoire aux politiques d’éducation néolibérales et racistes telles que celles orchestrées aujourd’hui par le gouvernement.  Malgré les mesures mises en place en faveur de plus de diversité, Sciences Po nous laisse un aperçu de ce à quoi ressemblera l’enseignement supérieur si nous laissons faire Macron. L’accès à l’école reste fortement inégalitaire, une sélection sociale qui se renforce au cours de la scolarité du fait de la pression scolaire et mentale subie. A cela s’ajoutent de fortes violences sexistes, racistes et de classe reproduites tant par l’institution que par le corps enseignant et étudiant et contre lesquelles rien n’est fait.

De plus, occuper Sciences Po est fortement symbolique : en tant que fac où a étudié Emmanuel Macron et de nombreux membres de sa majorité parlementaire, celle-ci se fait le relais académique et symbolique de l’idéologie néolibérale et raciste dominante, qui transparaît tant dans la gestion de l’école que dans les contenus des enseignements.

De nombreuses multinationales subventionnent notre école pour que soient vantées dans nos cours leurs pratiques d’exploitation des travailleur.euse.s, d’appropriation des ressources naturelles dans les pays du Sud Global, de violations des droits humains et de destruction de la planète. Cours d’économie néolibérale obligatoire en première année, cours néocoloniaux sur entrepreneuriat en Afrique, sur le droit du pétrole en master Énergie, sur la meilleure manière de licencier des salarié.e.s en master Ressources Humaines…

Notre école est pleine de ces modules visant à former les hauts fonctionnaires zélés du régime libéral et autoritaire et les délinquants à col blanc qui ne cessent de renforcer leurs positions.  Pour ces raisons, nous appelons tou.te.s les étudiant.e.s révolté.e.s par la politique de Macron, de Mion et de leurs allié.e.s à nous rejoindre pour faire de Sciences Po un lieu ouvert à tou.te.s, étudiant.e.s, chômeur.se.s, précaires, salarié.e.s, exilé.e.s, avec ou sans papiers, en vue de briser ce temple de l’enseignement injuste, inégalitaire et élitiste que l’on essaie de nous imposer.

Nous, étudiant.e.s de Sciences Po réuni.e.s en AG:

 – tenons avant tout à préciser que les appariteur.se.s et personnels de sécurité ne sont pour rien dans notre mobilisation, et qu’aucune sanction ne sera tolérée contre elles et eux.

– demandons la non-comptabilisation des absences les jours de manifestation, afin de permettre à chacun.e.s de pouvoir y participer et de se mobiliser pour ses droits.

actons le fait que le pouvoir est entre les mains d’une élite, et que les tractations de couloir sont malheureusement très efficaces pour faire advenir le changement. Aussi, nous demandons à Frédéric Mion, directeur de l’IEP, de faire marcher ses réseaux pour obtenir le retrait de tous les projets de loi que nous condamnons. Si des ordonnances permettent de les appliquer, deux ou trois coups de téléphone seront bien en mesure de les abroger.

– Nous invitons les enseignant.e.s à réfléchir et discuter avec nous afin de construire une pédagogie nouvelle et de décloisonner les savoirs. Les enseignants vacataires, précarisés par les mêmes logiques qui conduisent aujourd’hui à la sélection, réclament que leurs cours soient payés quand bien même ils ne seraient pas assurés du fait de l’occupation.

 Aujourd’hui, nous occupons Sciences Po pour bloquer la production de ce savoir dominant qui forme les fondations du monde actuel qui sont classistes, racistes, sexistes. 

Nous occupons Sciences Po pour bloquer la reproduction des élites libérales, celles qui aujourd’hui sélectionnent aux frontières et à l’université, privatisent le pays et précarisent les plus exposé-e-s. 

Nous occupons Sciences Po car nous ne voulons plus écouter la litanie de vos théories dominantes, qui ne laissent aucun espace aux savoirs critiques et passent au rouleau compresseur la possibilité d’inventer un autre savoir pour un autre monde.

Nous occupons Sciences Po contre leurs contrôles et leurs caméras, et avec notre désir de faire de notre école un lieu de rencontre et d’émancipation ; contre leur néo-management, nous affirmons l’entraide, la solidarité, l’autogestion et la lutte concrète et efficace contre toutes les formes d’oppression. 

Nous occupons Sciences Po en soutien à tou-te-s les exilé-e-s et notamment celles et ceux qui occupent le bâtiment A de Paris 8 et leur demande de régularisation collective. 

Nous occupons Sciences Po parce que Macron en est sorti, et que nous ne voulons pas finir comme lui.

Moissac: Une semaine et un spectacle pour sensibiliser le public

Société – Violences intrafamiliales

Christophe Champain, Eric Sanjou, Céline Pique et Philippe Gelda, pour l'Arène Théâtre./ Photo DDM.

Christophe Champain, Eric Sanjou, Céline Pique et Philippe Gelda, pour l’Arène Théâtre./ Photo DDM.

Moissac aura bien eu sa semaine de sensibilisation sur les violences intrafamiliales et plus particulièrement sur les violences faites aux femmes. Sous la coordination conjointe de la municipalité de Moissac et du CLSPD (Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance), les forces vives et associatives locales ont bâti un programme équilibré et pédagogique avec expositions, ateliers, projections, débats et parcours citoyens organisés à partir du 6 avril, et en point d’orgue une journée du samedi 14 avril avec une performance «graff en live» par l’association Art’Citoyen (la fresque est visible au centre culturel Henri-Ena), et à un grand spectacle en soirée au Hall de Paris.

Maryse Baulu pour la municipalité et Sylvie Dupleix-Reynes la coordinatrice locale du dispositif CLSPD ont pu remercier devant un Hall de Paris copieusement garni les parties prenantes à cette importante semaine (l’État par l’intermédiaire du Fonds ministériel de prévention de la délinquance, le conseil départemental, le centre hospitalier intercommunal, la DDDFE, le CIDFF, le planning familial, la Ligue de l’enseignement, Moissac animation jeunes (MAJ), les associations Faire Face, Art’Citoyen, Espace et vie, La Bobine…).

Le spectacle proposé a été à la hauteur des enjeux. Distrayant, mais engagé. Avec pour débuter la soirée les «Mélodies d’elles» par la Compagnie Arène Théâtre, des textes bien sentis sur mélodies de cabaret, avec tout l’art de l’Arène théâtre pour le sucré-salé. On sourit, mais le plus souvent jaune, face à cette évocation sourde de cette violence le plus souvent intra-muros.

Les élèves de l’ALAE de l’école de Mathaly ont proposé ensuite un beau spectacle pétri d’émotion et d’espoir chorégraphié par leur animateur Mohammed Aadim, suivi d’un spectacle hip-hop ébouriffant et questionneur qui avait été monté en 2014 par des jeunes Moissagais avec les intervenants de l’association MAJ, et notamment Kamel Fallouk dont on a pu apprécier le grand talent chorégraphique.

Un «Drôle de Monde» qui a gardé toute son acuité quatre ans plus tard, malheureusement pourrait-on dire, tant les violences faites aux femmes nourrissent trop souvent encore la rubrique des faits divers.